Abraham Lincoln fut le seizième président des Etats-Unis, de 1861 à 1865. Assassiné six jours après la victoire de l’Union pendant la guerre de Sécession, il est la figure de l’abolition de l’esclavage dans le pays. Son destin, extraordinaire, est rythmé par une vie peu commune. Retour sur cinq faits surprenants de la vie du « grand émancipateur ».
Dans la mémoire collective, Abraham Lincoln est considéré comme l’un des plus grands présidents des Etats-Unis. À une époque frappée par un conflit civil, le pays est balloté dans un cocon de haine et de violence : celui de la guerre de Sécession. Etats du Nord et Etats du Sud se battent autour de la « question noire », la question du droit et de l’intégrité. Une question qui pourrait permettre à chaque couleur de peau de vivre sur un même pied d’égalité. C’est dans ce contexte qu’Abraham Lincoln s’illustre. Mais derrière l’histoire officielle se cachent aussi les petites anecdotes qui caractérisent l’humain derrière l’homme politique.
Le plus « grand » président des Etats Unis
Si, au XIXe siècle, vous passiez à côté d’Abraham Lincoln avant même qu’il ne devienne une personnalité publique, vous l’auriez forcément remarqué. Avec ses 6’4 pouces – à peu près l’équivalent de 1m93 -, il est aussi « le plus grand président américain » de toute l’histoire au sens littéral. Il est talonné de près par Lyndon B. Johnson et Donald Trump, qui mesurent respectivement 1m92 et 1m91. « La taille, c’est le destin », ironise un article du Washington Post. Pendant sa présidence, Donald Trump aurait en effet développé une certaine obsession pour la « grandeur ».
Il a contribué à la guerre de Black Hawk
Bien que réputé pour ses belles intentions, certains de ses choix continuent d’étonner. Le 21 avril 1832, Abraham Lincoln, alors âgé de 23 ans, s’engage comme volontaire dans la milice de l’Illinois pendant la guerre de Black Hawk. Ce bref conflit intervient dans un contexte de discorde territoriale entre Américains et Amérindiens. En effet, par un traité controversé, les Etats-Unis ne cessent de réduire les terres de ces derniers, qui se retrouvent par ailleurs emmaillotés dans de sévères discriminations.
C’est contre ces tribus qu’Abraham Lincoln décide de se battre. Il ne prend part à aucun combat, mais devient capitaine de sa compagnie. Aussi, cet engagement lui a permis, plus tard, d’établir des connexions politiques dans l’Illinois. Encore aujourd’hui, les historiens ont du mal à justifier cette prise de position. Certains d’entre eux y voient l’impact encore important de la mort de son grand-père, tué par balle par un Amérindien.
Dans le Journal of the Abraham Lincoln Association, l’historien Christopher Anderson écrit : « Son acceptation de la politique américaine relative aux Amérindiens montre qu’il se conformait aux mentalités générales de la société à leur égard. » Les valeurs humanistes d’Abraham Lincoln contrastent avec son hostilité. « La position de Lincoln vis-à-vis des Amérindiens dépendait de ces deux aspects contradictoires : l’Indien était à la fois un étranger culturel et mystérieux, et un être humain digne de respect », conclut l’historien.
Les services secrets américains ont été créés quelques heures avant son assassinat
À Washington, le soir du 14 avril 1965, Abraham Lincoln est assassiné au théâtre Ford lors d’une représentation de la pièce Lord Dundreary. Notre cousin d’Amérique. C’est en l’absence de son garde du corps que son tueur, John Wilkes Booth, parvint à rentrer dans sa loge, arme à la main. Une date macabre qui fit de lui le premier président des Etats-Unis victime d’un assassinat.
Si l’attentat avait été perpétré à un autre temps, peut-être que la protection d’Abraham Lincoln n’aurait pas été si défaillante. En effet, plus tôt le même soir, le président signait le papier qui mena à la création de l’United States Secret Service, l’une des plus anciennes agences fédérales en Amérique. Alors que son premier rôle était de lutter contre la contrefaçon massive, c’est seulement à partir de 1901, après l’assassinat du président William McKinley, que l’agence assure la protection des présidents des Etats-Unis.
Lincoln, entre chiens et chats
Abraham Lincoln était aussi un amoureux invétéré des animaux. Derrière sa droiture et sa discipline se dissimulait en effet un homme doux comme un agneau avec ses compagnons à quatre pattes. « Mr Lincoln aimait les animaux, surtout les chats. Je l’ai vu en caresser un pendant une heure », écrit dans son livre Maunsell B. Field, assistant du secrétaire au Trésor sous l’administration Lincoln.
Sa passion entraînait cependant des habitudes parfois insolites. Pendant un dîner formel à la Maison-Blanche il aurait ainsi partagé sa table avec l’un de ses chats ! L’empathie d’Abraham Lincoln transparaissait dans son adoration pour les chats errants, un « hobby », selon sa femme Mary Todd Lincoln. À titre d’exemple, il avait porté secours à trois chatons dans la rue lors d’une visite au général Grant pendant la guerre civile. La famille Lincoln était également composée de bien d’autres animaux. Parmi eux, les chiens Fido et Jip, des chevaux, des poulets, des moutons et des lapins.
Son cadavre a failli être dérobé par des pilleurs de tombes
Même dans la mort, le destin d’Abraham Lincoln n’est pas de tout repos. Entre décembre 1865 et septembre 1901, son cercueil a effectivement été ouvert à cinq reprises pour vérifier que sa dépouille était toujours bien là. C’est en 1876 que la tentative de vol a lieu. Orchestré par James Kennally, faussaire à Chicago, le complot prévoyait d’échanger le corps d’Abraham Lincoln contre une compensation de 200 000 $. Depuis son enterrement originel, sa dépouille a ainsi été déplacée dix-sept fois.
Pourtant, le corps d’Abraham Lincoln semble impénétrable, comme si l’éternité ne s’inscrivait pas que dans le temps. Et si certains ont essayé de déterrer son cadavre, il est impossible de débusquer son souvenir.
Sources :
- Patrick J.Jung, The Black Hawk War of 1832
- Profil d’Abraham Lincoln – Site de la Maison Blanche
- CNN, Race for the White House
- La Guerre de Sécession – Encyclopédie Larousse