Connaissez-vous l’histoire de la sordide affaire criminelle dite l’Affaire des poisons ? Une série de scandales qui éclaboussa le long et flamboyant règne de Louis XIV !
Tout commence avec une mystérieuse marquise…
Qui n’a pas peur des poisons ? Peu de personnes en ce qui concerne la haute aristocratie qui papillonne autour du brillant Louis XIV, où chaque mort un poil inattendue est sujette aux pires rumeurs d’empoisonnements. Alors, quand l’Affaire des Poisons éclate à l’aube des années 1670, certains pensent avec amertume aux étranges morts de Charles-Emmanuel II ou d’Henriette d’Angleterre…
Nous sommes en 1672 quand l’officier endetté Godin de Sainte-Croix décède d’une mort naturelle. Une disparition banale qui laisse derrière elle un terrible coffret comprenant de très compromettantes lettres écrites de la main de la marquise de Brinvilliers, sa maitresse.
Des aveux écrits de la marquise qui n’hésite à confesser dans ses lettres le meurtre de son père et de ses frères sur fond d’histoire d’argent. On convoque alors immédiatement celle que certains appellent « La Brinvilliers » à comparaitre pour avouer ses crimes. On la retrouve après une longue fuite à Liège en 1673. On y découvre une femme brisée, violée et victime d’inceste depuis son enfance. Elle est enfermée le 6 avril 1676 à la Conciergerie pour finir par être condamnée à mort.
Une terrible affaire que Madame de Sévigné décrira dans ses écrits comme « Cette affaire qui occupe tout Paris ». Un phénomène médiatique qui passionne les foules, mais qui commence à faire trembler les hautes sphères du pouvoir. Louis XIV et ses conseillers le savent, l’affaire de « La Brinvilliers » n’est que l’arbre qui cache la forêt. Nous sommes en 1676. Trois ans avant l’éclatement de ce que l’histoire retiendra comme « L’Affaire des poisons ».
« Sur l’affaire de Mme de Brinvilliers, je crois qu’il est important que vous disiez au premier président et au procureur général, de ma part, tout ce que de gens de biens comme eux doivent faire pour déconcerter tous ceux de quelque qualité qu’ils soient qui sont mêlés dans un si vilain commerce. »
Louis XIV à Colbert.
L’Affaire des poisons : l’embrasement des dessous dorés de Versailles
Trois années de déni passent avant que l’Affaire des poisons ne ressurgisse du passé pour hanter les rêves du Roi-Soleil. On dit qu’il existerait dans les bas-fonds de Paris un véritable réseau d’empoisonneuses dont les clientes seraient principalement des femmes de la haute société. Certaines seraient même très proches du roi lui-même. Des noms commencent à sortir, tandis que les arrestations débutent. On interpelle ainsi : Madeleine de La Grange, la femme Bosse, la Vigoureux, la Trianon et, la plus terrible, Catherine Monvoisin, dite « la Voisin ». Une armée de diseuses de bonne aventure qui dans leurs aveux admettent leur culpabilité en confirmant les rumeurs qui terrifiaient le monarque. Des proches à lui sont impliqués.
Le scandale devient gros, beaucoup trop. On institue alors un tribunal spécial dédié à cette affaire nommée la « Chambre ardente« , sous la houlette de La Reynie, un imminent lieutenant de police. Il découvre ainsi les méfaits de la belle-sœur de Madame de Montespan ou de Mesdemoiselles des Œillets et Cato (femmes de chambre de Madame de Montespan).
Catherine Monvoisin est de son côté exécutée en 1680. Sa fille, Marie-Marguerite Monvoisin, en profite alors pour faire une dernière confession qui mettra un coup définitif à la réputation de Louis XIV. La maitresse en titre du roi, Madame de Montespan, était une des clientes principales de sa défunte mère. Celle-ci aurait même participé à des messes noires et aurait tenté à plusieurs reprises d’envoûter son royal amant. On dit alors que la toute récente et mystérieuse mort de la rivale de la Montespan, Marie Angélique de Fontanges, serait en réalité le fruit de la diabolique maitresse.
Le sang du roi en jeu : la fin de L’Affaire des poisons
Les rumeurs d’empoisonneuses dans la couche royale finissent par monter aux oreilles de Louis XIV, qui panique à l’idée que sa propre maitresse et mère de ses bâtards royaux puisse être une des têtes de cette affaire. La Chambre Ardente est alors dissoute en 1682 sous ses ordres, après avoir, en seulement trois ans, auditionné 422 accusés pour 36 condamnations à mort. On enferme par lettre de cachet les accusatrices de la Montespan qui, de son côté, entre en disgrâce définitive.
Louis XIV déclare ainsi que l’Affaire des poisons reste et restera un « éternel oubli ». Il ordonne de faire brûler la plupart des documents de police consacrés à l’affaire. La personne du roi, l’incarnation de Dieu sur Terre, doit rester immaculée de tout scandale de la sorte. L’état est le roi. Seul celui-ci aura la chance d’emporter avec lui le secret de l’Affaire des poisons dans sa tombe.
Un scandale étouffé, dont il est difficile néanmoins de démêler historiquement parlant le vrai du faux. Un évènement de l’histoire hautement romanesque qui fut dépeint dans de nombreuses œuvres, telles que la saison 2 de la série Versailles ou le film L’Affaire des poisons (1955) par Henri Decoin. Un drame historique porté par Viviane Romance dans le rôle de La Voisin et Danielle Darrieux dans celui de Madame de Montespan.