Comment Louis Pasteur a-t-il mis au point le vaccin contre la rage ?

Lauren Puma
Lauren Puma
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En 1885, Louis Pasteur réussit un exploit : il parvient à vacciner un enfant contre la rage. Beaucoup le considèrent aujourd’hui comme le père de la vaccination, bien qu’il ne soit pas son inventeur. Retour aujourd’hui sur le scientifique français et son vaccin contre la rage.

Les études de Louis Pasteur avant la rage

À la fin des années 1870, Pasteur commence à travailler sur le vaccin. Il s’intéresse en effet au choléra des poules et laisse vieillir une culture de la bactérie qui en est responsable, à savoir Pasteurella multocida. Ensuite, il inocule cette bactérie qu’il dit « atténuée » à des poules. Peu d’entre elles développent les symptômes, et elles finissent par ne plus contracter la maladie du tout. En 1881, il effectue des tests sur des moutons porteurs de la fièvre charbonneuse et met au point le vaccin. Il fera même une démonstration publique afin de prouver l’efficacité de sa trouvaille. L’année suivante, il développe le vaccin contre le rouget du porc. Dès lors, il peut énoncer le principe de la vaccination :

« Inoculer des virus affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne qui préserve de la maladie mortelle. »

Louis Pasteur par Nadar - Cultea
Louis Pasteur, par Nadar.

Tests sur des animaux

Grâce à toutes ces études, il débute ses travaux sur la rage en 1880. Tout d’abord, il démontre que le pathogène n’est pas seulement présent dans la salive, mais surtout dans le système nerveux central.

Il isole alors le virus, fait des tests, et l’injecte à des lapins. Par la suite, il récupère ce même virus et le donne à un autre lapin. Il répète ensuite le processus jusqu’à obtenir un virus atténué. Pasteur a alors démontré que le virus perd de sa virulence en passant d’un animal à un autre. Par la suite, il émet l’hypothèse qu’injecter des souches de plus en plus agressives protégerait le corps.

En 1885, il commence ses essais sur l’homme. Pasteur inocule le virus atténué sur un sexagénaire de l’hôpital Necker, Girard, et sur Julie-Antoinette Poughon, une petite fille de 11 ans. Toutefois, le chimiste ne publiera rien sur ces deux cas, puisque la rage avait déjà fait trop de ravages sur ces derniers, et que la vaccination n’a pas pu les sauver…

Tests de Pasteur sur des lapins - Cultea
Représentation des tests de Pasteur sur des lapins.

Ses essais sur Joseph Meister

Le 6 juillet, Pasteur teste sa méthode sur un Alsacien âgé de 9 ans, Joseph Meister. Un chien supposé enragé avait en effet mordu l’enfant, ainsi que son propriétaire, deux jours auparavant. Les gendarmes avaient donc abattu l’animal par précaution. Pasteur hésite à traiter Meister, puisque celui-ci ne présente aucun symptôme. Malgré tout, il décide d’inoculer son vaccin à l’enfant, étant donné qu’Alfred Vulpian et Jacques-Joseph Grancher, deux médecins éminents, considèrent que la vaccination est justifiée.

En dix jours, Joseph Meister va donc recevoir treize piqûres au ventre, qui contiennent une souche plus virulente à chaque fois. Pour être plus précis, on injecte à Meister du broyat de moelle d’un lapin mort de la rage, conservé depuis deux semaines. L’enfant rentre ensuite chez lui le 27 juillet, et le résultat est formel : il n’a pas la rage. En d’autres termes, le vaccin mis au point par Pasteur fonctionne.

Néanmoins, ce succès reste controversé. En effet, on n’était pas certain que Meister était effectivement atteint de la rage. Afin de s’assurer de l’efficacité de son traitement, Pasteur lui a donc fait une « injection de contrôle », qui est en fait une forme très agressive du virus, fatale en cas de non-vaccination. Fort heureusement, l’enfant ne tombe pas malade : il est bien vacciné.

Le chimiste français publie donc un article sur son traitement. Le 14 novembre 1888, on inaugurera lInstitut Pasteur / Institut Antirabique de Paris.

Représentation des essais sur Joseph Meister - Cultea
Représentation des essais sur Joseph Meister.

La vaccination avant Louis Pasteur

Contrairement à ce que beaucoup pensent, Pasteur n’est pas le premier à avoir mis au point un vaccin. En effet, le médecin Edward Jenner avait déjà créé une forme de vaccin en 1796. À cette époque, la variole tue de nombreux jeunes enfants en Angleterre, mais aussi dans toute l’Europe. Toutefois, on découvre qu’une personne ayant contracté la vaccine (« variole de la vache ») n’attrape pas la variole. Jenner décide alors d’injecter à un enfant du pus venant d’une femme infectée par la vaccine. Ce dernier résiste à la variole.

Même avant Jenner, on mettait déjà en contact les pustules d’un malade avec une personne afin de la protéger de la maladie. On appelait cet ancêtre de la vaccination la « variolisation ». Néanmoins, cette « vaccination de bras-à-bras » pose problème, car engendrer le mal volontairement est mal vu. De plus, il y a de grands risques d’attraper d’autres maladies, comme la syphilis.

Le vaccin contre la rage permet aujourd’hui de sauver 400 000 personnes chaque année. Malheureusement, 50 000 personnes meurent encore de la maladie tous les ans, n’ayant pas accès au vaccin. En France, la vaccination a permis à la maladie de disparaître, même si on surveille en permanence la situation dans le pays, puisqu’il existe un risque de réintroduction. 

 

Sources :

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Etudiante en Master Culture, patrimoine et médiation, je m'intéresse de très près à l'histoire ainsi qu'à culture pop, particulièrement à Marvel et Star Wars. Passionnée d'anglais depuis toujours, j'ai un goût prononcé pour les contenus dans cette langue ainsi que les pays où elle est parlée.
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