Pourquoi des statues et des arbres sont habillés à Bali ?

Pourquoi des statues et des arbres sont habillés à Bali ?

L’île de Bali est bien connue des touristes pour ses plages et ses paysages magnifiques, mais un peu moins pour ses rites traditionnels qui, pourtant, sont tout aussi intéressants. L’une des traditions qui peut d’ailleurs le plus intriguer les visiteurs est celle de recouvrir les arbres et les statues de l’île de jupes et de tissus colorés. Mais pourquoi ? Que signifie cette pratique des habitants de l’île ?

La coutume d’habiller des arbres et des statues est une pratique religieuse traditionnelle qui trouve ses racines dans le culte des ancêtres. Bien que principalement pratiquée par les hindouistes balinais, cette tradition est également respectée par certains musulmans et chrétiens de l’île, qui conservent un lien étroit avec les anciens rites, comme nous explique Jean Couteau, intellectuel et journaliste français qui vit à Bali depuis 50 ans et qui est le co-auteur du livre Bali, 50 ans de changements.

« mais aussi sûrement par certains musulmans et chrétiens ayant gardé un lien étroit avec les rites anciens. »

Mais concrètement, pourquoi habiller des statues ? 

Dans la culture balinaise, de nombreux objets ont une âme et peuvent être habités par des esprits, des « duwe ». Lorsqu’un objet est considéré comme possédé, les habitants déposent des offrandes, appelées « banten », et le drapent d’un tissu. Ce geste symbolique vise à maintenir l’équilibre des éléments et à protéger la communauté.

Le tissu utilisé est différent en fonction de la divinité qui est honorée ; on retrouve alors du jaune pour le dieu Mahadewa et du blanc pour le dieu Iswara. Ces deux dieux seraient des manifestations du dieu hindou suprême, Sanghyang Widhi.

Les tissus à carreaux noirs et blancs, connus sous le nom de « saput poleng », sont également courants. Ce motif représente la philosophie du Rwa Bhineda, qui exprime à la fois la dualité et l’union des contraires. Les tissus peuvent être accompagnés d’accessoires comme des œillets d’Inde ou des ombrelles, dont les couleurs renvoient elles aussi à des divinités spécifiques.

statues

Même si on comprend mieux le rite après ces explications, une question peut néanmoins subsister. Pourquoi spécifiquement les arbres et les statues ?

Sur l’île de Bali, certaines statues, notamment celles qui gardent les temples, sont considérées comme sacrées. Les temples, omniprésents à Bali, font régulièrement l’objet de cérémonies destinées à « appeler » ces statues à la vie. Ces lieux de culte sont si nombreux qu’on en croise presque à chaque coin de rue en ville.

« Les Balinais organisent régulièrement des cérémonies pour appeler ces statues à la vie. »

Jean Couteau

En ce qui concerne les arbres, ils sont vus comme des êtres vivants abritant des forces spirituelles.

« Lorsqu’on coupe un arbre, on doit le remplacer en plantant un autre sur le même espace que le précédent. »

Certaines espèces d’arbres, comme le Banian, occupent une place particulière dans la culture balinaise. Le Banian, avec ses racines tombantes, est considéré comme « l’arbre de l’immortalité et de la fertilité. » Ses feuilles sont utilisées lors des cérémonies post crématoires pour fabriquer des poupées accueillant les âmes des défunts.

Le Pule est un autre type d’arbre sacré qui est utilisé pour confectionner les masques des Barongs, « des créatures protectrices des villages. » Les créatures à tête de lion font d’ailleurs partie des fameuses représentations de danse Barong, danse qui symbolise la lutte entre le bien et le mal.

« L’hindouisme tel qu’il est pratiqué en Inde est de plus en plus présent sur l’île et le culte des ancêtres, lui, tend malheureusement à disparaître. »

Bien que ces rites soient nombreux en Indonésie et en particulier à Bali et à Javah, ils tendent quand même progressivement à s’effacer, déplore l’auteur. Mais l’intérêt et le respect des touristes peuvent aider ces rites et traditions à perdurer dans le temps. 

Sources :

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