Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? Non, c’est Superman version James Gunn ! Après beaucoup d’attente, de spéculations et d’appréhension, le nouveau film du papa des Gardiens de la Galaxie débarque en salles, avec la lourde tâche de relancer l’univers de DC Comics au cinéma. Et on peut maintenant le dire, cette nouvelle version de Superman est un divertissement imparfait mais solide, qui pose des bases prometteuses pour le reste de l’univers DC.
Avec l’annonce de ce nouveau Superman, tout le monde se posait la question suivante : comment passer après la vision de Zack Snyder et son acteur phare Henry Cavill ? Et la réponse est simple : en prenant le contrepied de ce qu’a accompli Man of Steel. Après tout, Superman est un héros aux multiples facettes, que l’on peut interpréter de façons très diverses (sérieuse, fun, violente, feel-good…). Bref, il fallait faire différemment de Snyder, n’en déplaise aux fans complètement matrixés qui ne jurent que par cette vision, certes intéressante, mais qui n’était qu’une interprétation parmi tant d’autres.
Superman 2025 : un film fun, feel-good et sincère
On le sait, James Gunn aime les personnages haut en couleur, les images colorées et les ambiances feel-good. Si cela peut parfaitement s’appliquer au personnage de Superman, il y avait tout de même de quoi craindre que cela ne prenne trop le pas sur le reste, délaissant le symbole d’espoir qu’il représente. Cependant, il n’en est rien. Superman est traité avec une véritable sincérité, et même une certaine gravité par moments, qui fait plaisir à voir. James Gunn ne s’intéresse pas ici à la figure christique du super-héros, mais bel et bien à l’homme derrière la cape. En résulte une complicité bienvenue avec Clark Kent/Superman.
L’humour est évidemment omniprésent (James Gunn oblige…), et l’appréciation de son dosage dépendra du seuil de tolérance de chacun. De notre côté, nous l’avons trouvé assez bien géré la majorité du temps, même si celui-ci aurait pu se faire un peu plus discret dans les moments de calme, afin de mettre un véritable accent sur les moments plus sérieux. C’est d’ailleurs ce qui vient desservir certaines scènes, qui auraient mérité un peu plus de « Gravitas », afin de mettre une plus grande emphase sur les émotions.
Toujours est-il que dans son ensemble, Superman est un film cohérent dans son style et dans sa narration. Sincère, drôle et ne délaissant pas les enjeux géopolitiques, le long-métrage aborde de nombreux sujets, de façon assez pertinente.
Une critique à peine voilée de Donald Trump et de la politique
À l’heure où les Etats-Unis sont plus divisés que jamais et où son Président a des tendances dictatoriales, il n’est pas étonnant de voir la pop culture s’adapter. Certains suivent la tendance et évitent tout discours politique engagé, de peur de froisser les institutions… D’autres au contraire, décident de véhiculer un propos de fond par l’intermédiaire de leurs personnages. Et qui de mieux qui Superman pour représenter une lueur d’espoir, dans une Amérique qui n’en a plus ?
Ainsi, la métaphore sur l’actualité est des plus claires : Superman est un immigré clandestin extraterrestre, ce qu’on appelle aux USA « an illegal alien ». Oui, aux Etats-Unis, le terme « migrant » est souvent caractérisé par le mot « alien », ce qui prend tout de suite une tournure cocasse quand cet immigrant est LITTERALEMENT un alien. Dans un contexte de déportations massives dans le pays de l’Oncle Sam, Clark Kent devient ainsi l’allégorie parfaite de la condition des migrants dans ce pays. À cela s’ajoute un propos bienvenu sur la manipulation de l’opinion publique via les fake news, ou même au travers de « fermes à troll », un des outils favoris de l’extrême droite pour déstabiliser le débat public sur les réseaux sociaux.
En un mot comme en cent : Superman n’a pas peur de prendre parti contre Trump et contre l’extrême droite, et ça fait du bien. Nul doute que les gratteurs de buzz habituels ne manqueront pas de crier au « wokisme » ou d’expliquer qu’il ne faut « pas de politique dans nos films », démontrant une fois encore leur méconnaissance du cinéma, des comics et de la culture d’une façon générale.
Un film qui veut trop en faire ?
C’était le principal risque avec ce film qui doit relancer tout un univers super héroïque… Superman est un film qui nous présente beaucoup d’éléments, trop diront certains. Superman, Lois Lane, Jimmy Olsen, Lex Luthor, Guy Gardner (Green Lantern), Hawkgirl, Mr. Terrific, Metamorpho, Krypto… Le tout avec des intrigues géopolitiques, le parcours initiatique de Clark Kent et tout un tas d’éléments qui préparent pour les suites.
Fort heureusement, James Gunn a eu l’idée judicieuse d’inscrire son Superman dans un univers déjà bien établi. Le réalisateur a conscience qui nous connaissons cet univers dans les grandes lignes, tant il a été adapté au cinéma et à la télévision. Gunn ne s’embarrasse donc pas d’une origin story à rallonge et démarre son film avec des éléments déjà bien implantés dans l’inconscient collectif. Cela réussit à faire passer la pilule, mais le film n’en reste pas moins un peu chargé. Tellement chargé que certains éléments, comme la psychologie de Clark ou les enjeux politiques manquent d’épaisseur.
De surcroît, Gunn s’intéresse à tellement de choses à la fois qu’il en oublie parfois son sujet principal : Superman. Le personnage aurait mérité d’être un peu plus iconisé et que l’on s’intéresse un peu plus à son parcours initiatique, notamment avant qu’il ne devienne le superhéros que l’on connaît. Quelques minutes de développement n’auraient clairement pas nui au personnage, même si le focus sur son humanité aide grandement à nous attacher à lui.
Affection grandement aidée par le comédien David Corenswet, qui fait un excellent travail dans cette relecture du rôle. Malheureusement, Corenswet a pour défaut de ne pas être Henry Cavill, ce qui aura tendance à déplaire aux personnes qui ne supportent pas le changement. Mais qu’importe les esprits chagrin, il incarne à merveille le personnage. Rachel Brosnahan fait également un travail très correct en Lois Lane et, d’une façon générale, tout le casting s’en tire avec les honneurs. Mention spéciale à Nicholas Hoult, qui dégage une énergie assez intéressante en tant que Lex Luthor, posant des bases solides pour la suite de la saga.
Superman 2025 est indéniablement un départ très prometteur pour la future saga de DC au cinéma. Un départ imparfait, un peu surchargé et dont la direction artistique ne plaira pas à tout le monde, mais qui a le mérite de proposer une vision claire, engagée et positive du personnage. Un divertissement solide, comme James Gunn sait en proposer. Reste maintenant à savoir ce que nous proposeront les prochains films de la saga…
Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News