Dans un monde aussi désolant et dangereux, comment un pauvre pantin comme Pinocchio pourrait-il trouver sa place ? Adaptation du roman de Carlo Collodi, Lies of P se rêve à devenir le digne successeur de Bloodborne, dont une suite (ou un remaster) est suppliée depuis des années. Verdict ? Pas de mensonge Pinocchio, allons droit au but !
Nota Bene : Nous avons testé Lies of P sur Xbox Series, disponible désormais sur le Game Pass. Egalement, nous avons essayé au départ d’élaborer ce test en mettant de côté le fait que le jeu émule les valeurs de Bloodborne. Bien qu’il possède des atouts bien à lui, éviter la comparaison était impossible, puisque Lies of P se veut réellement comme une nouvelle version du titre de From Software. L’un des premiers boss du jeu se déroule sur des remparts, de la même manière que le Monstre Clérical.
Pinocchio (ou plutôt P) se réveille dans un train à quai dans une gare. Le pantin paraît très humain, mais surtout vivant. Cruel paradoxe d’un monde où les marionnettes détruisent tout et doivent mourir jusqu’à la dernière. Le pantin doit alors retrouver Gepetto et comprendre les raisons de cette désolation. Car la triste ville de Krat est devenue le théâtre lugubre de la Frénésie des Marionnettes, causant un véritable chaos.
La Fée Bleue a donné naissance au Mal !
Quelques minutes de jeu suffisent pour comprendre que Lies of P est une véritable imitation d’un titre de From Software. Plus particulièrement de Bloodborne, dont l’univers sordide se rapproche grandement. La ville de Krat ressemble étonnamment à Yharnam, de son architecture à sa structure labyrinthique. De nombreux jeux reprennent la formule des Souls Like, mais force est de constater que Lies of P est la copie la plus propre et la plus jouissive du moment (en attendant Lords of the Fallen ?).
On retrouve tout ce qui définissait l’identité de Bloodborne : son ambiance glaçante proche de l’ère victorienne, cette soif imparable de la mort à chaque recoin, mais surtout des armes customisables. Sauf que cette fois, la customisation est poussée à son paroxysme. Armé d’une rapière, Pinocchio peut également améliorer son bras gauche pour en faire un véritable outil de destruction, permettant de tenir tête à des adversaires redoutables. Ce bras gauche fait alors office de prothèse tout droit reprise de Sekiro Shadows Die Twice, une autre excellente production From Software. Cela peut aussi faire écho à l’arme changeante de Bloodborne.
Des affrontements féroces
Tout Souls Like est aussi un solide apprentissage de la défaite vers la satisfaction. Et sur ce point, Lies of P se montre plus gentil que d’autres, puisque sa difficulté (parfois hasardeuse) monte doucement avec le temps. Le titre semble assez facile pour les néophytes, pour mieux les surprendre par la suite. Et on se retrouve très vite à sous-estimer un ennemi qui deviendra un vrai cauchemar à vaincre. A l’instar de Bloodborne, l’agressivité sera récompensée. Inutile donc de passer son temps à faire des esquives, il faudra parer. Plus facile à dire qu’à faire, tant la parade doit se faire minutieusement à la seconde près. Cela permet de ne prendre aucun dégât et de prendre l’avantage sur le Boss.
De plus, on est quand même bien déçu des esquives, car on peut se retrouver bêtement coincé par un ridicule objet du décor et se faire tuer à l’instant. Autre complexité, l’arme peut s’enrayer pendant les combats et il faudra surveiller ses limites. De quoi rendre les choses plus difficiles. Heureusement, tout le monde peut reprendre l’avantage grâce à la Fable Art, permettant de lancer une attaque très puissante. Pour la recharger, il faudra compter sur son inventaire ou tuer des marionnettes.
Gardez le nez long pour décider de son sort !
De tout ce que l’on a cité, on pourrait dire que la formule des Souls Like est largement comprise. Toutefois, Lies of P ne propose pas seulement des combats endiablés (et des bugs de temps en temps), mais bien un univers travaillé et passionnant. On est pleinement plongé dans un conte des plus sombres, au scénario, certes minime, mais qui nous implique réellement. Celui que l’on retient vient du mensonge. Toutes les marionnettes ne peuvent mentir. C’est un avantage pour Pinocchio, qui décidera de son sort à travers les trois fins possibles.
A travers ces mensonges se construisent alors l’illusion d’être un véritable humain. Mentir pour résoudre des quêtes et parler à des PNJ permet d’interroger l’humanité de la marionnette. D’ailleurs, le personnage se transforme petit à petit physiquement et psychologiquement à travers ses choix moraux. On peut l’entendre respirer, parler et voir des changements de son corps. La marionnette peut alors s’éloigner de ses congénères et devenir un véritable humain, même si on aurait aimé que cette notion de mensonge soit beaucoup plus présente dans le titre.
Tirez les ficelles !
Un autre point important qui rend Lies of P si intéressant est qu’il donne vraiment une importance à la narration du lore, en l’enrichissant dans son concept. Il aborde une histoire plus conventionnelle et plus accessible, tout en s’inspirant (encore) de ses ainés par l’intermédiaire d’informations à trouver et d’événements que l’on trouve dans l’Hôtel Krat, point clé du titre servant principalement de HUB et d’abri.
Nous terminerons juste sur quelques légères déceptions, qui n’enlèvent rien à l’ambiance si particulière du titre. Tout d’abord, on s’en doutait, mais il n’a pas échappé au downgrade graphique, même s’il reste fluide et très bon en mode Performance. Si certains boss sont mémorables, les musiques ne sont pas restées dans notre mémoire, et ce durant la trentaine d’heures nécessaire pour finir le parcours. Enfin, rappelons que le jeu est intégralement en solo, rendant impossible tout message à partager aux autres marionnettes égarées.
Ce n’est clairement pas le test le plus facile que nous avons pu écrire. En dehors de sa trop grande comparaison avec Bloodborne, que reste-t-il ? Un titre qui pourrait se parfaire dans sa voie d’être le successeur de ce dernier, la suite que les fans n’ont jamais eu ou s’imposer comme le premier Souls Like recommandé pour les non initiés du genre. Il se dégage de Lies of P une excellente virtuosité macabre d’un côté et un trop grand sentiment de déjà-vu (assumé). Un excellent hit sans aucun doute, mais dont la triste condition de marionnette (imitateur) pourrait le faire souffrir de sa simple comparaison.
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