« Jurassic World : Fallen Kingdom » de Juan Antonio Bayona : une suite plus aboutie [critique]

"Jurassic World : Fallen Kingdom" de Juan Antonio Bayona : une suite plus aboutie [critique]

Après un premier opus sorti en 2015 qui a cartonné dans le monde, mais qui n’a pas forcément convaincu la presse, Juan Antonio Bayona remplace Colin Trevorrow à la réalisation de Jurassic World : Fallen Kingdom. Chris Pratt et Bryce Dallas Howard reprennent leur rôle respectif dans cette suite plus sombre que l’original.

Jurassic World : Fallen Kingdom : davantage d’enjeux pour une approche plus sombre

Comme dans la première trilogie où Steven Spielberg avait réalisé une suite plus mature que l’original, Juan Antonio Bayona décide lui aussi de délaisser le parc pyrotechnique pour aborder les dinosaures de manière plus réaliste et plus sombre. Cette fois, les dinosaures sont ramenés sur le continent pour être vendus aux plus offrants (oui ça rappelle forcément un peu Le Monde Perdu).

Bayona apporte donc une dimension plus politique à cette histoire de monstres. Ici, les monstres ne sont plus les dinosaures, mais bien les Hommes. A but militaire, pharmaceutique, personnel, les dinosaures sont vendus en pâture à la société, aux riches, aux gouvernements. Avec cet éternel discours écologique, Bayona rappelle que si l’Homme venait un jour à recréer les dinosaures, il les ferait disparaître tout aussi rapidement.

Jurassic World : Fallen Kingdom

Le cinéaste change de décor en ramenant les animaux préhistoriques sur le terrain de jeu des êtres humains. Ce qui permet de mettre en place des situations inédites comme la superbe scène ou l’Indoraptor s’avance dans la chambre de la petite fille Maisie. Une séquence presque horrifique et graphiquement passionnante. Bref, Bayona va plus loin que son prédécesseur, que ce soit dans les thématiques plus sombres, une violence accrue et des personnages mieux traités et mieux développés.

Bayona va même jusqu’à se moquer frontalement du premier Jurassic World en déclinant le célèbre plan sur les talons hauts de Bryce Dallas Howard. La romance entre Owen (Chris Pratt) et Claire (Bryce Dallas Howard) est remise au second plan, ce qui est incontestablement une force. La petite Maisie est elle aussi bien utilisée, sans être omniprésente, et réserve un retournement de situation inattendu. Loin d’être une gamine agaçante (comme ça arrive trop souvent), Bayona s’improvise en Steven Spielberg, grand roi des enfants au cinéma.

Et enfin, la relation entre Owen et Blue le vélociraptor est passionnante, attachante et mieux traitée que dans le premier opus. La dimension écologique a davantage de place et surtout de crédibilité. Une approche politique qui atteint son paroxysme lors de l’explosion de l’île, immense moment de cinéma, ressort émotionnel puissant, symbolisme d’une Terre à la dérive, mais aussi d’une passation de pouvoir au sein d’une saga éminemment culte.

Un scénario trop paresseux

Malheureusement, Colin Trevorrow reste l’auteur du script de ce Fallen Kingdom. Une histoire lambda, paresseuse, qui ressasse les éléments du passé. Ramener Jeff Goldblum, pourquoi pas, mais son talent est grandement sous-employé. Non, le vrai problème, c’est la paresse de cette histoire qui reprend de gros éléments de la première trilogie. L’île et le parc sont fermés, mais une équipe est montée pour sauver certains dinosaures de la menace volcanique qui pèse sur l’île. Bien évidemment, Owen et Claire sont de la partie.

Jurassic World : Fallen Kingdom
Ce plan est dingue !

Mais bien évidemment, ceux qui tirent les ficelles sont de grands vilains avides d’argent et de profit. Bien évidemment, il va aussi falloir composer avec le méchant militaire, le geek mal à l’aise et un tout nouveau dinosaure, plus grand, plus féroce, plus dangereux, mais surtout moins inspiré… A la manière de Star Wars – Le Réveil de la Force et sa planète de la Mort, Jurassic World joue au même petit jeu. Ainsi, après l’Indominus Rex du premier film, les scénaristes n’ont pas de meilleure idée que d’inventer l’Indoraptor.

Encore une manipulation génétique à but lucratif, encore une terrible machine à tuer qui finira dans d’affreuses souffrances, encore un outil militaire qui va déraper. La vacuité scénaristique de Jurassic World ne permettra jamais à la saga d’atteindre la précision des deux films de Steven Spielberg. On regrette ce manque d’originalité, notamment dans sa conclusion quand même bien « what the fuck ». Franchement y’avait pas mieux que l’Indoraptor ?

Finalement, cette suite est supérieure au premier opus grâce à son approche plus sombre, plus réaliste et plus violente. Les personnages sont davantage développés. Reste un scénario paresseux qui vient gâcher le plaisir…

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