Interview de Max de Ridder, auteur de « Le Baiser alchimique »

Interview de Max de Ridder, auteur de "Le Baiser alchimique"

A l’occasion de la sortie de Le Baiser alchimique, un roman fantastique et romantique, on a pu interviewer son auteur : Max de Ridder. Max de Ridder est un écrivain français né en 1972 en région parisienne. Horloger de profession, il a travaillé pour des maisons prestigieuses. Parallèlement, il s’est passionné pour la littérature hermétique et a collectionné des écrits alchimiques anciens. En 2016, il a publié son premier roman, Le Pêcheur d’éclats de lune. En 2023, il a sorti un second ouvrage intitulé Le Baiser alchimique, qui se déroule dans la Venise du XVIIe siècle et suit un exorciste du Vatican enquêtant sur une série de meurtres mystérieux.

pouvez-vous vous présenter ?

Donc moi, c’est Max de Ridder. C’est un nom de plume. J’ai déjà écrit et publié un précédent roman, Le Pêcheur d’éclats de lune aux éditions ThoT, et donc là je sors Le Baiser alchimique chez Le Lys Bleu Éditions. Moi, je suis horloger de métier, ce qui est un peu à part. Et je suis passionné par les légendes orales, toutes ces légendes qu’on se transmet, qui ne sont pas forcément écrites et structurées. Donc j’essaye de faire un pont entre une part d’histoire et ces traditions orales.

Comment est-ce que vous décrieriez votre plume ?

J’ai une écriture, un style assez direct et court. En fait, je me suis passionné pour les œuvres d’Émile Zola par le passé. Et donc je souhaite épargner à mes lecteurs toutes ces descriptions. […] C’est vrai que je cherchais absolument un style plus direct pour permettre aux lecteurs d’être directement imprégnés et intégrés au décor sans des descriptions interminables.

En plus, aujourd’hui on est dans une époque du « short ». On est bombardé d’informations. Maintenant, même de simples articles sont devenus trop longs pour les nouvelles générations. On a tellement d’informations que la plupart des gens décrochent. Donc pour interpeler un lectorat, vous avez intérêt à proposer quelque chose de clair et de concis, tout en usant du plus de vocabulaire possible. En tout cas, c’est comme ça que je fonctionne.

Quelles sont vos Principales influences ?

Alors moi, j’adore Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald. Je trouve que c’est une œuvre pratiquement parfaite. On retrouve ce que l’on peut également voir dans Le Baiser alchimique. C’est-à-dire une lutte des classes, un amour impossible entre deux êtres qui déclenchent une ascension qui n’est pas dictée par leur volonté propre, mais par la volonté de reconquérir leur amour perdu. Donc voilà, si je devais choisir une influence, ce serait vraiment celle-ci.

Gatsby le Magnifique
Leonardo DiCaprio dans Gatsby le Magnifique
Pourquoi avoir choisi Venise au XVIIe siècle ?

Parce que je pense que c’est un siècle de la croisée des connaissances. C’est un siècle où le monde entier se retrouvait à Venise. Les aristocrates, les marchands du monde entier. C’était une ville rayonnante. Et je trouvais que c’était un excellent décor, à la fois pour l’intrigue, mais aussi pour raconter ce clivage de classes.

Et puis, Venise était le tout premier ghetto de l’histoire juive. En fait, les riches marchands vénitiens les utilisaient comme comptables, comme trésoriers, comme banquiers, mais leur refusaient le droit de traverser la lagune parce qu’ils craignaient qu’ils se noient. Donc ils étaient cantonnés à un seul quartier. Le quartier de la fonderie. Et l’étymologie du mot ghetto vient en fait de fonderie en italien. Et donc tout ça est issu de cette période-là et de Venise.

 Comment est-ce qu’on mélange Histoire et fiction ?

L’équilibre, je pense, c’est qu’il ne faut pas se positionner en tant qu’historien. Moi je ne me positionne pas comme historien. Mais je suis quelqu’un qu’on appelle un apprenant. L’idée m’est venue en allant à Venise il y a une vingtaine d’années, quand c’était moins touristique. […] C’est une ville fascinante, parce qu’on peut y voir les vestiges du passé. C’est un théâtre géant. […] Donc forcément, ça m’a donné envie d’écrire sur cette ville. Et donc automatiquement vous vous renseignez et vous comprenez l’histoire de Venise. Donc j’ai fait le lien entre Venise et la fiction.

Est-ce que certains personnages sont inspirés de personnes réelles ?

Alors non, mais ils peuvent être transposés à toute époque. Il suffit de s’intéresser à la manière dont nos sociétés sont composées et vous retrouvez les mêmes attitudes dans des personnages tout à fait contemporains, les mêmes quêtes de pouvoir. Ça peut même être transposé à la politique actuelle. Mais je ne m’inspire pas de personnages précis, mais plus des us et coutumes, des mœurs, des volontés de pouvoir, des luttes de classes, qu’on peut transposer à n’importe quelle époque.

Comment est-ce que vous résumeriez simplement le concept du baiser alchimique ?

C’est là que la réponse devient complexe, parce qu’il y a déjà eu de nombreux articles et je me suis rendu compte que la perception est très différente en fonction du socle de connaissances de chaque lecteur. Certains auront croisé ce concept dans un livre d’horreur, d’autres dans un livre gothique, d’autres dans des livres à connotation ethnique. Mais simplement, le message que je voulais faire passer, c’était une histoire d’amour.

En fait, au-delà des clivages, au-delà de la quête du pouvoir, au-delà de cette forme de magie ou de sorcellerie, c’était une histoire d’amour que je voulais raconter. Parce que lorsque vous tapez « baiser alchimique » sur Google, l’histoire d’amour qui revient le plus souvent c’est Roméo et Juliette. Il y a eu d’autres histoires évidemment, certaines qui ont rencontré un succès, je pense à la saga Twilight par exemple, mais finalement les gens s’intéressent davantage aux loups-garous et aux vampires qu’à l’histoire d’amour. Avec Le Baiser alchimique, j’ai vraiment essayé de représenter cet amour universel à travers les lieux, les classes, les époques, l’argent.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Déjà, il y a le mystère autour de l’activité de Giacobbe qui est alchimiste. Au XVIIe, c’était la croisée des routes entre les disciplines ésotériques et les disciplines scientifiques. Ce sont les prémisses de la science. L’alchimie a été controversée et a donc laissé plus de place à la science. […] Cette discipline nous amène à un moment donné à cette vengeance. Il faut même utiliser un terme particulier qui est celui de justice sauvage.

A un moment donné, quand Alba confectionne le golem avec les techniques alchimiques, quelque part elle cherche à retrouver son amour perdu. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que le golem n’est pas doté d’une âme. Il se contente d’appliquer la justice sauvage. Pas la justice qu’on retrouve dans nos sociétés modernes, mais vraiment une justice indépendante. […] Ce golem est mobile, mais pas animé. C’est-à-dire qu’il se déplace, mais n’a pas d’âme. Il est juste là pour accomplir sa tâche.

Déjà, dans mon écriture, il fallait que ces crimes spectaculaires ne soient pas perpétrés par Alba. Donc il fallait qu’il y ait cette transformation et cette renaissance de Giacobbe à l’état pur qu’on découvre dans les derniers chapitres. […] J’ai essayé de mettre en place un contraste. Le contraste de la beauté avec la laideur, de la lumière avec l’obscurité. Je trouve que c’est une manière de créer une forme d’ascenseur émotionnel pour le lecteur. Et je pense que c’est comme ça qu’un livre vous marque.

Donc ce qui vous intéressait réellement ici, c’est la notion de résurrection ?

En fait, ça été un fil de pensées. J’ai d’abord été fasciné par Venise, puis par l’histoire du ghetto et de la fonderie, puis j’ai voulu ajouter des éléments liés à cette culture sans pour autant forcément rentrer dans du pur judaïsme. Ce n’est pas un roman qui est destiné à une confession religieuse. Je voulais simplement reprendre des objets de traditions orales et de légendes qu’on connaît peut-être un peu moins parce qu’éloignées des nôtres.

Est-ce que vous avez un rituel d’écriture ?

Non, je n’ai pas de rituel particulier, mais je suis inspiré par la montagne et la neige. C’est un peu la parabole avec la feuille blanche. Pour moi, la montagne et la neige représentent un peu le concept de la feuille blanche sur laquelle on va écrire. Après, pour mes premiers romans, j’avais pris l’habitude de me relever la nuit quand j’avais une idée. Mais aujourd’hui, j’ai réussi à créer une mémoire à tiroirs et ainsi conserver une idée pendant très longtemps. C’est par exemple ce que je suis en train de faire pour mon prochain roman, que j’ai déjà structuré dans mon esprit. C’est intéressant, car ça donne un excellent travail de mémorisation.

En combien de temps avez-vous écrit Le Baiser Alchimique et avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Je l’ai écrit sur deux années. Le plus difficile a été de donner naissance à de bons dialogues. C’est souvent le plus dur pour un auteur, que ce soit dans la littérature ou le cinéma. Et la deuxième chose a été de réussir à faire des retours en arrière, des changements d’époque, tout en conservant une véritable cohérence dans l’histoire. Il fallait faire attention aux anachronismes.

Si vous vouliez en faire une adaptation ciné, quel réalisateur choisiriez-vous ?

Clairement, si je devais faire une adaptation ciné, je choisirais sans hésiter Baz Luhrmann. Je pense que tous les éléments de mon roman, Venise, l’histoire d’amour, l’extravagance de l’époque, je pense qu’il pourrait en faire quelque chose d’exceptionnel. J’adore toutes ses œuvres, Roméo + Juliette et Gatsby en tête. Donc, si vous voulez faire quelque chose de haut en couleur et de burlesque, il est le mieux placé pour faire ça.

Quels sont vos prochains projets ?

Je travaille sur un roman dans le même style que Le Baiser alchimique, avec une part d’histoire, une part de légende, une part de tradition, qui se déroulera dans le monde gitan. Dans le monde des forains.

 

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