C’était probablement une des adaptations de jeu vidéo les plus casse-gueule. En 2019, Rob Letterman était de retour derrière la caméra avec Pokemon : Detective Pikachu. Le réalisateur de Captain Superslip trouve ici sa rédemption en adaptant le célèbre jeu vidéo. Porté par Justice Smith, Bill Nighy et Ryan Reynolds, que vaut cette adaptation en prises de vue réelles d’un des plus grands phénomènes de pop culture ?
Detective Pikachu : un nouveau Roger Rabbit ?
Malgré les craintes, Detective Pikachu reçut des retours majoritairement positifs. Tandis que le film était attendu au tournant, il semble avoir trouvé son public et les critiques sont relativement approbatives. Basé sur une histoire originale, le long-métrage se détache des aventures animées de Sacha et consorts, pour offrir un scénario inédit. Beaucoup ont comparé l’œuvre au classique de Robert Zemeckis : Qui veut la peau de Roger Rabbit ?.
Il est vrai que dans son introduction, quand Letterman emmène son spectateur à la découverte de son univers, il plane en effet un héritage du classique de Warner (qui produit également Pikachu). Dans cette ville, Ryme city, les Pokemon et les humains vivent en harmonie, interagissent entre eux et s’entraident. Des Pokemon apparaissent partout, les clins d’œil et les easter eggs sont légions, et l’ambiance fonctionne totalement. Le cinéaste présente un monde merveilleux, où les Pokemon sont omniprésents, à la manière de Looney Tunes en 1988.
La recette fonctionne à merveille et permet de contextualiser un cadre passionnant pour imposer son intrigue. Malheureusement, celle-ci manque d’originalité, et son écriture est relativement plate. Linéaire et sans surprise, le scénario rempli le cahier des charges, mais ne surprend jamais, préférant jouer la carte de la sécurité. Malgré tout, les ressorts émotionnels fonctionnent, et l’empathie envers le personnage de Justice Smith prend racine.
Mais évidemment l’attraction du long-métrage c’est bien Pikachu, doublé par Ryan Reynolds. L’acteur s’en donne à cœur joie et offre une véritable identité au Pokemon, bien loin de stéréotypes qui lui sont d’habitude rattachés. Ici il s’agit d’un blagueur invétéré, une petite tête brûlée trouillarde accro à la caféine. Un personnage passionnant qui fonctionne à la perfection.
Un blockbuster qui manque de souffle
Finalement, ce n’est pas l’écriture le véritable problème de ce Detective Pikachu, mais bien la réalisation terriblement fade. Rob Letterman manque cruellement de vision, et d’idées pour animer ses combats. Certes, les effets spéciaux sont appréciables et le design des Pokemon intéressant. Avec ces sortes de peluches réalistes mais en même temps très mignonnes, se crée un bestiaire inédit et esthétiquement déroutant. Malheureusement, le souffle épique peine à s’imposer. Et ce n’est pas en mettant une scène illisible d’éboulement en pleine forêt que le cinéaste parvient à créer du rythme.
Pour un blockbuster, Detective Pikachu est étonnement sage, manque de visions badass, d’action chorégraphiée et de suspense. L’enquête est téléphonée et n’est pas relevée par un traitement de l’action bien souvent illisible. Les rares confrontations sont majoritairement mal filmées, à l’instar de ce combat de Pokemon en arène trop court et trop flou pour vraiment convaincre.
Le combat final est lui aussi amputé à cause d’un montage crasseux et trop rapide et d’un manque de vie dans les plans. Les coups de caméra sont trop sages, les combats pratiquement inexistants, réduits à des joutes d’énergie passablement ennuyeuses. Cela crée un rythme inégal, qui oscille entre des vannes plus ou moins réussies, des flash-back redondants, et un traitement de l’action mou du genou.
Detective Pikachu est loin d’être un ratage, et repose ses meilleurs instants sur un traitement original et attachant du célèbre Pokemon. Il n’empêche que pour un blockbuster, le long-métrage est étonnement sage.
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