Piper Alpha : la catastrophe pétrolière de 1988

Piper Alpha : la catastrophe pétrolière de 1988

Le 6 juillet 1988, une des plus grosses catastrophes de l’histoire de l’exploitation pétrolière est arrivée. La plateforme Piper Alpha, située en mer du Nord, prend feu jusqu’à sombrer dans la mer. Cette catastrophe entraîna la mort de 167 personnes.

Piper Alpha était l’une des plus anciennes plateformes pétrolières présentes en mer du Nord. Pendant l’incendie de cette dernière, les plateformes avoisinantes, Tartan et Claymore, ont continué à pomper du pétrole. Cela a contribué à entretenir le feu qui ne cessait de dévorer Piper Alpha, tandis que cela a également entraîné de multiples explosions. Mais avant tout, revenons aux bases de cet incendie, qui aura coûté la vie à une centaine de personnes.

21h45 : la pompe B de Piper Alpha tombe en panne

Aux alentours de 18h ce jour-là, une maintenance est prévue pour la pompe A et sa soupape de sécurité est alors retirée. De fait, lorsque les plongeurs travaillent à proximité de ces pompes, elles passent en mode manuel. Cela leur évite de se faire aspirer par ces dernières. Seulement, ce jour-là, l’information se perd à cause d’une mauvaise communication entre les employés. Alors, quand vers 21h45 la pompe B de la plateforme tombe en panne, le directeur se presse de remettre la pompe A en route.

De fait, l’arrêt des pompes entraîne d’énormes coûts. Ainsi, en fouillant dans les documents, il trouve comment remettre la pompe A en marche. S’il a trouvé la feuille parlant de la révision de cette dernière, il n’a cependant pas trouvé celle qui avertit l’équipe de sa maintenance. Par conséquent, le directeur ne sait pas à ce moment-là que la pompe A ne doit absolument pas être remise en marche. Personne ne sait que la soupape de sécurité a été enlevée.

C’est donc à cause de cette information manquante que la pompe A est remise en route, en toute innocence. Pourtant, cette décision s’avère fatale et ce, dès les premières minutes. Quelques minutes plus tard, le gaz circule et une surpression se produit, due à l’absence de soupape de sécurité. La plaque d’obturation cède et une fuite de gaz se déclare. Quelques instants plus tard, aux alentours de 22h, une première explosion retentit sur la plateforme.

22h04 : un incendie dévastateur prend le contrôle de la plateforme

Dès que l’explosion survient, un technicien appuie sur le bouton d’arrêt d’urgence et la production de gaz et de pétrole s’arrête subitement. Malheureusement, les murs de Piper Alpha sont faits pour résister à un feu, pas à une explosion. Ainsi, le feu se propage rapidement. De plus, pour rappel, les pompes – donc le système de lutte contre l’incendie – sont en mode manuel. Des employés essayeront d’aller remettre le système en marche et ne seront jamais revus. A 22h04, la salle de commande est abandonnée par les employés qui appellent tout le monde à bord à rejoindre les canots de sauvetage. Malheureusement, le feu est trop rapide et ils se retrouvent vite coincés, sans pouvoir atteindre le point de rassemblement.

« On n’a même pas eu le temps de mettre à l’eau un seul canot de sauvetage. »

Témoignage d’un des rescapés (Le Monde)

A la place, ils décident de se rassembler sous l’hélipont, dans l’attente des secours. Cependant, le vent et la puissance de feu empêcheront les hélicoptères de s’approcher de la plateforme. Si la production de pétrole s’était arrêtée, les plateformes de Tartan et Claymore n’ont pas cessé leur production dans le réseau. Elles ne reçoivent aucune permission de stopper leur activité et cela entraînera de nouvelles explosions, ainsi que l’accélération de la propagation inexorable de l’incendie. Piper Alpha est devenue une véritable forteresse enflammée.

A 22h20, la conduite de gaz de Tartan se rompt et trois tonnes de gaz par seconde s’échappent. Ces dernières prennent aussitôt feu. Quelques minutes plus tard, un navire de sauvetage, le Tharos, essaye de s’approcher de cette forteresse de flammes pour porter secours aux employés toujours coincés. Malheureusement, une seconde conduite de gaz explose. C’est seulement après cette seconde explosion que Claymore cesse son activité.

23h50 : Piper Alpha sombre dans la mer

La mission de sauvetage du Tharos est interrompue : l’incendie est bien trop violent. La plateforme est protégée par des murs de flammes, s’élevant d’une centaine de mètres dans le ciel. Piper Alpha finit par sombrer dans la mer aux alentours de minuit. Cette nuit-là, sur les 226 personnes présentes à bord de la plateforme, 167 perdront la vie. Parmi ces victimes, on retrouve essentiellement des membres de l’équipe de jour qui, lorsque l’incendie s’est déclaré, étaient pour la plupart dans leurs quartiers. Ces derniers ont été piégés par les flammes.

La catastrophe de Piper Alpha en 1988
Le mémorial de Piper Alpha, érigé en la mémoire des victimes de la catastrophe à Aberdeen en Ecosse. (Wikimedia Commons/Lizzie)

Un bilan colossal face à la violence inédite d’un incendie ravageur. L’équipe de nuit, quant à elle, a été plus « chanceuse ». Dès leur arrivée, ils purent comprendre la catastrophe qui s’apprêtait à arriver. La plupart d’entre eux réussirent à fuir à temps en se jetant à l’eau. L’un d’entre eux a d’ailleurs plongé à plus de 60 mètres de haut.

« Il n’y avait qu’une seule solution : sauter dans la mer, mais une partie de celle-ci était déjà en feu. »

Témoignage d’un des rescapés (Le Monde)

Ainsi, Piper Alpha enchaîna les catastrophes cette nuit du 6 juillet 1988. C’est sans conteste l’une des plus grandes catastrophes de l’exploitation pétrolière, tant le bilan est lourd. Et tout cela partit d’une mauvaise communication concernant la maintenance d’une des pompes. Cette erreur aura coûté la vie de la majorité des employés, malheureusement présents ce jour-là.

 

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