Olympe de Gouges : femme révolutionnaire au destin tragique

Olympe de Gouges : femme révolutionnaire au destin tragique

Son nom n’est pas celui que l’on retrouve le plus dans les manuels d’Histoire… Pourtant il y a un peu plus de 230 ans, Olympe de Gouges rédigeait la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Retour sur le parcours de cette femme avant-gardiste. 

Une féministe avant l’heure

Née dans un milieu populaire le 7 mai 1748, Olympe est devenue une femme de lettres. Bravant les difficultés liées à son milieu d’origine (notamment l’exclusion et l’illettrisme) et de sa condition de femme, Olympe a réussi à se faire entendre par ses pièces de théâtre et sa prise de position politique.

Olympe sera considérée comme une femme extrêmement moderne pour son époque. Après la mort de son mari, elle refusa de garder son nom et prit le nom d’Olympe de Gouges. Elle refusa ensuite d’épouser l’entrepreneur Jacques Biétix de Rosières. Ce qui lui aurait pourtant garanti une vie confortable.

De plus, tout au long de sa vie, elle défendra les minorités et ceux victimes d’injustice au travers de pièce de théâtre, brochures politiques, affiches. Elle prit le parti de se battre aux côtés de ceux que la société laisse de côté, comme les personnes de couleurs, les femmes, les pauvres, les malades…  

Elle s’opposa à la condition des noirs avec la pièce de théâtre Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage en 1785. Olympe est d’ailleurs l’unique femme a faire partie de la « Liste des hommes courageux qui ont plaidé ou agi pour l’abolition de la Traite des Noirs » de 1808.

Elle plaida pour l’égalité totale des droits entre tous les citoyens, sans distinction de sexe, couleur de peau ou revenu. Elle défendit le droit au divorce, voté le 20 septembre 1792. La féministe dénonça la peine de mort et l’interdiction du droit de vote pour les femmes. Elle se battit pour l’intégration de la femme dans la vie politique et pour un suffrage universel. La féministe contesta ainsi l’ordre établi. 

 

La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : un manifeste pour l’égalité des droits

Avec l’épisode révolutionnaire de 1789, de nombreuses femmes espèrent obtenir l’égalité des droits. Cependant, la majorité des députés veulent qu’elles conservent leur vie domestique. Ils acceptent certes d’accorder aux femmes l’émancipation civile avec le divorce créé en 1792. Mais les femmes ne sont cependant pas représentées politiquement. Pendant la révolution, Olympe fréquente le cercle social avec d’autres auteurs comme Condorcet.

Ce dernier, avec l’admission des femmes au droit de cité (3 juillet 1790) , demande l’égalité politique pour tous. Il souligne la contradiction avec la situation actuelle des femmes et la déclaration des droits de l’homme qui devrait être universelle. Olympe de Gouges rédige la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne le 5 septembre 1791. Elle y demande une pleine citoyenneté pour les femmes. Les clubs féminins soutiennent la jeune femme, ce qui n’est pas le cas des différents mouvements de la révolution. 

Description de cette image, également commentée ci-après

Elle parodie la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. On y retrouve les mêmes formules de phrases mais avec un point de vue féminin du côté d’Olympe. Ce texte est considéré comme un véritable manifeste féministe composé de 17 articles. Elle adresse sa déclaration à la « première des femmes » : la reine Marie-Antoinette.

La phrase la plus célèbre de cette déclaration sera :

« La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune » (article 10)

Cet article prendra d’ailleurs tout son sens lorsque nous savons comment l’histoire se termine… 

D’autres femmes se sont battues pour obtenir l’égalité des droits et des libertés sur tous les plans comme Etta Palm d’Aelders ou Théroigne de Méricourt. Mais elle restera comme la personnalité emblématique de ce mouvement. Elle est d’ailleurs considérée comme la première femme a avoir réclamé l’égalité des sexes dans les institutions. Au travers de ce manifeste, elle dénonce que la Révolution oublie d’inclure une grande partie de la population : les femmes.

Une révolutionnaire au destin tragique

 Sous la convention, elle rejoint le club des Jacobins. Elle sera hostile à la terreur. Elle s’opposera aux Montagnards et notamment à Robespierre qu’elle accuse de promouvoir une dictature et de la violence gratuite. Après la chute de la Gironde et de l’insurrection parisienne du 31 mai au 2 juin, elle se rapprochera des Girondins.

Mais elle sera arrêtée sous ordre de Robespierre le 20 juillet 1793 pour la rédaction d’un placard girondin, Les Trois Unes ou le Salut de la Patrie. Elle sera jugée le 2 novembre 1793 et guillotinée le lendemain. Au moment de son exécution, elle aurait déclaré « enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ! ».

Mais elle fut longtemps oubliée de l’histoire. Mirabeau déclara à son sujet :

« Nous devons à une ignorante de bien grandes découvertes. »

Elle sera redécouverte dans la seconde moitié du 20ème siècle, notamment avec sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Elle prônait ainsi le droit de vote pour les femmes, la fin de la peine de mort, la mise en place d’un impôt pour les plus riches (une sorte d’ISF avant l’heure), la féminisation des noms de métiers, un système de protection pour la mère et son enfant… Tout cela fut finalement mis en place au 20ème siècle.

 

Sources :

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