« Homo naledi » : les premiers hominidés à enterrer leurs morts ?

« Homo naledi » : les premiers hominidés à enterrer leurs morts ?

En juin 2023, un article scientifique du paléoanthropologue américain Lee Berger avait bouleversé le monde scientifique. En effet, selon lui, Homo naledi, une espèce éteinte d’hominidés, aurait enterré ses morts. Le scientifique alla même jusqu’à affirmer que ces hommes primitifs réalisaient des dessins rupestres auprès de leurs congénères enterrés. Cependant, ces affirmations furent rapidement démenties par le reste de la communauté scientifique… 

Le 5 juin 2023, deux articles furent mis en ligne sur le serveur de prépublication bioRxiv, mettant en avant les rites funéraires d’Homo naledi. Cependant, la communauté des paléoanthropologues estiment ces affirmations comme peu crédibles. Il faut dire que peu de temps après ces publications, de nouvelles analyses parues dans la revue Journal of Human Evolution mirent en avant le manque de méthodologie des études publiées par Lee Berger.

Des indices de comportements funéraires… Vite démentis !

Alors que les premières traces des Homo naledidataient de plus de 300 000 ans selon les premières études, cette estimation a été baissée de 100 000 ans minimum. Les naledi, qui auraient fait leur apparition en Afrique du Sud, près de Johannesburg, auraient enterrés leurs morts. En effet, des os humains ont été retrouvés dans la grotte Rising Star (étoile montante en bantou), près de JohannesburgCe sont 1800 fragments osseux, soigneusement déposés que l’on peut compter. Ils enterraient ainsi leurs morts avec la plus grande délicatesse. Selon l’étude, ils inscrivaient même des symboles attribués aux défunts, signes de reconnaissance.

Les naledi étaient donc déjà capables de « dons artistiques » si l’on en croit les affirmations de Lee Berger. En effet, les parois de Rising Star ont été retrouvées parsemées de motifs. Cette sépulture n’était donc apparemment pas due au hasard (et, vue son organisation, ne pouvait être confondue avec de simples reliefs de repas d’animaux). Cependant, toutes ces affirmations furent rapidement balayées…

Ossements des « Homo naledi » retrouvés dans la grotte Rising Star.

Mais alors que les Homo naledi ont été susceptibles de côtoyer les Homo sapiens, les scientifiques sont sceptiques. Ils pensent que les naledi, qui avaient un cerveau trois fois plus petit que le nôtre, étaient donc supposés incapables de ressentir autant d’empathie. Ils en sont venus à la conclusion qu’ils avaient copié d’autres espèces humaines plus intelligentes. Pourtant, des espèces comme les chimpanzés et les éléphants semblent déjà « sensibles » à la mort en tant que phénomène.

De plus, malgré l’annonce d’une potentielle co-habitation entre les Homo sapiens et les Homo naledi, aucune trace du premier n’a été retrouvée, ce qui éloigne la théorie de l’imitation. Malgré les 600cm3 du cerveau des naledi, on aurait néanmoins trouvé des traces d’utilisation du feu, et de quelques outils.

Des données scientifiques révolutionnaires… Jugées très faibles

L’Homo naledi a pour particularité d’être un hominidé doté d’un tout petit cerveau. Ainsi, les affirmations de Berger et de son équipe s’imposaient comme un véritable bouleversement dans nos connaissances sur cette espèce. Cependant, ces « révélations d’envergures » ne furent pas vraiment faites dans les règles de l’art… En effet, les conclusions de Lee Berger furent largement diffusées avant d’avoir été évaluées par des pairs. Or, il s’agit de la procédure standard en cas d’étude scientifique.

Or, le jugement par d’autres équipes de paléontologues est sans appel : il n’y a aucune preuve tangible que que les restes d’Homo naledi n’aient été déposés par les éléments naturels. D’autres travaux avancent ainsi des explications d’ordre géologiques, taphonomiques et paléontologiques. IFLScience relaya d’ailleurs une analogie de la part des auteurs :

“Si vous voulez prouver scientifiquement que votre maison a été construite par des extraterrestres, vous devez d’abord aborder le scénario le plus probable (dans ce cas, qu’elle a été construite par des humains) et le réfuter complètement avant d’avancer votre hypothèse alternative…”

En bref, même si la question reste ouverte, la théorie selon laquelle Homo naledi n’est actuellement pas privilégiée. La communauté scientifique attend des preuves plus solides pour valider ou réfuter cette hypothèse, qui, si elle était prouvée, bouleverserait nos conceptions actuelles de l’évolution humaine et des premières pratiques culturelles. 

Debunk autour d’Homo naledi – CNN 

Sources : 

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