Le procès du loup-garou de Bedburg en Allemagne est l’un des plus célèbres et terribles de l’histoire. Il fait écho à nos propres légendes françaises sur la lycanthropie, comme celle de la bête du Gévaudan.
La capture du loup-garou
Allemagne, 1589. Dans la ville de Bedburg, près de Cologne, les habitants ont capturé un loup-garou. Et il a tué une quinzaine de personnes. Le nom du loup-garou de Bedburg est Peter Stumbb, 50 ans, veuf, deux enfants… et un pacte avec le diable.
Stumbb aurait été attrapé alors qu’il allait commettre un autre crime sous sa forme de loup. Il mordit une fillette, mais se cassa les dents contre la pièce de métal qui protégeait son cou. Prenant la fuite vers la forêt, les villageois l’auraient alors poursuivi. L’un d’entre eux lui coupa la patte gauche. C’est grâce à ça qu’on put le reconnaitre sous sa forme humaine : il avait la main gauche en moins. C’est probablement de là que vient le nom « Stumbb » (qui varie parfois en Stub ou Stumpf), le mot « Stumpf » signifiant moignon en allemand.
Le procès et l’exécution de Peter Stumbb
On suppose que c’était un riche fermier de la région. Sous la torture, Stumbb a avoué avoir pactisé avec le diable à ses 12 ans. Il expliqua que ce dernier lui avait donné une ceinture en peau de loup qui lui permettait de se métamorphoser, lui donnant « l’apparence d’un loup, avide, fort de voracité et puissant, avec les yeux grands et larges, qui miroitaient comme le feu dans la nuit, une bouche grande et large, avec des dents pointues, un corps énorme, et les pattes puissantes » (on ne retrouva pas de ceinture lors de son arrestation).
Il a ensuite avoué avoir été, pendant 25 ans, « un buveur de sang insatiable », se nourrissant de chèvres, de moutons, d’hommes, de femmes et d’enfants. Parmi ses victimes : deux femmes enceintes et une quinzaine d’enfants, dont son propre fils. Il était également accusé d’inceste envers sa fille et il admit avoir eu des relations avec un succube.
Lors de son exécution le 31 octobre 1589, Stumbb subit un châtiment terrible. D’abord, le supplice de la roue, à laquelle il fut attaché pour être écorché vif. Ensuite, on brisa ses os et enfin on le décapita. Les villageois empalèrent sa tête sur une pique au centre de la ville et brûlèrent le reste de son corps. Cette exécution concerna aussi sa maîtresse et sa fille, qui furent étranglées, puis brûlées.
Aux origines de l’histoire
L’histoire du loup-garou de Bedburg parcourt toute l’Europe du XVIe siècle, jusqu’à Londres en 1590, d’où vient le principal témoin de cette affaire : un pamphlet illustré de seize pages, apparemment traduit d’un texte allemand (mais dont on n’a pas trouvé l’original). Quelques autres témoignages coïncident, mais on n’a pas trouvé de preuves du procès, comme la retranscription de son interrogatoire ou un dossier judiciaire.
Un peu de contexte
Les procès pour sorcellerie sont très communs et s’estiment au nombre de 45 000 en Allemagne moderne. Concernant la lycanthropie, le chiffre parait dérisoire, mais n’en reste pas moins impressionnant : 300 procès. Les accusations de lycanthropie concernent généralement les hommes, et celles de sorcellerie les femmes.
Ces superstitions concernent toute l’Europe, mais elles sont aussi liées aux menaces locales. Par exemple, on recense plus de cas de lycanthropie dans les régions où l’on craint les attaques de loups sauvages, près des zones boisées où il est coutume de pratiquer l’élevage. Cet animal sera d’ailleurs pourchassé parfois jusqu’à son extinction définitive, comme au XVIe siècle en Angleterre. On prêtait donc parfois les attaques de loups enragés à des tueurs en série.
Entre le XVe et le XVIIIe siècles, l’Europe voit passer ses lots de famines, de pestes, de guerres étatiques et de religion. Un contexte qui favorise l’apparition de boucs émissaires, comme le fut peut-être Peter Stumbb. En effet, les dates des crimes du loup-garou de Bedburg coïncident avec l’arrivée du protestantisme à Cologne. Apparemment protestant, Stumbb fut peut-être un réel tueur en série, mais peut-être aussi la victime d’un procès politique, lequel aurait été instrumentalisé par les autorités catholiques pour effrayer la population protestante.
Véridique ou non, l’histoire extrêmement spectaculaire de Peter Stumbb, le loup-garou de Bedburg, a été reprise dans de nombreuses œuvres, de Scooby-Doo à Doctor Who.
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