La cour d’honneur des Invalides se compose de soixante lucarnes de pierre. Un clin d’œil à François Michel Le Tellier, marquis du Louvois, s’est glissé parmi elles. Ce discret clin d’œil résulte de son anticipation au refus du roi de l’enterrer aux Invalides. Ainsi, Louvois a tout de même laissé une trace de son passage dans le monument.
François Michel Le Tellier (1639-1691) est le fils de Michel Le Tellier. Ce dernier associe rapidement son fils aux activités du secrétariat d’Etat à la Guerre. De fait, il arrive à la tête du ministère lorsque son père se retire et conservera ainsi sa place pendant 30 ans (1661-1691). Même si cette longévité n’a pas toujours été vue d’un bon œil, elle lui aura permis d’accomplir de grandes choses.
Celui qui a révolutionné l’armée
Ministre de la Guerre sous Louis XIV, Louvois a révolutionné l’armée française. Il l’a modernisée et l’a réorganisée, ce qui fait d’elle la première force en Europe désormais. De fait, il améliore le recrutement, prévient la désertion et lutte contre les fraudes à l’effectif. Ces améliorations permettent à l’armée d’atteindre un nombre sans précédent : 300 000 hommes, lorsque la guerre de la Ligue d’Augsbourg débute. Il introduit également le port de l’uniforme et se met à construire des casernes.
Louvois supervise aussi la construction de l’hôtel royal des Invalides. Lors de la construction, ce dernier appose ses armes aux côtés de celles du roi, Louis XIV. Cependant, le roi n’apprécie pas son audace et les lui fit retirer. De fait, les Invalides devaient être uniquement à sa gloire – et celle de l’armée, évidemment… Alors, Louvois obéit et enlève ses écussons. Néanmoins, il ne lâche pas l’affaire. Il compte bien laisser une trace sur cet édifice, peu importe l’avis de son roi – dont il défendra pourtant toujours la suprématie.
Le loup voit Louvois
Ingénieusement, Louvois s’incruste tout de même dans le monument. De fait, mettez-vous dos à la statue de Napoléon, repérez le sixième fronton en partant de l’empereur et vous trouverez un œil-de-bœuf surplombé par la sculpture d’un loup. En effet, vous l’aurez compris, il s’agit d’un loup qui observe la cour des Invalides, tout comme Louvois a observé la construction de l’édifice. Le loup voit… Louvois.
Il s’agit d’une évocation discrète du secrétaire d’Etat, afin de s’attribuer un peu de gloire de cette construction. Louis XIV, averti plus tard des manigances de son ministre, dira de lui qu’il le « reconnaît bien là ». A sa mort en 1691, Louvois a indiqué dans ton testament vouloir être enterré aux Invalides. Cependant, le roi ne le voyait pas de cette manière et a fait traîner les choses pour ne pas le laisser faire. Il fut alors finalement transféré en 1699 à l’église du couvent des Capucines de la place Vendôme.
Ainsi, Louvois aura réussi à se faire une place aux Invalides malgré les combines du Roi-Soleil pour l’en empêcher. De fait, les représentations sont toujours là, le loup voit toujours la cour d’honneur. Eh oui, Louvois a finalement été plus malin que son roi. Même s’il a échoué à être inhumé aux Invalides, ce dernier a laissé une trace indélébile de son passage.
Sources :
- La lucarne dite de Louvois – Musée Armée
- La mansarde de Louvois aux Invalides : quand le ministre de la Guerre chercha à tout prix à afficher sa trace – Histoire de Paris
- Le loup voit, Métronome illustré, Lorànt Deutsch, page 198 (Michel Lafont, 2010).
