Festival de Menton : zoom sur « Golden Shopping Arcade » des frères Ricci [critique]

Festival de Menton : zoom sur "Golden Shopping Arcade" des frères Ricci [critique]

Lors de cette 7ème édition du festival de Menton, 25 films se sont affrontés pour tenter de remporter un des prix décernés par le jury. Parmi eux, une gemme de cinéma de genre au goût dystopique a tout particulièrement crevé l’écran : Golden Shopping Arcade des frères Ricci. Retour sur le grand gagnant du meilleur court-métrage du festival dont nous avons pu rencontrer le scénariste, Neri Ricci.

Synopsis : Un employé d’hôpital solitaire qui tente de reprendre le contrôle de sa vie découvre la « Golden Shopping Arcade » interdite et s’embarque sur un chemin qui dépasse ses attentes les plus sombres…

Ce qu’on a aimé

  • D’abord, la réalisation soignée avec de nombreuses scènes inspirées et une belle utilisation du décor urbain.
  • Ensuite l’acteur principal, Marco Sincini, à l’expressivité folle et au visage mélancolique qui campe un personnage de loser très touchant.
  • L’équilibre particulièrement habile entre la comédie et le drame.
  • La musique originale qui nous transporte.
  • L’univers dystopique, glauque et minimaliste, qui fonctionne très bien.
  • Enfin, l’ode à la liberté que le film porte.

Golden Shopping Arcade est une œuvre mature qui ne peut qu’éveiller l’amour des cinéphiles. Le film est tourné à Rome dans des décors gris et étouffants de vide. Et on comprend vite ce choix quand on voit la petite silhouette de Marco Sincini perdue dans cette immensité. Mais si le film s’épanouit dans le portrait solitaire de son personnage principal, il est aussi efficace dans ses moments d’action presque pulp.

Quant à l’atmosphère du film, elle est si organique qu’elle en devient palpable. Idem pour la frustration du personnage qui nous enveloppe. Et on croirait presque sentir l’odeur de cet hôpital infernal où le capitalisme est poussé à l’extrême. Mais loin de tomber dans le pathos, le film danse entre la comédie absurde et le récit d’anticipation. Finalement, une belle réussite à tous les niveaux pour les frères Ricci et un plaisir pour le public !

Interview de Neri Ricci

Cultea :  Golden Shopping Arcade est un projet que vous portez avec votre frère. Est-ce une habitude pour vous ? 

Oui, nous avons travaillé à deux avec Francesco sur toutes les parties du projet, de la production au montage. Le seul poste auquel nous n’avons pas touché étant sûrement celui du chef opérateur. Nous avons l’habitude de travailler ensemble, on avait déjà fait Halina en 2013, qui avait remporté le prix du meilleur court-métrage de fiction au Washington Independant Film Festival. C’était un court-métrage inspiré d’Amours chiennes. 

Cultea : Pouvez-vous nous raconter la genèse de Golden Shopping Arcade ?

Pour commencer, nous avions écrit un scénario de long-métrage que nous souhaitions faire produire. Nous tenions à ce que ce soit un film fantastique mais généralement, ils requièrent beaucoup de budget. Mais nous savions qu’il nous faudrait faire avec peu. Donc nous avons privilégié une histoire à la Brazil de Terry Gilliam ou le premier Mad Max. 

Ensuite, nous avons tourné plusieurs scènes afin de nous en servir comme outil promotionnel. Le tournage a duré 9 jours et nous a coûté environ 15 000 euros. Le court-métrage Golden Shopping Arcade devait être une mise en bouche qui nous aurait permis de trouver le financement pour réaliser le reste du film. Donc il ne restait plus qu’à lancer la machine mais le COVID est arrivé et a tout mis sur pause.

Cultea : Si le projet trouvait preneur, vous seriez prêt à le finaliser aujourd’hui ? 

Oui. Nous avons même fait en sorte d’avancer dans le travail. En effet, notre but est de pouvoir réutiliser tous les plans que nous avons déjà tournés. Il n’y aurait plus qu’à financer les scènes manquantes pour pouvoir obtenir le long-métrage. Donc nous sommes toujours à la recherche d’un producteur qui serait intéressé. Mais nous avons déjà tout le reste : le scénario, les acteurs, les décors et l’équipe.

Cultea : On croit voir à travers votre film que vous êtes un féru de cinéma ? 

Oui, c’est quelque chose qui me vient de l’enfance. Mon père, qui adorait le cinéma, m’a transmis sa passion. Il me faisait voir les films de Truffaut, de Godard et de Hitchcock. Je passais mes soirées à découper les affiches de film dans les magazines pour les mettre dans les boîtes des cassettes vidéo. Encore aujourd’hui, je suis un grand cinéphile et j’aime particulièrement les films de genre. D’ailleurs, Golden Shopping Arcade contient pas mal de petits clins d’œil au cinéma que j’aime.

Après avoir raflé le titre de meilleur court-métrage du festival face à une sérieuse compétition, les frères Ricci espèrent de plus belle. Gageons qu’en plus d’avoir séduit le jury et le public, Golden Shopping Arcade saura trouver un nouvel élan pour devenir un long-métrage qu’on a déjà hâte de voir.

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Golden Shopping Arcade

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