Le carnaval de Guyane : fête, culture et tradition

Le carnaval de Guyane : fête, culture et tradition - Culture

Le carnaval de Guyane est l’un des plus longs du monde, s’étalant sur presque deux mois (janvier-février). Si cet événement paraît seulement festif, il est, pourtant, bien plus puissant.

Aux origines, le carnaval de Guyane est inspiré d’Europe et n’est réservé qu’aux colons. Mais les esclaves aussi souhaitent entamer des festivités. Des fêtes clandestines sont alors organisées pour célébrer leurs traditions africaines. Au fil des décennies, le carnaval guyanais est devenu celui d’aujourd’hui, reflétant la multiculturalité du territoire.

Les esclaves tournent également en dérision ces colons, se couvrant de mélasse ou de farine. En effet, lorsque l’esclavage est aboli en Guyane au XIXe siècle, le territoire compte 13 000 esclaves sur les 19 000 habitants. Ces esclaves libres vont marquer un tournant dans la pratique du carnaval, lui donnant une nouvelle histoire, chargée de leurs origines africaines.

Un carnaval comme cours d’histoire

Durant toute la durée du carnaval, les Guyanais se soumettent à l’autorité du roi Vaval, le porte-parole de la mémoire de l’esclavage et du bagne. Et pour honorer la dignité du peuple, ce dernier est autorisé à envahir les rues du Péyi. La fête débute par la remise des clés de la ville au roi Vaval.

Bien sûr, les carnavaliers se déguisent, portent des masques et se maquillent. Les excentricités sont au rendez-vous. Après ces jours gras de musique, de danse, de chant et d’ambiance, le roi Vaval est brûlé sur la place publique, lors du jour des Cendres. C’est lui qui assume les difficultés de l’année passée et emporte en fumée tous les excès du carnaval, jusqu’à l’année suivante.

Des tenues qui témoignent

Lors du carnaval, plusieurs personnages et costumes entrent en jeu. Pour commencer, le roi Vaval est un mannequin dont l’habillage change chaque année. Ensuite, il y a le Bobi. C’est un ours dont le costume est réalisé en toile de jute. Lorsqu’il défile dans les rues, il est mené par un dompteur. La tradition veut qu’il exécute les ordres de ce dernier et du public, sinon, il est fouetté. Cela serait bien moins drôle si Bobi obéissait à la lettre… Alors, il fait tout le contraire de ce qu’on lui demande.

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Parmi les carnavaliers déguisés, il y a aussi les Djab Rouj (diables rouges). Ils sont habillés en rouge et noir. Ils y défient le Malin à la tête disproportionnée. Le Nèg’marron (noir marron) est un personnage phare de la Guyane. Il représente les esclaves fugitifs, aussi appelés « marrons ». La tenue est simple : un pagne rouge (le Kalimbé), un bandeau rouge sur la tête, une graine de palmier awara dans la bouche, et son corps est enduit d’huile de suie. Lors des défilés dans les rues, les carnavaliers assurent le service d’ordre des rues. Ils peuvent alors huiler tous ceux qui se trouvent sur leur passage.

Lanmo (la mort) symbolise logiquement la mort. Le carnaval accompagne la sortie de l’hiver, et donc le retour à la vie. C’est pour cela qu’il y a toujours un personnage qui représente la mort. Il porte un costume tout blanc rappelant un linceul, ou une combinaison noire avec un squelette dessiné. Sur lui, il porte toujours une longue cape blanche lui permettant d’envelopper ceux qui ont le courage de défier la mort.

Le Touloulou, emblème du carnaval guyanais

Le Touloulou est un personnage important. Il apparaît dès le XIXe siècle et représente les femmes qui faisaient le « tour de loup », c’est-à-dire le tour de la salle de bal pour choisir un cavalier. Ce terme serait devenu le « Touloulou ».

Ce personnage est issu de la culture créole guyanaise. Au moment de l’esclavage, c’est une caricature de la bourgeoisie, qui se pavanait dans les rues dans ses plus beaux habits du dimanche, quel que soit le jour de la semaine. Aussi, ce déguisement n’est pas juste réservé aux femmes. En effet, il permet de briser la barrière sociale et culturelle, garantissant l’anonymat, grâce aux tissus amples, au masque et aux gants.

Au XXe siècle, le Touloulou perd cette dimension caricaturale pour devenir exclusivement féminin et mystérieux. À la fin des années 1980, un terme voit le jour : le Tololo. Les métropolitains travaillant en Guyane l’inventent. Les rôles sont inversés : c’est l’homme qui possède l’anonymat et qui parade pour choisir sa cavalière. Ainsi, le bal des Tololos a lieu le vendredi soir et celui des Touloulous, le samedi.

Aujourd’hui, le carnaval de Guyane pourrait possiblement entrer au patrimoine immatériel de l’Unesco. S’agissant de l’édition 2023, celle-ci commencera le dimanche 7 janvier. Les festivités dureront jusqu’au 22 février. 

 

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