1922, réalisé par Zak Hilditch, est sorti en octobre 2017 sur Netflilx. Adaptation du roman court éponyme de Stephen King paru en 2010 dans le recueil Nuit noire, étoiles mortes, le film semble naviguer entre les genres film d’horreur « classique », thriller horrifique et drame psychologique. Malheureusement, cette hésitation se ressent à l’écran. Et cela explique en partie pourquoi le spectateur peine à se plonger dans le long-métrage, malgré un fort potentiel sur plusieurs aspects…
Synopsis
Wilfred, sa femme Arlette et leur adolescent Henry, vivent tous trois dans une maison, à côté de la ferme qu’ils possèdent et dans laquelle Wilfred et son fils travaillent d’arrache-pied depuis toujours. Seulement, Arlette rêve d’une nouvelle vie en ville où elle pourrait concrétiser ses rêves professionnels. Mais c’est sans compter sur le profond attachement que Wilfred éprouve pour ses terres, pour lesquelles il a tout sacrifié. Face aux menaces d’Arlette, Wilfred ne trouve qu’une solution pour mettre fin à ce conflit : l’assassiner. Il va même jusqu’à demander de l’aide son fils pour cacher le corps de sa propre mère… À la suite de ce drame, une malédiction semble s’être abattue sur Wilfred et son fils…
Critique : la réalisation
1922 se veut être un film parfois morbide, souvent froid, avec une tension et un dégoût croissant. Mais le pari n’est malheureusement qu’à moitié relevé. Les intentions du réalisateur sont pourtant clairement visibles. Mais elles restent, pour la plupart, traitées de manière maladroite, ou trop en surface.
D’un point de vue scénaristique, la relation entre Wilfred et Arlette n’est pas assez exploitée. On arrive finalement rapidement à la scène de meurtre, sans vraiment avoir pu ressentir le trop-plein d’émotions qu’est censé avoir accumulé Wilfred. L’acte paraît donc assez brusque et soudain dans la chronologie. Et cela impacte durement le reste du film. On ressent en effet par la suite certaines longueurs, ainsi que des redondances dans la réalisation ainsi que la mise en scène. Certes, les plans longs et les répétitions peuvent, lorsque bien utilisés, servir à retranscrire l’atmosphère lourde dans laquelle se trouve les personnages. Mais ici, cette surexploitation tue l’effet sûrement désiré par l’auteur.
Malgré quelques idées créatives sur la photographie par exemple, les plans trop longs ou trop rapides ainsi qu’un cadrage parfois ambigu décontenancent rapidement le spectateur. Et cela tend à rompre l’ambiance pesante que le film essaie d’instaurer. Les choix artistiques sont en revanche très pertinents sur la deuxième partie du film. Ces derniers restent centrés sur la folie et la solitude de Wilfred, mais là encore, ce n’est que temporaire.
1922 : des acteurs à la bande-son, un potentiel solide
En revanche, là où le film est irréprochable, c’est bien sur le jeu d’acteur de Thomas Jane (Wilfred) et Dylan Schmid (Henry), incarnant respectivement le père et le fils. Le potentiel réel du film réside dans ce jeu juste et touchant que nous offre les deux acteurs. Wilfred réussi à nous paraître attachant malgré avoir commis un acte de sang-froid et malgré son attitude glaciale. Jane nous propose là une palette d’émotions riche, qui permet au spectateur de recentrer son attention sur un père et un mari brut, qui reste malgré tout humain. Une douce décente dans la folie la plus morbide qu’il soit.
Pour ce qui est de Molly Parker et de son interprétation d’Arlette, sa brève apparition reste plutôt bonne. Mais son jeu est très vite décrédibilisé par son maquillage de morte-vivante qui frôle le ridicule… Un effort de plus pour tenter de rentrer dans la case « film d’horreur », mais le résultat s’avère plutôt maladroit et parfois inapproprié.
Les musiques sont, elles-aussi, très intéressantes et justement choisies. Elles sont d’ailleurs si justes, vis-à-vis du propos que le film tente de tenir, qu’on aurait aimé en entendre davantage… Encore une fois, du potentiel mal exploité.
En bref, 1922 reste un film avec des idées innovantes qui, malgré cela, tombe dans les clichés faciles du film horrifique et se perd dans son propos à travers des choix pas assez tranchés en terme de réalisation. Serait-ce dû aux limites budgétaires imposées par Netflix ? Ou simplement par pure maladresse ? À vous d’en juger…
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