C’est bientôt Noël et les fans de rétrogaming ainsi que de Resident Evil viennent de recevoir un cadeau inattendu. Un site qui se spécialise dans la préservation des jeux perdus, a rendu publique une version quasi-finale du premier opus de la franchise horrifique de Capcom pour Game Boy Color. Un projet titanesque, annulé 25 ans plus tôt qui mérite vraiment qu’on en parle.
Retour sur le développement difficile de Resident Evil
Remontons le temps jusqu’en 1999. Alors que la console portable Game Boy Color règne sur le marché, le studio britannique HotGen reçoit une mission de la part de Capcom : adapter Resident Evil, le survival-horror emblématique de la Playstation sur la petite machine de Nintendo. Un défi tout bonnement impossible.
En effet, la PS1, avec son CD ROM capable de stocker 700Mo de données, permettait des décors en 3D pré-calculés, des voix digitalisés et des vidéos. La petite console portable de Nintendo n’avait aucune de ses compétences puisqu’elle ne possédait que des cartouches de quelques mégaoctets.
Les développeurs ont accompli des prouesses techniques remarquables : conservation des décors du manoir Spencer, reproduction des énigmes et aucune trahison de la structure narrative. Pour pallier les limitations matérielles, ils ont développé un système ingénieux de mise à l’échelle logicielle des sprites, transformant les personnages et zombies en silhouettes pixelisées mais facilement reconnaissables. Bien évidemment, les voix ont cédé la place à des bulles de texte. Après tout, si une adaptation de Alone in the Dark sur Game Boy Color était de haute facture, Resident Evil pouvait aussi connaître son heure de gloire.
« À l’origine, il devait représenter environ 35 % de la version PlayStation originale, et nous comptions allonger le scénario pour réutiliser les mêmes pièces. Cependant, au fil du temps, Virgin a augmenté la capacité des cartouches et a exigé davantage de contenu original. Si ma mémoire est bonne, j’avais créé un éditeur permettant d’aligner la 3D sur les écrans et de placer les objets, etc. Je crois que la dernière version que nous avons réalisée n’incluait pas la totalité du contenu que Martin Smith et moi-même avions créé. »
Nigel Speight pour Games That Weren’t.
Cependant, le studio allait prochainement se confronter à une annulation totale du projet alors qu’ils étaient sur le point de l’achever. La raison officieuse, rapportée par Peter Frith, assistant programmeur du jeu, relève que le créateur de Resident Evil ne pensait pas que la console Game Boy Color était digne pour porter son œuvre. Un veto artistique qui a mis fin à des mois de travail acharné.

Resident Evil était bien arrivé sur Game Boy mais ce n’était plus le même !
Ironiquement, Capcom a bien fini par sortir un Resident Evil sur Game Boy Color, mais pas celui de HotGen. En décembre 2001, Resident Evil Gaiden, développé par le studio M4 Limited débarquait sur la console portable. Avec Barry Burton et Leon Kennedy comme protagonistes, le jeu se déroulait sur un paquebot de croisière envahi par les morts-vivants suite à une mauvaise expérience de la diabolique firme pharmaceutique Umbrella.
Gaiden adoptait une approche très différente. Pour exemple : l’exploration se faisait par une vue isométrique avec des passages en vue subjective pour les combats. Toutefois, bien que le créateur du sous-estimé Resident Evil Code Veronica sur Dreamcast était impliqué, Gaiden n’a jamais été considéré comme canonique. Quelle tristesse lorsque l’on connait son twist final sur le sort indéterminé de Leon…

Un jeu ressuscité 25 ans plus tard !
Aujourd’hui, le rêve est réalisé pour les fans de rétrogaming. Les joueurs peuvent revivre les évènements du premier opus sur Game Boy Color pour la première fois, comme l’équipe de HotGen l’avait imaginé. Au-delà de la simple curiosité, cette découverte résonne comme un message fort sur la préservation du patrimoine immense que représente le jeu vidéo. Combien de jeux, de prototypes, de visions artistiques dorment dans des disques durs oubliés ? Le travail du site Games That Weren’t est fabuleux et démontre l’importance de sauvegarder les témoignages d’une époque où les développeurs accomplissaient l’impossible avec un budget des plus minces.
Ce projet avorté de Resident Evil est surtout la preuve fondamentale que la petite console portable de Nintendo était capable d’obtenir des titres de très haute volée et qu’elle méritait que l’on s’intéresse de plus près à son catalogue qu’à seulement Pokémon (la version Jaune reste éternelle !).
Pour découvrir Resident Evil sur Game Boy Color, il suffit de se rendre sur le site de Games That Weren’t. En revanche, si vous ne possédez plus de Game Boy Color, vous pouvez toujours utiliser les consoles d’émulations Anbernic ou Retroid Pocket qui permettent de profiter de nombreux titres du rétrogaming, à condition de rester dans la légalité.
Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News


