Amazonie : l’état inquiétant de la forêt au Suriname

Amazonie : l'état inquiétant de la forêt au Suriname

Une étude récente dévoile les effets dévastateurs des concessions minières et forestières illégales sur les terres des Saamaka, qui gèrent 1,4 million d’hectares de forêt en Amazonie. Des terres cédées illégalement par le gouvernement surinamais.

32 % ! C’est la proportion des terres Saamaka cédées illégalement par le gouvernement surinamais pour des exploitations minières. 60 000 hectares de forêt ont été détruits et affectant le mode de vie des populations locales : chasse, pêche, agriculture et récoltes durables.

Cette partie du territoire Saamaka a été cédée malgré une décision de la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) datant de 2007. Celle-ci exige la protection des droits fonciers des Saamaka et le gouvernement n’a pas respecté ce jugement, laissant les industries détruire la forêt.

La sécurité alimentaire en péril 

Landmark, le système géospatial ayant permis l’étude, fournit désormais aux Saamaka des preuves concrètes de ces atteintes, ce qui, selon le chercheur Jeremy Bourgoin, géographe au Cirad et Co-auteur de l’étude, leur permet de « montrer comment ces activités empiètent sur leurs terres ». Hugo Jabini, fils d’une cheffe de village et petit-fils de l’ancien chef du village de Tutubuka, met en garde contre les impacts sur l’environnement et la sécurité alimentaire des Saamaka :

« Quand vous voyez des gens extérieurs à votre communauté venir et commencer à détruire la forêt et à polluer votre eau, c’est une menace sérieuse » 

Depuis les années 1960, les Saamaka subissent des atteintes à leurs droits avec des projets de développement forcés, comme le barrage d’Afobaka, qui a déplacé des milliers de personnes, et les exploitations minières polluantes. Ces projets ont gravement endommagé leur environnement et leur mode de vie, menaçant leur survie culturelle et leur intégrité.

En réponse, les Saamaka ont organisé leur première manifestation le 28 juin 2024, et ont remis une pétition le 3 juillet dernier pour exiger l’application de leurs droits. Si leur mobilisation est historique dans le pays, l’état de la forêt amazonienne inquiète aussi les pays voisins.

N.D.L.R : Les Saamaka, l’un des six peuples autochtones du Suriname, représentent 20 % de la population du pays. Descendants d’Africains ayant échappé à l’esclavage (marronage), ils ont signé un traité de paix avec le gouvernement colonial néerlandais en 1762, garantissant leur liberté et leur territoire. Ils ont alors développé une société autonome fondée sur leurs propres coutumes et pratiques culturelles. 

Vers une désertification de l’Amazonie

D’ici à 2050, la forêt amazonienne sera un gigantesque désert. Les chercheurs de l’université brésilienne de Santa Catarina, et de l’université anglaise de Birmingham, ont publié une étude commune qui arrive à cette conclusion :

« Les perturbations sont de plus en plus courantes au cœur de l’Amazonie. Or, lorsqu’elles agissent en synergie, il peut se produire des transitions écosystémiques inattendues, y compris dans des zones auparavant considérées comme résilientes. Dans les forêts humides de l’ouest et du centre de l’Amazonie par exemple. »

L’Amazonie subirait la pression de températures toujours plus extrêmes, des déforestations intenses et des phénomènes d’érosions. Les chercheurs expliquent que celle-ci se retrouverait dans une dégradation si importante que des plantes opportunistes proliféreraient. Par exemple, le bambou qui est particulièrement inflammable. À noter que depuis 2019, les incendies ont augmenté de 34 %.

En 2023, la forêt Amazonienne a été réduite de moitié. Et dans la région du Cerrado (Brésil), celle-ci s’est accrue de 43 %.

Ainsi, l’Amazonie est à un point de bascule dramatique. Déjà en 2020, une étude parue dans la revue Nature Communication estimait la disparition de l’écosystème amazonien en 2070.

Si le point de non-retour se reproche à grands pas, pour les scientifiques, tout n’est pas perdu. Les pays amazoniens sont invités à échanger à ce sujet, essayer d’endiguer la déforestation et de préserver son écosystème. La Cop 30, du 10 au 21 novembre 2025, pourrait être la dernière chance à saisir.

À Camopi (à l’extrême gauche de la Guyane), les piroguiers permettent aux habitants de se déplacer, unique moyen de transports entre villages. Mais les périodes de canicule récurrentes sont parmi les conséquences du réchauffement climatique. Et les Camopiens sont parmi les premières victimes de la sécheresse de l’Amazonie. On vous laisse donc découvrir ce mini-documentaire édifiant ci-dessous ! 

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Sources : 

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