De Lone Ranger au Roi lion, en passant par The Dark Knight et Madagascar, l’orchestre ukrainien Lords of the Sound nous a proposé un spectacle intense, à la (re)découverte du talent de Hans Zimmer.
Hans Zimmer, compositeur de génie
Est-il encore nécessaire de présenter Hans Zimmer ? Si son nom ne vous évoque rien, nous sommes pourtant certains que vous avez déjà apprécié sa musique.
Né en Allemagne en 1957, Hans Zimmer se spécialise dans la composition de musique de film dans les années 1980, suite à sa rencontre avec Stanley Myers. Zimmer collaborera avec le compositeur britannique sur plusieurs films, lançant ainsi une carrière prolifique. Dès 1987, il compose seul la partition du long-métrage Le Dernier Empereur, qui remporte l’Oscar de la meilleure musique de film. Cet Oscar fut alors le premier d’une longue série de distinctions pour Hans Zimmer. Au cours de sa carrière, le compositeur a en effet cumulé les Oscars, Golden Globes, Grammy Awards, ainsi que de nombreuses autres récompenses dont nous vous épargnerons la liste exhaustive.
Depuis les années 1990, Hans Zimmer n’a cessé de prouver son talent, en composant pour des productions très variées. C’est sa musique qui a bercé notre enfance dans Le Roi lion, Le Prince d’Egypte ou encore Spirit, l’étalon des plaines. Au fil des années, il a également marqué de ses harmonies Thelma et Louise, Armageddon, Gladiator ou The Da Vinci Code. Plus récemment, nous le retrouvions dans Dune, Mourir peut attendre et Top Gun : Maverick. On vous l’avait bien dit : si son nom ne vous parle pas, vous avez pourtant été entourés de sa musique tout au long de vos explorations cinématographiques.
Avec son programme The Music of Hans Zimmer, Lords of the Sound mise donc sur une valeur sure. Pendant deux heures, l’orchestre vous propose une immersion dans les grandes partitions du compositeur. Si nous étions déjà convaincus de son talent avant le concert, il est désormais indéniable. Les musiques de Zimmer sont puissantes, touchant le cœur et l’âme, même détachées de leur contexte cinématographique.
The Music of Hans Zimmer : un spectacle sensationnel
Originaire d’Ukraine, Lords of the Sound a été créé en 2014 et s’est spécialisé dans l’interprétation de bandes originales de films, séries et jeux vidéo. Celui-ci s’est déjà démarqué en jouant les bandes sonores de Titanic et du Seigneur des anneaux par exemple. Le choix des compositions de Hans Zimmer était donc tout trouvé pour cet orchestre symphonique agrémenté de guitares électriques, d’un synthétiseur, d’un chœur et de chanteurs solistes. Et cet orchestre « nouvelle génération » porte bien les musiques qu’il a choisies. Tout au long de la soirée, les cordes, les vents et les percussions vont tour à tour être mis en valeur par des solos. Ils prouvent ainsi les uns après les autres leur talent individuel et collectif. N’oublions pas le contre-ténor Yaroslav Radionenko, dont l’incroyable amplitude vocale nous a laissés… sans voix.
Par sa composition et sa programmation, Lords of the Sound bouscule déjà les codes de la musique orchestrale savante. En outre, les musiciens et chanteurs se présentent sur scène en pantalons, simples tee-shirts noirs marqués de « Lords of the Sound » et baskets. Nous sommes loin des costumes et robes de concert dans lesquels nous retrouvons habituellement les orchestres ! À l’exception du chef d’orchestre, Shahrokh Fathizadeh. Celui-ci se distingue par une présentation impeccable, avec sa queue-de-pie et son nœud papillon.
Mais ce « dépoussiérage » va encore plus loin. Lords of the Sound veut changer « l’attitude du jeune public envers la musique classique » et conquérir « le cœur d’auditeurs jeunes et progressistes ». Il le dit lui-même. Et en effet, The Music of Hans Zimmer n’est pas un simple concert. Vous découvrirez en réalité un spectacle son et lumière complet. « Sensations inoubliables », « effets visuels brillants »… Avec des jeux de lumières, un écran derrière la formation qui diffuse des illustrations évoquant chaque film et des citations de Hans Zimmer entre chaque morceau, on en prend littéralement plein les yeux et plein les oreilles. Mais peut-être un peu trop justement…
Un manque de sobriété ?
On dit souvent qu’il « vaut mieux trop que pas assez »… Mais Lords of the Sound aura réussi à nous faire changer d’avis. On sent du début à la fin que ce concert est fait pour être regardé. Evidemment, la synchronisation dans les mouvements des archets sur les cordes est très belle. Même les gestes grandiloquents du chef d’orchestre semblent très chorégraphiés.
Nous évoquions plus haut les jeux de lumière. Utilisés avec modération, ils auraient pu souligner à merveille la musique. Les couleurs sont toujours bien pensées, en adéquation avec le film dont la bande originale est interprétée. Les lumières suivent les changements de rythme, soulignant les transitions et les contrastes des partitions. Mais on se dit rapidement qu’elles sont trop présentes. Il y en a beaucoup, tout le temps… Et pour couronner le tout, régulièrement, les spots viennent vivement éclairer le public. Ou plutôt l’aveugler.
Pour la musique, la même critique revient. Attention, nous ne parlons pas de la musique elle-même, mais plutôt du volume et du traitement du son. Nous avons regretté un léger abus de réverbération par moments, notamment sur les cuivres. Mais ce n’est pas encore trop grave. Le plus gros défaut de ce concert, selon nous, découle du manque de nuances. Bien sûr, Lords of the Sound veut présenter un spectacle épique. La programmation est donc pensée en ce sens. Mais la musique existe aussi par ses nuances, ses respirations, ses silences. Avec l’orchestre ukrainien, les moments plus doux ont déjà un volume élevé.
Dans la salle, on discernait distinctement les pages des partitions se tourner. On vous laisse alors imaginer que la trentaine de musiciens, même lorsqu’elle jouait piano, ne peinaient pas à se faire entendre. Portés par les nombreux micros, les instrumentistes n’ont pas eu de mal à monter en puissance pour atteindre le paroxysme des morceaux. Mais le problème est là. Quand on commence déjà fort, on termine TROP fort. Les percussions et les sons graves des cuivres vibrent littéralement dans la poitrine. Les sons aigus des flûtes traversières en deviennent stridents et désagréables à l’oreille. Et c’est dommage.
Enfin, même si Lords of the Sound se présente comme un orchestre jeune et dynamique et que la soirée est pensée comme un véritable show, les instrumentistes restent globalement dans un format de concert classique. Chacun joue assis et, sur certains morceaux, un chanteur soliste vient se placer près du chef d’orchestre, bougeant seulement légèrement au rythme de la musique. Mais vient alors l’interprétation de Madagascar. La soliste Margarita Meleshko arrive sur scène en pantalon zébré et bottines rose fuchsia, accompagnée du contre-ténor et de deux danseuses. Avec une chorégraphie énergique, ils invitent le public à taper en rythme dans ses mains. Alors, certes, cela a du sens compte tenu de la musique jouée et cela marque la fin de la première partie du spectacle de manière mémorable. Mais après une heure de concert, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe…
Si nous aurions aimé un peu plus de modération durant ce spectacle, nous ne pouvons nier le talent de l’orchestre et la qualité des compositions interprétées. Malgré ce bémol, la soirée était époustouflante et pleine de surprises. The Music of Hans Zimmer saura vous transporter, réveillant par moments un doux sentiment de nostalgie. Nous vous invitons à découvrir dès à présent l’orchestre, avec la vidéo de présentation ci-dessous.