Le 19 novembre 2020 sera la date de diffusion du dernier épisode de Supernatural, série horrifique commencée en 2005. En 15 ans, la série a eu le temps d’atteindre des sommets, ainsi que des profondeurs moins enviables. Comment peut-on expliquer un succès aussi long pour une série prévue au départ pour durer 5 ans ? Tour d’horizon de son contenu.
En 2005, Eric Kripke soumet à la chaîne WB une proposition de série horrifique, basée sur les légendes urbaines américaines. Du pitch de départ, d’un journaliste en quête d’événements surnaturels, sortira un road trip de deux frères, chasseurs de monstres en tout genre, en combat perpétuel contre « les forces du mal ».
La WB (devenue CW en 2006) étant une chaîne mineure de la télévision américaine, le budget alloué ne permet pas d’avoir des effets spéciaux impressionnants. Qu’importe, le ton de la série se veut minimaliste dans ses effets, dans la suggestion de la menace.
Portée par Jensen Ackles (Dark Angel, futur Soldier Boy de The Boys?) et Jared Padalecki (Gilmore Girls), et épaulée par l’expérimenté Jeffrey Dean Morgan (Grey’s Anatomy, The Walking Dead…) en père assoiffé de vengeance suite à la mort de sa femme, la série propose une première saison assez intimiste. L’action se déroule dans des petites villes américaines, dans lesquelles on va pouvoir croiser tour à tour la Dame Blanche, Bloody Mary, une meute de vampires. Le fil rouge des premières saisons est la quête d’un démon aux yeux jaunes, assassin de leur mère une vingtaine d’années plus tôt.
Une ambiance atypique
C’est ce que l’on remarque en premier dans la série. Son ambiance particulière, ses teintes sombres, et son rock des années 60-70, présent à la fois en bande-son et en référence tout au long de la série. On est plongé dans l’Amérique rurale, loin des grandes villes et des gratte-ciels. Ici, la recherche d’événements surnaturels se fait en enquêtant dans des bibliothèques locales, auprès des voisins et en conflit avec la police locale. Les héros passent leur temps dans des « dinners » et des chambres de motel miteuses, ce qui se fond parfaitement à l’esprit « road-trip » du départ. La série prend le temps de développer sa mythologie, épisode par épisode, en commençant petit, avec des enjeux simples et clairs, et un fil rouge que l’on va prendre plaisir à suivre quelques épisodes par saison.
Dès lors que celle-ci sera bien fournie, les rencontres se voudront plus mémorables, les conséquences plus marquantes, mais toujours empreintes de la solitude de deux chasseurs de monstres n’ayant comme attache qu’une voiture de 1967.
La série joue avec les codes, nous gratifiant de vrais moments d’horreurs, mais permet également de prendre du recul avec les « épisodes spéciaux », poussant à son maximum l’humour et le cynisme des personnages principaux. Plongé dans un univers parallèle où Supernatural est une série TV, aux prises avec un Trickster qui les envoie dans d’autres séries télés, se mêlant à des dizaines de cosplayeurs lors d’une convention d’un livre qui reprend leurs histoires, ou plongés dans la chasse d’un changelin adepte des films noirs des années 30, certains épisodes révèlent de vrais pépites absurdes, mettant en relief un second degré déjà bien présent.
Une équipe soudée
Une série ne peut tenir sans avoir le soutien d’une fanbase, qui reste fidèle malgré les années qui passent, et surtout sans une équipe capable de tenir sur la longueur. On retrouve cette particularité sur Supernatural. Les deux personnages principaux, dont la complicité crève rapidement l’écran, ont emménagé ensemble et ont tissé une amitié extrêmement forte au fur et à mesure des années. Leur alchimie donne une ambiance particulière au plateau de tournage, souvent reconnu pour son ambiance de travail par les guests qui sont passés par lui (dont un mémorable couple formé par Charisma Carpenter et James Marsters, deux acteurs de Buffy).
Autour de ces deux héros se trouvent des seconds rôles devenus de plus en plus populaires, et de plus en plus importants. Notons celui incarné par Misha Collins, intégré aux affiches de promotion depuis la saison 6. Les acteurs sont fidèles au show, qui tente de se réinventer au fur et à mesure des années. Et ce n’est pas Jared Padalecki qui dira le contraire, puisque il se sera marié en 2010 avec Genevieve Cortese, qui a joué dans la saison 4.
En effet, Eric Krikpe, créateur et showrunner des 5 premières saisons, avait prévu un arc de 5 ans, au bout duquel il conclurait la série. C’est ainsi que tout naturellement, une fois au bout de son idée, il passa la main à Sera Gamble, coproductrice du show. Ainsi, elle pu à son tour explorer l’univers de la série. Ce qui n’a pas été forcément sans douleur.
Des défauts récurrents
C’est considéré comme une des principales faiblesses du show. Le changement de showrunner a donné lieu à une saison décriée par les fans, et qui a poussé une partie du public au décrochage. La saison 6, et la 7 dans une moindre mesure, sont à la recherche d’une nouvelle identité. En étirant ainsi le souhait de son créateur, avec une histoire basée sur le retour de Lucifer (interprété par Mark Pellegrino) sur Terre, sa conclusion proposait des enjeux bien plus faibles par la suite.
Et ce problème finira par être récurrent, au vu des nombreuses puissances et divinités que les frères auront à affronter. Ces histoires, étirées dans des saisons de 22-23 épisodes, iront également se perdre dans des épisodes de remplissages très inégaux, plus ou moins bien écrits et réalisés. Ces derniers seront d’ailleurs parfois desservis par le manque de moyens et d’ambition du show.
Une série forte de la CW
Supernatural, une histoire de fond universelle, celle de la relation entre deux frères bien différents l’un de l’autre, a su tirer son épingle du jeu des audiences. La chaîne qui la diffuse a toujours pu compter sur la série pour avoir des audiences régulièrement convenables. Si elle n’a pas pu concurrencer les plus grosses productions que sont les séries estampillées DC Comics, elle a su se placer dans le peloton de tête des audiences, devant The 100 ou Vampires Diaries, autres shows phares de la chaîne. Et cela tombe bien, puisque le directeur de la CW, premier soutien de la série, souhaitait la faire tenir le plus longtemps possible.
Quinze ans et 324 épisodes plus tard, l’histoire des deux frères va se terminer en cette fin d’année 2020. Presque autant d’histoires, de mythes et de légendes puisées dans la mythologie monothéiste, nordique, égyptienne, dans les légendes urbaines locales et les grands mythes fantastiques. Supernatural est une longue série, parfois poussive, mais capable d’offrir un large panel d’épisodes, drôles ou angoissants, parodiques, assumés, ce qui en fait, sans aucun doute, une des séries fantastiques les plus marquantes de ces 20 dernières années. A redécouvrir sur Amazon Prime Vidéo.
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