« Mon Petit Renne » : histoire d’un traumatisme [critique]

"Mon Petit Renne" : histoire d'un traumatisme [critique]

Il arrive parfois qu’on tombe sur des projets si personnels qu’ils nous marquent d’une manière différente des autres. Des œuvres qui donnent à l’intime une perspective singulière, dont on admire la force de l’exutoire. C’est le cas de Mon Petit Renne, la mini-série qui a fait un carton sur Netflix. Si l’on pense rentrer dans un thriller qui suit la stalkeuse d’un jeune barman, on se retrouve en réalité comme dans la tête de son créateur, auteur et interprète. Une histoire vraie poignante qui déborde d’humanité. 

« Inspiré de faits réels »

On entend toujours cette phrase dans des contextes sensationnalistes, surtout dans le genre du true crime. Mais ici, l’histoire de Richard Gadd laisse un sentiment de réalité rarement égalé. On le suit dans un moment étrange de son existence. Aspirant comédien, il joue sur scène quand il le peut, mais travaille dans un bar pour vivre. Il y rencontre Martha, une femme plus vieille que lui qui va vite tomber sous son charme. Sauf que, mauvaise pioche, Martha est une stalkeuse qui va faire de sa vie un enfer.

Ce qui rend Mon Petit Renne si réel, c’est avant tout son honnêteté. Le personnage central est un paumé pathétique qui enchaîne les décisions discutables. Il ne se cache pas d’être un vrai connard à de nombreux moments et de faire du mal à ceux qui l’entourent. Il ne le fait pas exprès, mais c’est comme ça, c’est un être humain et il ne parvient pas à se remettre la tête en place. Et puis petit à petit, on le comprend. On apprend à le connaître avec une profondeur intense. C’est un journal intime aux yeux du monde.

Mon Petit Renne sur Netflix

Ce qui se passe dans la série peut provoquer le dégoût, la peur et la tristesse intense. Une œuvre de fiction peut accomplir cela de multiples manières, mais ici elle le fait en provoquant des sentiments viscéraux. De ressentis assez généraux à des traumatismes plus spécifiques, la proximité que crée la série avec son spectateur est impressionnante. On n’avait pas ressenti ça chez Netflix depuis la fin de Bojack Horseman

Aussi techniquement brillant que sincère

L’histoire de Mon Petit Renne est également très bien construite d’un point de vue plus narratif. Les événements montent crescendo, et une fois qu’on y est empêtré on ne peut plus s’en défaire. Une fois embarqués dans la tête de notre personnage, il est difficile de descendre du train. Un binge-watch presque addictif où se mélangent la curiosité malsaine et l’empathie profonde.

C’est presque une tranche de vie, une histoire efficace qui commence à un point A pour terminer à un point B. Mais entre temps, on zigzague à travers les multiples évènements sans jamais se perdre. Le développement de personnage est également magistral, et cela va bien évidemment de pair avec l’honnêteté brutale de l’écriture.

Mon Petit Renne sur Netflix

En fait, il y a une cohérence globale qui en fait un petit bijou artistique. La sincérité éclatante de la chose est englobée par une écriture minutieuse, une direction artistique brillante et un casting stellaire qui remplit son rôle à la perfection que ce soit ensemble ou individuellement.

Mon Petit Renne est une véritable pépite. Elle aborde de nombreux sujets extrêmement difficiles et elle le fait sans filtre, à travers l’expérience d’un homme qui s’est servi de sa série comme exutoire. Une mini-série très touchante qui ne laissera personne indifférent. Attention aux âmes sensibles tout de même, l’expérience pourrait être un peu trop ardue. Mon Petit Renne est disponible dès maintenant sur Netflix

Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News 

La bande-annonce de Mon Petit Renne

Rédactrice cinéma, séries et jeux vidéo spécialisée dans la FGC.

One Reply to “« Mon Petit Renne » : histoire d’un traumatisme [critique]”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *