24 ans après le premier Gladiator, Ridley Scott a décidé de s’attaquer à une suite. De prime abord, on rencontrait des difficultés à croire en la pertinence de ce projet, en son utilité. Pourquoi proposer une suite à Gladiator, alors que le film est un chef-d’œuvre et qu’il se suffit totalement à lui-même ? Et puis, ces dernières années, Ridley Scott n’est plus au niveau de son talent d’antan. Cela commençait à faire beaucoup d’éléments négatifs autour de la sortie de ce blockbuster événement de la fin d’année 2024. Mais contre toute attente, Gladiator II est un succès sur tous les fronts. Ridley Scott nous a fait mentir et c’est tant mieux !
Gladiator II : une suite utile ?
Depuis quelques années maintenant, Ridley Scott n’est clairement plus à la hauteur de nos attentes (même si Le Dernier Duel était une belle réussite). Quand on apprend qu’il s’attelle à Gladiator II, nos convictions sur le cinéaste ne sont que renforcées. Papy Ridley est fini, et il serait peut-être temps de laisser ses franchises cultes tranquilles. Que nenni, Gladiator II est bien le blockbuster bourrin, ambitieux, esthétiquement dingue, annoncé depuis quelques semaines.
Oui, Gladiator II, c’est du grand spectacle comme il nous a tant manqué. Gladiator II, c’est le grand huit visuel tant clamé. Oui, Gladiator II est une pure réussite. Évidemment, le long-métrage n’atteint pas la force passionnelle du premier volet. Difficile d’égaler les ressorts émotionnels du premier opus. Difficile de proposer une conclusion plus poignante que la mort iconique de Maximus. Et difficile pour Paul Mescal (malgré toute l’étendue de son talent) de passer derrière Russel Crowe. Donc forcément, les puristes hardcores du film original auront des choses à redire…
Des séquences d’action dingues
Mais si ce n’est ce petit déficit émotionnel par rapport au film original, Gladiator II est une proposition maîtrisée de bout en bout. En fait, ce qui marque surtout dans cette nouvelle aventure, c’est sa mise en scène iconique et sa direction artistique superbe. Le film est tout simplement magnifique. Ridley Scott rappelle qu’il sait tourner des plans somptueux et offre un blockbuster esthétiquement dingue, qui nous fait du bien à la rétine, surtout par rapport à la norme du genre en 2024. Les séquences d’action sont renversantes, et les combats dans l’arène sont incontestablement les meilleurs moments du long-métrage. Des affrontements violents, sanglants, qui n’ont rien à envier à la superbe séquence sur la planète des Harkonnen dans Dune 2. Ridley Scott met le paquet, remplit le Colisée d’eau et offre quelques décapitations frontales qui nous rappellent que la violence peut être à propos. On regrettera simplement une scène d’ouverture un peu brouillonne, en deçà du reste du film, et des babouins aux CGI un peu douteux (vous verrez en regardant le film).
Des séquences d’action dingues donc, qui montrent toute la bestialité de Paul Mescal. L’acteur est ultra convaincant dans ce rôle physique, et parvient rapidement à s’approprier l’héritage de l’œuvre. Une appropriation aidée par l’écriture de son personnage dont la dimension de succession est largement développée. Fils de Maximus, son personnage doit jongler entre son envie d’indépendance, sa condition de gladiateur et son destin de Prince de Rome.
Quid des thématiques abordées ?
Et c’est peut-être dans cette dimension que Gladiator II est un peu plus faible. Les trahisons, les conspirations, les machinations sont un peu plus mécaniques que dans l’original. Le scénario, plus faible que celui du premier Gladiator, ne permet pas d’emmener ses pérégrinations vers des sphères d’écriture supérieures. En résulte un scénario assez basique, une sorte de relecture du film original qui fait de Gladiator II davantage une série B que son prédécesseur. En fait, l’écriture de Gladiator II est plus proche de la série Spartacus que du volet original avec Russel Crowe. Mais en soit, ce n’est pas si grave. Cela évite le parfait copier-coller du film original, et permet d’emmener cette suite dans une autre ambiance, vers un autre horizon : celui du divertissement old school, série B musclée et violente.
Le film évite également le fan service stupide. Pas besoin d’avoir réellement vu le premier Gladiator pour apprécier cette suite. Ridley Scott parvient à trouver le juste équilibre entre suite perspicace et respectueuse, et récit nouveau et indépendant. En fait, la seule véritable connexion entre les deux films est le personnage de Connie Nielsen, de retour dans la peau de Lucilla. Et puis, Scott est sympa avec son public et place çà et là de courts flash-backs pour recontextualiser son intrigue.
En tout cas, Gladiator II est une pure réussite, qui doit beaucoup au charisme de Paul Mescal, à la réalisation de Ridley Scott, mais aussi et surtout à l’interprétation dingue de Denzel Washington. Le comédien est d’une précision chirurgicale dans un rôle ambigu, charismatique et d’une prestance folle. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi inspiré et bon dieu que ça fait du bien !