C’est bien connu, l’une des dernières phrases de la légendaire reine d’Écosse Mary Stuart fut sa devise adoptée en captivité. « En ma fin est mon commencement », une citation qui traversa le temps pour se nicher, à l’heure où nous écrivons ces lignes, dans tous les manuels d’histoire. Quelle était l’origine de ces mots ? Peut-être une chanson popularisée au Moyen Âge !
8 février 1587 : Mary Stuart est exécutée
Revenons des centaines d’années en arrière, le jour où celle qui fut un temps reine d’Écosse et reine de France fut condamnée à une sanglante décapitation.
On prépare la reine déchue qui, accusée de complot contre la reine Elizabeth 1ʳᵉ, s’apprête à être déshabillée avant son exécution. Une action qui révèle un jupon de velours et une paire de manches d’un brun cramoisi, la couleur liturgique du martyre dans l’Église catholique. La reine partira en martyre chrétienne. On lui noue un bandage autour des yeux, on l’invite à s’asseoir devant le billot sur lequel elle pose sa tête et étend ses bras. Prête à accueillir la grande faucheuse, celle-ci prononce d’un air sombre ses véritables derniers mots In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum (« Entre tes mains, ô Seigneur, je remets mon esprit »).
Le bourreau tape une première fois sur le coup de la quadragénaire, puis une seconde et une troisième. La tête se détache finalement pour s’échapper des mains de l’exécutant qui l’avait saisie par la perruque. On présente la tête à la foule, certains disent avoir vu ses lèvres bouger comme une dernière prière. Celle qui fut un temps la presque reine d’Angleterre est officiellement partie. Une fin tragique qui marque le commencement de sa légende.

« En ma fin est mon commencement » : l’origine
D’où vient cette citation adoptée par la souveraine, qu’elle brode quelque temps avant sa mort sur une de ses pièces ? Eh bien probablement d’une chanson composée 150 ans plus tôt ! Son nom : Ma fin est mon commencement de l’artiste Guillaume de Machaut (1300-1377).
Un compositeur, écrivain et ecclésiastique français qui marqua en son temps la production artistique européenne ! Un héritage artistique et lyrique s’élevant à près de 400 poèmes, dont 248 ballades, 76 rondeaux, 39 virelais, 80 lais, 10 complaintes et 7 chants royaux ! Un artiste ouvertement moderne qui, à sa mort, inspire de nombreux autres amateurs d’art tels qu’Eustache Deschamps, Jean Froissart, Christine de Pizan, René 1ᵉʳ de Naples et Geoffrey Chaucer.
Ma fin est mon commencement fait ainsi partie des 76 rondeaux (poème à forme fixe sur deux rimes avec des vers répétés) composés par le poète, dont seulement 22 furent mis en musique.

Y a-t-il alors un lien avec la devise de la célébrissime Mary Stuart ? Probablement, selon le médecin, psychiatre et diplômé d’histoire de la médecine Stéphane Clerget ! À l’occasion de son intervention sur l’émission Sous les Jupons de l’Histoire consacrée à Mary Stuart, celui-ci déclare que la devise de la reine fut en réalité tirée d’un « titre d’une chanson du Moyen Âge (sans préciser le titre et l’auteur) écrite 150 ans avant, qui était encore un « tube » à l’époque ». Inspiration, coïncidence ou un peu des deux ? Impossible de le prouver.
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Sources :
- Mary, Queen of Scots – Wikipédia
- L’énigme de Marie Stuart – Michel Duchein
- Liste des compositions de Guillaume de Machaut – Wikipédia
- Guillaume de Machaut – Wikipédia
- Sous les Jupons de l’Histoire – Marie Stuart (2016)