La place du loup et son évolution dans nos imaginaires

La place du loup et son évolution dans nos imaginaires - Cultea

Il s’agit de l’un des animaux les plus connus, mais aussi l’un des plus craints encore aujourd’hui : le loup. Appartenant à la famille des canidés, le loup a connu une évolution de son statut dans les imaginaires. Ses rôles, mais aussi ses représentations, n’ont cessé de changer au fil des siècles.

Le loup dans l’Antiquité : un symbole de courage

Dans l’Antiquité, les rapports des hommes au loup sont polyvalents. Ils dépendent de la zone géographique. Le cas le plus frappant est au sein de la République et de l’Empire romain, et cela pour plusieurs raisons. La fondation de la cité de Rome, selon la légende, dépend de deux frères : Romulus et Remus.

Ces derniers, abandonnés à la naissance, ont été recueillis par une louve qui leur sauva la vie en les nourrissant. Dans l’imaginaire des Romains de l’époque, la louve est donc celle qui a permis la fondation de Rome et de l’histoire de cette cité.

Paul Rubens, Romulus et Rémus, 1516, musée du Capitole à Rome - Cultea
Paul Rubens, Romulus et Rémus, 1516, musée du Capitole à Rome

Le loup est un animal également associé à deux mondes dans l’esprit des Romains : celui de la mort et celui de la guerre. Attitré au dieu Mars, le dieu de la guerre, avec pour nom lupus Martius, l’animal était fortement ancré dans le domaine de la guerre. Au point d’être comparé, voire substitué, au lion homérique qui, dans les poèmes latins, symbolise le courage et la bravoure.

Fenrir : le canidé nordique, facteur de chaos

Dans la mythologie nordique, nous pouvons trouver de nombreuses histoires. Voici celle de Fenrir. Enfanté par l’union du dieu de la malice Loki et de la géante Angbroda, Fenrir, qui logeait à Asgard avec les Ases, inspira la peur chez ces derniers, du fait que plus le temps avançait et plus le loup grandissait.

Cette peur était également due à l’annonce d’une prophétie, selon laquelle les enfants engendrés par le dieu de la malice causeront le crépuscule des dieux, ainsi que le chaos, le Ragnarök. On a donc essayé d’enchaîner Fenrir sous le prétexte d’un jeu, mais les chaînes, peu importe la matière et la longueur, se brisaient constamment.

Odin et les Ases ont donc décidé de demander la conception d’une chaîne spéciale aux nains de Midgard, une chaîne qui ne se brise pas malgré la force herculéenne de la bête. La chaîne Gleipnir fut alors créée.

L’enchainement de Fenrir, Dorothy Hardy, 1909 - Cultea
L’enchaînement de Fenrir, Dorothy Hardy, 1909

Fenrir se retrouva alors prisonnier de cette chaîne, condamné à rester attaché à une pierre sur l’île de Lyngvi. Ce mythe marque la méfiance qui s’immisce au sein des populations, catégorisant alors le loup comme symbole du danger.

Quand le loup est un suppôt du malin

Au cours de l’Ancien Régime, la vision que la population française a envers le loup n’a pas vraiment changé. Elle reste la même que celle du Moyen Âge.

Elle se caractérise toujours uniquement par la peur. Mais c’est au cours des années 1760 que cette dernière va s’accentuer. De nombreuses attaques contre des humains sont recensées dans l’ancienne province française du Gévaudan, l’actuelle Lozère. L’identité de l’agresseur est encore assez floue. Mais tout porte à croire qu’il s’agit d’un canidé hors du commun, un énorme loup.

Bête du Gévaudan : représentation de la bête féroce, Recueil Magné de Marolles - Cultea
Bête du Gévaudan : représentation de la bête féroce. Illustration de 1765 parue dans le Recueil Magné de Marolles

L’Ancien Régime, une période marquée par une forte croyance de la population dans le domaine de la superstition, n’épargne pas le loup. Il est considéré comme l’animal diabolique par excellence. Le pelage sombre noir, l’haleine fétide… Il possède des caractéristiques typiques du diable.

Donc, par analogie, on considérait la bête du Gévaudan, donc le loup, comme un disciple de Satan.

Et aujourd’hui ? Quelle place occupe le loup dans notre culture ?

Aujourd’hui, l’image du loup dans nos mentalités s’est nettement améliorée.

Il est à présent le sujet principal de contes pour les petits, de bandes dessinées, de chants, de dessins animés… Il peut occuper la place du protagoniste, comme celui de l’antagoniste.

Et quand il occupe le mauvais rôle dans une histoire, c’est toujours de manière assez amusante et cocasse, car il est tourné en dérision. Le but, en montrant le « méchant » qui perd de manière risible, est de donner une morale aux jeunes lecteurs.

De plus, le fait d’utiliser le loup comme antagoniste dans certaines histoires permet aux plus jeunes de se familiariser avec la peur. Une bonne manière de permettre aux enfants de combattre cette dernière.

Aujourd’hui, le loup n’est plus caractérisé comme le dangereux prédateur qu’il était auparavant, mais plutôt comme un animal symbolisant plusieurs notions positives. Celle de la camaraderie notamment, puisqu’il vit la plupart du temps en meute, mais aussi la notion de protection. Une totale opposition avec les préjugés que nos ancêtres ont eus de lui auparavant.

 

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