Parmi les grands du mouvement surréaliste, Max Ernst, artiste d’origine allemande, se démarque par une pratique expérimentale. Il explore la peinture avec de nouvelles techniques : collage, frottage, assemblage…
Max Ernst, jeunesse expressionniste
Max Ernst nait le 2 avril 1891 à Brühl au sein de l’Empire allemand. Il est le fils du peintre Philipp Ernst. D’abord étudiant en philosophie et psychologie à Bonn, il rencontre ensuite August Macke, membre du groupe expressionniste Der blaue Reiter (Le Cavalier Bleu). Max rejoint ce groupe et expose ses peintures à Berlin en 1913. Après avoir rencontré Apollinaire et Delaunay, il part s’installer à Paris. Mais il est appelé au front. La guerre a un impact terrible sur lui. Dans ses mémoires, il écrit :
« Le premier Août 1914 M[ax].E[rnst]. est mort. Il a été ressuscité le 11 Novembre 1918. »
Il retourne à la vie civile en 1918. Il épouse Luise Straus, historienne de l’art. Le couple a un fils en 1920, Jimmy. Max Ernst rencontre Paul Klee, et élabore ses premiers collages. C’est le début de l’expérimentation et de sa collaboration au mouvement dada. Après plusieurs expositions polémiques et l’organisation de la première internationale dadaïste, Ernst retourne en France. Il laisse derrière lui son fils et sa femme (avec qui il avait une relation tumultueuse) et s’installe chez Paul Eluard et sa femme Gala en 1922. Chez qui Max travaille en parallèle de sa carrière d’artiste. En 1924, ils partent tous les trois en voyage en Asie du Sud-Est.
La France et les surréalistes
En 1925, Max élabore des œuvres avec une nouvelle technique, celle du frottage. Vous avez sûrement déjà fait ça : il s’agit de frotter un crayon sur une feuille posée sur une surface texturée.
En 1926, il travaille avec le peintre Joan Miró pour façonner les décors des spectacles de Diaghilev, avec une nouvelle technique, le grattage, par laquelle on dépose le pigment directement sur la toile.
Quelques années plus tard, Ernst revient aux collages. Il réalise plusieurs romans-collages : La Femme 100 têtes en 1929, Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel en 1930, une parodie de la vie de la bonne sœur Thérèse de Lisieux, ou encore Une semaine de bonté en 1934.
La Seconde Guerre mondiale et les Etats-Unis
A partir de 1934, Max Ernst se lance dans la sculpture, avec l’aide d’Alberto Giacometti. En 1938, il se lie avec les Etats-Unis, lorsque la collectionneuse Peggy Guggenheim lui achète plusieurs de ses œuvres. Mais il s’éloigne aussi des surréalistes.
Puis, vient la Seconde Guerre mondiale. Max Ernst est aussitôt arrêté et envoyé en internement en Provence, alternant les résidences en Ardèche. Il rejoint les Etats-Unis avec Peggy Guggenheim en 1941, qu’il épouse. Installé à New York, il rejoint les artistes sur place, Duchamp et Breton. Il expérimente le dripping, la technique de Jackson Pollock qui consiste à laisser couler de la peinture sur une toile à plat. Son mariage avec Guggenheim ne dure pas et en 1946 il épouse la peintre Dorothea Tanning.
Ernst quitte New York pour l’Arizona et se remet à la sculpture. Il obtient la naturalisation américaine en 1948 et écrit Beyond Painting (Au-delà de la peinture), un livre qui lui permettra de se maintenir financièrement et de revenir en Europe.
Fin de vie et héritage
Max Ernst s’installe plus définitivement en France à partir de 1952. Il reçoit le Grand Prix de la Biennale de Venise en 1954. A partir de 1955, il habite une maison près de Chinon (Touraine), transformée depuis en musée. Il retourne à Paris en 1975 après avoir été victime d’un AVC, mais meurt le 1er avril 1976, un jour avant ses 85 ans. Max Ernst est aujourd’hui enterré au columbarium du Père Lachaise. Son fils Jimmy Ernst meurt en 1984 à New York, et a laissé derrière lui un mémoire posthume : A Not So Still Life. Un musée est dédié à l’œuvre de Max Ernst dans sa ville natale, Brühl en Allemagne.