Politique : plus un parti est de droite, plus il propage des Fake News (étude scientifique)

Politique : plus un parti est de droite, plus il propage des Fake News (étude scientifique)

La diffusion de Fake News est une partie intégrante de la stratégie politique de la droite radicale. C’est en tout cas ce qu’indique cette étude néerlandaise édifiante, basée sur les tweets de députés dans pas moins 26 pays. Les résultats sont sans appel : les populistes d’extrême droite sont nettement plus susceptibles de diffuser de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux que les politiciens des partis traditionnels ou d’extrême gauche. Plus préoccupant encore : l’étude souligne que la désinformation fait partie intégrante de la stratégie de l’extrême-droite… 

Les Fake News : un outil de déstabilisation au service de l’extrême-droite 

« Radical right populists are using misinformation as a tool to destabilize democracies and gain political advantage »

« Les populistes d’extrême droite utilisent la désinformation comme un outil pour déstabiliser les démocraties et obtenir un avantage politique »

Petter Törnberg de l’Université d’Amsterdam, co-auteur de l’étude avec Juliana Chueri de l’Université libre de la capitale néerlandaise.

L’étude en question s’appuie sur tous les tweets postés entre 2017 et 2022 par tous les parlementaires disposant d’un compte Twitter (désormais X) dans 26 pays. 17 de ces pays sont membres de l’Union Européenne et la France fait partie de ce panel. L’étude a ainsi compilé les quelque 32 millions de tweets de 8 198 députés, avec des bases de données internationales de sciences politiques contenant des informations détaillées sur les partis concernés, comme leur position sur le spectre gauche-droite et leur degré de populisme.

Suite à quoi, les chercheurs ont récupéré des données de services de factchecking (vérification des faits) et de suivi des fausses informations, afin de créer un ensemble de données de 646 058 URL, chacune étant associée à une « note de factualité » basée sur la fiabilité de sa source. En regroupant cette très nombreuses données, les chercheurs ont ainsi pu créer ce qu’ils ont décrit comme un « score de factualité » pour chaque politicien et chaque parti.

Et les résultats sont sans appel : les données démontrent de manière très marquée que le populisme d’extrême droite était « le déterminant le plus fort de la propension à diffuser de la désinformation ». Il a également été souligné que les députés des partis populistes de centre-droit, de centre-gauche et d’extrême-gauche n’étaient « pas liés » à cette pratique.

N.D.L.R : cette étude ne dit pas que « toutes les Fake News » sont d’extrême-droite, ni que les autres partis sont exempts de tout reproches. Elle souligne cependant que les Fake News sont non-seulement beaucoup plus nombreuses du côté de la droite radicale, mais qu’elles s’inscrivent dans une stratégie de communication globale chez ce bord politique.

Les chercheurs ont cependant indiqué qu’ils ne pourraient pas étendre leur ensemble de données car X, anciennement Twitter, n’offre plus d’accès à ces données. Il faut dire que ce réseau social est désormais aux mains du milliardaire Elon Musk, qui n’a pas caché son soutien aux partis d’extrême droite à travers le monde.

Pourquoi l’extrême droite est-elle si poreuse à la désinformation ? 

Comment expliquer que l’extrême-droite soit la branche politique la plus sensible au partage des Fake News à travers le monde ? Petter Törnberg évoque plusieurs pistes de réflexion concernant ces résultats. Il considère ainsi que « les idéologies d’exclusion et l’hostilité envers les institutions démocratiques du populisme d’extrême droite » sont à l’origine de la plupart des campagnes de désinformation.

Il note également que la désinformation est moins utile aux populistes d’extrême gauche, qui se concentrent davantage sur les griefs économiques. Mais l’accent mis par l’extrême droite sur les griefs culturels (lutte contre l’immigration, les minorités religieuses, ethniques ou sexuelles…) est un « terrain fertile » pour la désinformation. L’étude a également mis en évidence la « relation symbiotique » entre les populistes d’extrême droite et les médias « alternatifs ».

« Les populistes d’extrême droite ont été efficaces dans la création et l’utilisation d’écosystèmes médiatiques alternatifs qui amplifient leurs points de vue »

Petter Törnberg de l’Université d’Amsterdam 

Ces écosystèmes amplifient en effet la désinformation en se diffusant en vase clos, renforçant leurs messages idéologiques et créant un sentiment de communauté parmi les électeurs. Cela a aussi pour effet de fournir un contre-discours aux médias grand public, particulièrement affriolant pour les personnes membres de ces réseaux.

« Ces résultats soulignent le besoin urgent pour les décideurs politiques, les chercheurs et le public de comprendre et de traiter la dynamique entrelacée de la désinformation et du populisme d’extrême droite »

Petter Törnberg de l’Université d’Amsterdam 

Les résultats de cette étude doivent également nous faire nous poser des questions quant au fonctionnement des algorithmes sur nos réseaux sociaux préférés. Car à l’heure où Elon Musk (propriétaire de X) et Mark Zuckerberg (fondateur de Facebook) ont tous deux fait allégeance au gouvernement d’extrême-droite de Donald Trump, il convient de s’interroger sur la façon dont les informations sont diffusées et surtout : lesquelles sont favorisées. 

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Sources : 

Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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