Arthur Larsen : le soldat traumatisé devenu joueur de tennis sulfureux

Arthur Larsen : le soldat traumatisé devenu joueur de tennis sulfureux

Arthur « Tappy » Larsen n’a jamais été un joueur comme les autres. Finaliste de Roland-Garros et souvent comparé à James Dean, il ne masquait pas sa sexualité débridée ni son amour pour le tabac et l’alcool. Retour sur la carrière d’un tennisman aussi unique que sulfureux. 

Les démons du débarquement… 

En tant qu’Américain, Tappy a vécu le débarquement à Omaha Beach. Plus que cela : il fut le seul survivant de sa section. Perdu dans la campagne normande, il s’est frayé un chemin à travers la France et a continué à combattre tout en échappant à des bombardements venant de son propre camp. Après avoir vu les cadavres de ses camarades sur la plage, il n’a plus jamais été le même homme.

« Tous mes frères d’armes sont morts à travers l’Europe et vous ne pouvez oublier quelque chose comme çaDurant ma carrière, la peur de mourir s’est transformée en peur de perdre » témoignera-t-il.

Ses peurs et traumatismes ne firent qu’empirer à la fin de la guerre. Il commença à avoir des hallucinations, à croire à des chimères. À partir de cette époque, il disait vivre avec un aigle juché sur son épaule ; il lui parlait et l’écoutait, mais l’aigle n’était évidemment pas réel.

Un jour, alors qu’il jouait à Forest Hills (futur US Open), il fit bâcher les statues d’aigles en marbre qui surplombaient le court et qui dérangeaient son propre aigle. Il gagna d’ailleurs ce même tournoi en 1950 contre Herbert Flam en 5 sets, seul Grand Chelem de sa carrière. Son aigle n’était pas sa seule vision. Larsen était d’ailleurs pris de superstitions diverses, croyant un jour que des serpents se cachaient dans sa valise ou que son aigle l’empêchait de s’habiller correctement.

Arthur Larsen, Roland-Garros
Arthur Larsen, Roland-Garros

Arthur Larsen : Le « bon-vivant » de Roland-Garros

Afin d’oublier son chagrin, Larsen s’adonnait à tous les vices. Selon Philippe Chatrier (qui donnera son nom au court central de Roland-Garros) « Tappy » fumait jusqu’à 60 cigarettes par jour. Et pour cause, il ne savait jamais quoi faire de ses mains. C’est d’ailleurs de là qu’il tirait son surnom ; le joueur tapotait sur tout objet qui était à sa portée du fait de sa nervosité. Cette même lubie lui faisait boire une vingtaine de canettes de Coca-Cola par match. Il connaissait également Paris la nuit et fréquentait Pigalle lorsqu’il était dans la capitale.

C’est au cours de l’une de ces excursions nocturnes qu’il croisa le français Georges Deniau, son adversaire du lendemain. Alors que ce dernier se coucha relativement tôt, Tappy écuma les bars jusqu’à cinq heures du matin. Le jour suivant, l’Américain s’imposa en 3 sets dans un match bien mené (6/0, 6/2, 6/2). Pendant le match, Larsen alpagua même son adversaire :

« Tu sais Georges, j’étais bourré hier soir. Et quand je suis bourré, bah je suis le meilleur joueur du monde ! ». 

Il était d’ailleurs loin d’en être à son coup d’essai puisqu’il avait l’habitude de se coucher 10 heures seulement avant ses matchs. Le lendemain, il arrivait dans le stade une cigarette à la bouche, sans que le manque de sommeil ne soit un problème pour lui.

« De toute façon, je ne sais jamais quoi faire le matin » déclarera-t-il.

Il atteindra une fois la finale de Roland-Garros en 1954, sans toutefois s’imposer.

Arthur Larsen détonnait par ses déclarations chocs, son style de vie mais aussi son charme ravageur. Celui qui avait une gueule d’acteur d’Hollywood terminera sa carrière en 1956 à la suite d’un accident de la route… Ce vétéran et joueur unique aura assurément marqué le tournoi de Roland-Garros de son empreinte unique. 

 

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