Les océans représentent 70 % de la surface planétaire. Et pourtant, 95 % de ces derniers restent encore inexplorés… De quoi susciter fascination et intérêt. C’est à cet appel des profondeurs que répond la pratique de la plongée sous-marine. Apnée, travaux portuaires, instrument militaire, recherches scientifiques et plus récemment loisir et compétitions sportives, la plongée sous-marine existe depuis les prémices de notre Histoire et n’a pas fini de se développer. Mais alors, comment est née cette pratique et quels sont les progrès qui lui ont permis une telle évolution ?
Aux origines de la plongée sous-marine : un tonneau en bois…
Si l’apnée était déjà pratiquée dans les cultures anciennes dès la Préhistoire afin de récolter des ressources (poissons, coraux, perles…), l’utilisation de véritables instruments de plongée sous-marine apparaît au IVe siècle av. J-C. Ainsi, les Grecs anciens créent les premiers équipements dans le but de réaliser des travaux portuaires et du commerce de ressources. C’est Alexandre le Grand qui inaugure l’ancêtre de la cloche de plongée, baptisé « Colympha ». Aristote décrit ce type d’innovation :
« … ils permettent aux plongeurs de respirer aussi bien en laissant tomber un chaudron, car celui-ci ne se remplit pas d’eau, mais retient l’air, car il est forcé vers le bas dans l’eau. »
C’est finalement en 1616 que Franz Kessler dessine la première cloche de plongée. L’équipement va se transformer au fur et à mesure des ajouts et modifications de ses contributeurs. En 1691, le britannique Edmond Halley perfectionne le modèle. Il met en place un système permettant une immersion pendant de plus longues périodes. En effet, l’atmosphère est reconstituée régulièrement grâce à des barils d’air lestés depuis la surface.
En 1789, c’est au tour de John Smeaton d’apporter son génie en appliquant une idée émise 100 ans auparavant par le physicien Denis Papin. L’ingénieur permet alors de maintenir la pression atmosphérique à l’intérieur de la cloche en injectant de l’air sous pression au moyen d’une pompe située à la surface.
Par la suite, ce sont les armures de plongée qui vont faire leur apparition et s’améliorer au fil du temps. Lethbridge, Fréminet, Siebe, Cabirol… Tous ces inventeurs vont apporter leur pierre à l’édifice. Toutefois, la contribution majeure est celle du scaphandre « à pieds lourds » de 1837 d’Auguste Siebe. Il doit son nom à son poids et à la lenteur des déplacements qu’il implique. La combinaison fonctionne alors comme une cloche sous-marine, le plongeur étant alimenté en air depuis une pompe en surface et l’air vicié évacué par les rebords de la combinaison étanche.
Cependant, à ce stade, la durée d’immersion ainsi que les profondeurs atteignables restent limitées par la dépendance à la surface. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que le monde de la plongée va amorcer un véritable tournant.
La modernisation de la plongée : Cousteau oui, mais pas seulement !
Qui dit plongée sous-marine, dit Jacques-Yves Cousteau. Si l’ingéniosité de ce dernier est indéniable, il est pourtant essentiel de mettre en lumière ceux qui l’ont inspiré. En effet, leur rôle dans l’avènement de la pratique est tout aussi déterminant que celui de l’officier.
C’est la mise au point du premier scaphandre autonome à détendeur de plongée qui révolutionne le monde de l’exploration sous-marine. Breveté en 1838 par le docteur Guillaumet, mais toujours dépendant d’un approvisionnement en surface, le détendeur de plongée ne devient véritablement autonome qu’en 1860. A cette date, l’ingénieur des mines Benoît Rouquayrol brevette un détendeur autonome afin d’effectuer des sauvetages dans les mines. Le plongeur peut enfin évoluer avec sa propre réserve en air, tout en régulant le débit selon ses besoins. L’invention est adaptée à la plongée en 1864 avec l’aide du lieutenant Auguste Denayrouze. Le premier scaphandre autonome est né ! Le succès de l’appareil Rouquayrol-Denayrouze est tel qu’il remporte la médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris de 1867. Jules Verne, en le voyant, s’en inspirera pour son capitaine Némo dans Vingt Mille Lieues sous les mers.
A ce stade, la durée d’immersion dans les profondeurs reste insuffisante. Les bouteilles de réserve d’air ont une capacité limitée… C’est au XXe siècle que ces dernières permettront davantage de stockage et que le détendeur de plongée moderne verra finalement le jour. Et ceci, à partir du modèle Rouquayrol-Denayrouze.
1943. Le commandant Cousteau souhaite depuis quelques années mettre au point un scaphandre autonome à détendeur adapté aux nouvelles bouteilles de plongée. Il rencontre alors Gagnan, ingénieur chez Air Liquid. Celui-ci vient de miniaturiser un détendeur Rouquayrol-Denayrouze qu’il utilise pour alimenter les voitures en gaz. Cousteau adapte l’invention aux bouteilles de plongée à air comprimé et, ensemble, ils multiplient les essais. C’est en 1945 que le premier scaphandre autonome à détendeur moderne voit le jour sous le nom d’Aqua-Lung, autrement dit « poumon aquatique ».
D’autres modèles, toujours plus perfectionnés, feront leur apparition. Mais c’est grâce à l’Aqua-Lung que le monde de la plongée sous-marine connaît une véritable révolution.
Collecte de ressources, travaux sous-marins, guerres, exploitations pétrolières… La plongée sous-marine était loin d’être une activité ludique à ses débuts. Mais la formidable invention Cousteau-Gagnan – fruit du travail de générations d’inventeurs – a permis de rendre sa pratique accessible à un plus grand nombre et de propulser la plongée dans l’univers du sport et du loisir ! A l’heure où les scientifiques pointent la fonction primordiale des océans dans la préservation de la biodiversité, la plongée sous-marine a très certainement un rôle à jouer dans la préservation de l’écosystème marin.
Sources:
- L’histoire sensationnelle de la plongée sous-marine – Padi.com
- Chronologie de la plongée sous-marine – Wikipédia
- Plongée sous-marine : Tout savoir (sans rien oublier) – Differentdive.com
- Histoire de la plongée sous-marine – CSPG Aquanature – Plongee-Nimes.org
- Impacts du changement climatique sur les récifs coralliens et l’environnement marin – Nations Unies
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