Le langage a beaucoup changé au fil des siècles. Il y a 50 ans, on ne parlait pas comme aujourd’hui, c’est frappant lorsque vous regardez des anciennes archives vidéos de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel). En tout cas, comme le discours, la politesse a connu bien des changements depuis sa création. Pour l’occasion, concentrons-nous sur cette bienséance qui semble avoir perdu de l’influence.
Une origine antique
Même si certains déclarent que la politesse fit sa première apparition dans le monde de la bourgeoisie post-révolutionnaire, il n’en est rien, puisqu’on considère qu’elle est apparue durant l’époque antique. Ainsi, les Grecs, et surtout les Romains, étaient des peuples très polis. Les Romains étaient jadis connus pour leur grossièreté. Cependant, la bienséance prit de l’ampleur par l’avènement de la politique. La pression de la société était telle qu’elle amenait les habitants à se conformer à l’urbanitas.
Dans ces sociétés, la hiérarchie obligeait les moins puissants à saluer en priorité les plus grands. Ainsi, l’usage fut que, le matin, les simples citoyens devaient saluer les puissants qu’ils considéraient. Par un ave le matin ou un salve le soir ! Ceux-ci allaient même saluer les autres encore plus puissants. Un autre exemple encore, exercé aujourd’hui : le fait de se lever lorsqu’une personne plus importante arrivait dans une assemblée. Aussi, les Romains attachaient une grande importance aux anniversaires. Il était bien vu d’offrir des cadeaux à cette date. C’est encore le cas aujourd’hui.
Lorsqu’on était invité par quelqu’un, on devait venir en robe de cérémonie. Pour les repas, la civilité consistait à s’asseoir où l’hôte de la maison nous avait placés. L’usage des fourchettes n’était pas encore développé. Par contre, on prenait bien soin de couper la nourriture avec délicatesse. Pour finir, le comportement de gentleman existait aussi. Les hommes cédaient souvent le passage aux dames et les complimentaient.
La politesse au Moyen Âge : une dimension davantage spirituelle
La chute de l’Empire romain n’est pas synonyme de perte culturelle. Bien au contraire, c’est une version plus médiévale qui s’impose dans la société. Pour le cas des bonnes manières, elles devinrent de plus en plus importantes et un véritable culte se développa autour d’elles. En effet, dès le XIVe siècle, des livres sont publiés sur les bonnes manières, de vraies bibles de la courtoisie qui expliquent quelles normes sont attendues pour entrer dans la cour. On est loin d’une politesse qui s’applique à tout le monde, seulement aux individus qui se trouvent dans l’espace curial. C’est surtout l’amour courtois qui se développe, mais il est réservé à une partie des femmes et hommes issus d’une classe sociale supérieure.
À la Renaissance, c’est une arme politique
Dans le monde de la Renaissance italienne, les différentes cours tentent de mener une bataille des mœurs pour s’imposer comme la plus puissante politiquement, militairement et culturellement. Pour ce faire, rien de mieux que la distinction par l’élégance. À la même époque, Baldassare Castiglione publia Le livre du courtisan (1528), un vrai mode d’emploi de politesse et d’élégance qui se diffusera dans toute l’Europe. En France, c’est le Roi-Soleil qui va permettre au royaume de faire des progrès importants dans ce domaine. Il était très galant et imité par ses courtisans.
Époque contemporaine : règles extrêmes puis affaiblissement
Au XIXe siècle, c’est la bourgeoisie parisienne qui s’empare de ces règles pour imposer une idéologie de la politesse de plus en plus stricte. C’est « l’âge d’or » de la politesse. Malgré tout, elle commence à se diluer de plus en plus après la Première Guerre mondiale, où les règles sont de plus en plus assouplies face à la barbarisation de la société. À partir de mai 68 et du mouvement de la libéralisation des mœurs, les groupes sociaux se divisent. Les règles sont peu à peu oubliées, mais remises au goût du jour dans les années 90.
Maintenant, vous en savez un peu plus sur l’histoire de la politesse, une construction sociale qui revient de nos jours et qui est « marchandisée » pour les beaux yeux du capitalisme.
Sources :