« Luto » : la peur est une belle tristesse ! [TEST]

"Luto" : la peur est une belle tristesse ! [TEST]

Luto est une histoire sur la mort, comme le décrivait sa bande-annonce. C’est aussi une très bonne réussite pour le premier jeu de Broken Bird qui arrive à traiter du douloureux sujet qu’est la santé mentale ! 

Nota Bene : Nous avons testé Luto sur PS5. Une édition physique devrait arriver vers octobre 2025.

Luto est apparu pour la première fois en 2021, tandis que le monde avait les yeux rivés sur la supercherie Abandoned, soi-disant héritière du Silent Hills avorté de Hideo Kojima. Les années ont passé et le premier jeu du studio espagnol Broken Bird est enfin arrivé cet été pour nous faire frissonner, mais surtout nous attendrir. Cette petite production indépendante se présente elle-aussi comme un hommage à PT, la fameuse démo du jeu de Kojima et Del Toro que Konami a supprimée.

Mais contrairement à ses nombreux clones plus ou moins réussis comme Visage, Madison ou Evil Inside, Luto instaure une nouvelle identité. Tout en voulant angoisser, il porte avec lui le lourd message de la santé mentale et en fait une jolie plaidoirie d’une grande empathie.

Luto est un voyage dans les profondeurs de la douleur et de la tristesse. Une expérience psychologique, certes imparfaite, mais d’une intense sincérité alors qu’il aborde le deuil, l’anxiété et le traumatisme. Rares sont les jeux à traiter d’un tel sujet avec autant d’humanité. Le dernier en date pour nous étant Senua’s Saga Hellblade II, dans un tout autre registre.

Et vous ? Comment est votre maison lorsque vous n’allez pas bien ?

Intégralement à la première personne, les joueurs incarnent Samuel, un jeune homme piégé dans sa propre maison alors que ses démons intérieurs semblent prendre le dessus. En explorant les couloirs de son domicile, l’homme prisonnier revient régulièrement dans sa salle de bain. Que s’est-il donc passé ? Cette fois, dans Luto, il n’est pas question de jump-scares ou d’ennemis à vaincre, mais nous sommes seuls face à une solitude des plus pesantes.

Petite production oblige, le gameplay est très basique, mais n’en reste pas moins efficace. Vous ne trouverez pas d’armes et vous n’aurez pas besoin de vous battre, puisque vous ne croiserez personne. Toute la jouabilité de Luto repose sur l’observation et des énigmes très difficiles à résoudre (analyser un film, sonner trois fois au téléphone, etc.). On pourrait redouter l’ennui, mais le jeu de Broken Bird est visuellement somptueux et s’accompagne d’un design sonore qui emmène l’immersion à son paroxysme. C’est stressant, mais ce n’est jamais tétanisant. En revanche, c’est parfois compliqué de s’y retrouver et certains joueurs risquent vite de sortir la solution complète pour se dépanner. Ce serait fortement dommage.

Luto explose le quatrième mur ! Un peu trop…

Contrairement aux autres admirateurs de P.T, Luto reprend une mécanique du Playable Teaser de Kojima et Del Toro que tout le monde semble avoir oubliée : briser le quatrième mur. Tout au long de l’aventure dans le labyrinthe qu’est devenue notre maison, un narrateur inspiré du curieux The Stanley Parable commente nos actions, nous juge et nous pousse à comprendre le pourquoi du comment durant les 4 heures nécessaires pour finir le jeu. Une approche méta qui apporte aux joueurs quelques surprises de taille. Après tout, les développeurs viennent de trouver une façon miraculeuse de transmettre un message d’espoir face à la dépression et à tous les maux qui la constituent.

Hélas, et nous sommes navrés de le dire, Luto en fait parfois trop ! Surtout lors de son dernier acte ! Le titre de Broken Bird alterne les énigmes sans réponse cohérente, des faux bugs, des retours forcés au menu principal et un mini jeu complètement loufoque dont on ne divulguera rien.

Oui, la vie n’est qu’une scène, le quotidien est une succession de tâches pénibles que personne ne voudrait continuer, la dépression nous pousse à croire que le monde nous abandonne et que la promesse des jours meilleurs n’est qu’une chimère. Mais Luto est maladroit en voulant trop en faire, prenant le risque d’être incohérent avec ses thématiques. Oui, ce dernier acte nous a complètement perdus…

Luto est une petite réussite qui se distingue par son expérience si singulière. Cependant, il n’est pas adressé à tous les publics et pourrait rebuter certains d’entre nous. Pourtant, nous pouvons le remercier d’être aussi attentionné sur les thèmes horribles qu’il aborde, au risque de se perdre lui-même dans ses dernières heures. Ne fermez pas les yeux, restez attentifs à la détresse d’une personne. On se demande bien à quoi pourrait ressembler un Silent Hill si Broken Bird s’en emparait…

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Bande-annonce Luto

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