Non, Anne de Bretagne n’est pas responsable de la gratuité des autoroutes !

Il y a des personnages historiques qui marquent les régions. Des figures emblématiques qui participent à l’attachement fort qu’ont les habitants avec leur histoire locale. Anne de Bretagne est de celles-là. Mais si son influence a été remarquable à l’époque, elle n’est pas à l’origine d’un traité permettant, en 2020, de pouvoir rouler sur les autoroutes gratuitement dans la péninsule bretonne. Revenons sur cette histoire.

Anne est, dès sa naissance, l’objet d’intrigues et de convoitises importantes, de la Principauté de Galles au Royaume d’Angleterre, en passant par l’Empire Romain Germanique. Fille unique de François II, alors opposé au roi de France, elle sert de recours afin d’obtenir soutien et alliances dans la confrontation avec Charles VIII.

À la mort de son père en 1488, et malgré les traités de l’époque imposant un régent mâle, Anne se retrouve Duchesse de Bretagne, et sous tutelle du roi de France, qui finira par l’épouser trois ans plus tard.

De ce premier mariage, où elle fut malgré elle l’objet de batailles d’influences, s’ensuivra un second avec Louis XII, après la mort de son premier époux en 1498.

Revenue à l’administration de son Duché entre les deux noces, elle n’est plus la jeune femme vaincue qui a été contrainte à la noce. Désirant retrouver le rayonnement de sa lignée et de sa Bretagne natale, elle impose les conditions à son futur mari, ancien allié et ami. Ce dernier les accepte et signe le contrat de mariage en 1499. Cela implique notamment le retour d’Anne en tant que Duchesse et pleine héritière du Duché.

Et la légende voudrait que la circulation des biens et des personnes eût été libre et exemptée de taxes dans tout le Duché. Cette libre-circulation, toujours en vigueur aujourd’hui, expliquerait la non-taxation des autoroutes bretonnes.

Malheureusement pour la beauté de l’anecdote, aucune trace ne subsiste de cet arrangement. Et la vérité, si elle est moins théâtrale, est plus récente.

En 1968, le Gouvernement adopte une modernisation du plan routier breton, qui a pour but de relier la péninsule bretonne au reste du réseau Français. Les autoroutes de l’époque reliaient principalement les grands axes du pays sans desservir la Bretagne. Afin de relancer l’attrait économique de la région, le projet consiste alors à construire des voies rapides à travers tout le territoire. Et la dénomination est importante : ce sont des « voies rapides », et non des autoroutes, ainsi exemptées de taxes.

Une seule autoroute, inaugurée en 2003, relie Rennes et Caen, et se présente comme la première de Bretagne. Mais il se trouve que l’absence d’itinéraire parallèle rend automatiquement ce tronçon gratuit.

Si la vie d’Anne de Bretagne a été riche d’événements et de décision prise afin de renforcer le pouvoir de sa terre natale, elle n’a cependant pas de lien direct avec cet avantage bien connu des vacanciers. Il faut se référer aux raisons économiques d’après-guerre pour obtenir la vérité. Et si on peut être envieux de cette situation, il faut tout de même considérer que les frais d’entretien de ces routes, s’ils ne sont pas liés à un péage autoroutier, se trouvent dans les impôts des bretons.

 

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Sources :

 

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