Les plus grands scandales de l’art contemporain dans l’espace public !

En France, la politique de mécénat de l’art n’est pas récente. En effet, il est possible de trouver des commandes d’œuvres d’arts dès le début du Moyen Âge. Certains musées, comme le Louvre, font aujourd’hui du financement de l’art contemporain un point d’honneur. Cependant, très souvent, ces commandes réalisées avec de l’argent public font polémique ! Et c’est le cas d’un bon nombre d’œuvres que nous croisons chaque jour alors qu’elles n’avaient pas fait l’unanimité…

Comme au temps des salons du XIXe siècle, on critique encore bien souvent les artistes pour leurs prises de position artistiques. Mais on critique aussi souvent l’Etat qui place leurs œuvres dans l’espace public, l’accusant de « gâcher » de l’argent. Découvrons ensemble les œuvres d’art contemporain qui ont suscité le plus de polémiques.

1- La pyramide du Louvre, Ieoh Ming Pei

Avant de devenir un spot photographique de premier choix, la pyramide du Louvre a été au cœur de nombreuses polémiques. En effet, comme vous vous en doutez, la cour Napoléon n’a pas toujours été décorée d’une pyramide. L’idée prend forme au début des années 1980. Le président François Mitterrand souhaite bouleverser l’idée que nous avons du musée et lance le projet « Grand Louvre ». Ainsi, le Louvre deviendrait un musée à visée internationale, l’accueil des publics serait facilité et la muséographie réinventée.

C’est à ce moment que les choses se compliquent. En effet, le président décide de confier à l’architecte Ieoh Ming Pei le projet de la pyramide. Cependant, François Mitterrand aurait dû passer par le biais d’un concours d’architecture pour réaliser ce projet. Il ne l’a pas fait et c’est la première controverse. Dès l’annonce du projet et sa présentation, Ieoh Ming Pei a fait face à de nombreuses oppositions. La presse et les politiciens se sont déchaînés contre cette pyramide qui défigurait selon eux le musée et empêchait de voir le bâtiment en entier. Le plus souvent, on la comparait à Disneyland et on reprochait à Mitterrand de vouloir internationaliser le Louvre avec un projet sans style.

L’idée d’une pyramide n’était cependant pas nouvelle. En effet, dès le XIXe siècle, on connaît des projets de pyramide dans la cour Napoléon du Louvre. Celles-ci devaient célébrer la Révolution française et l’une d’elles aurait dû être construite pour son centenaire.

Projet de pyramide pour le Louvre par Louis Ernest Lheureux.

Aujourd’hui, la pyramide est entrée dans le paysage parisien. Elle a toujours des détracteurs, mais ils se font plus rares. De plus, toute une génération est incapable d’imaginer le Louvre sans sa pyramide. En 2016, le Louvre a convié JR pour réaliser un collage sur la pyramide et la faire disparaître du paysage à l’occasion de ses 30 ans.

Installation de l’artiste JR à l’occasion des 30 ans de la pyramide.

2- Les deux plateaux, Daniel Buren

Le nom de cette œuvre d’art contemporain ne vous dit sûrement rien. Cependant, ce titre cache en fait une œuvre très connue et qui a beaucoup fait parler d’elle. Ce sont les très célèbres « Colonnes de Buren ». Elles sont connues sous ce nom, mais l’artiste les a en réalité nommées Les deux plateaux. Ce titre fait référence aux deux niveaux sur lesquels sont disposées les colonnes. Le premier niveau étant celui sur lequel nous pouvons marcher et le second en sous-sol.

Profondément intégrées dans le paysage du Palais-Royal, elles sont aujourd’hui un lieu important de passage. On peut y voir de nombreux shootings, tournages et touristes. La victoire des colonnes n’était pourtant pas évidente. En effet, à leur emplacement se trouvait le parking du ministère de la Culture. C’est une nouvelle fois François Mitterrand qui commande cette œuvre. Il souhaite installer une sculpture pour orner la cour d’honneur du Palais-Royal. Buren lui propose ce projet, qu’il accepte directement.

Cour d’honneur du Palais-Royal, avant-après.

Cependant, de nombreuses voix s’élèvent à l’encontre de ce projet ! En effet, les défenseurs du patrimoine, les riverains, et même la mairie de Paris s’opposent fermement à ce projet. Ils ne comprennent pas comment on peut dénaturer un site historique à ce point. Mais après une longue bataille juridique, on se rend compte que la destruction des colonnes, presque achevées, coûterait plus cher que de les terminer. On décide donc de les garder.

Ce n’est pas la seule controverse autour des colonnes. En effet, d’autres polémiques plus récentes ont eu lieu… déclenchées par leur créateur lui-même ! En 2007, Buren s’indigne du mauvais entretien de son œuvre et intente un procès à l’Etat pour l’obliger à la rénover. Les travaux commencent dès 2008.

Plus récemment, en 2018, le street artiste Zeer installe une œuvre en hommage aux colonnes intitulée Module. Tout cela dans le cadre d’une exposition d’art contemporain organisée par le ministère de la Culture. Buren demande à ce que l’œuvre soit enlevée, car il n’avait pas été prévenu. On désinstalle alors le Module de Zeer.

L’œuvre de Zeer derrière les colonnes de Buren.

3- Bouquet of Tulips, Jeff Koons

Inaugurée en grande pompe l’année dernière, l’œuvre de Jeff Koons a fait l’objet de nombreuses polémiques. En effet, plus que l’œuvre, c’est d’abord l’artiste lui-même qui est très controversé. On lui reproche de faire un art commercial, vulgaire et parfois même de plagier d’autres artistes. Le Bouquet of Tulips ne fait pas figure d’exception dans la carrière de Koons.

Parlons d’abord du contexte de création. C’est l’ambassadrice des Etats-Unis en France qui a demandé à Jeff Koons de réaliser une œuvre pour marquer l’amitié franco-américaine, ainsi que le soutien des Américains aux Français après la vague d’attentats de 2015 et 2016. Jeff Koons créé alors son bouquet de tulipes et l’offre à la ville de Paris. Cependant, les choses se compliquent. Koons offre en réalité le projet dessiné, et non terminé. Il faut à présent le financer, l’installer et l’entretenir…

Cette question du financement a déclenché le plus de passions. En effet, celui-ci a été participatif, comme cela avait été annoncé. Malheureusement, les victimes rescapées des attentats y ont vu une manière pour les investisseurs d’avoir des réductions d’impôts, alors qu’ils n’avaient pas donné aux caisses de soutien pour les victimes. De plus, le coût de l’entretien de l’œuvre revient à la ville de Paris et les riverains ne souhaitent pas y prendre part.

Ensuite, c’est l’emplacement choisi qui a posé problème. En effet, l’œuvre devait être installée place de Tokyo, devant le Palais de Tokyo. Cet emplacement n’a pas plu à tout le monde. On a donc installé le bouquet dans le jardin du Petit Palais.

Pour l’instant, l’œuvre a rencontré un franc-succès chez les touristes et instragrammeurs, mais il n’est pas possible de dire si elle sera à long terme réellement acceptée dans le paysage parisien. D’autant que la peinture commence déjà à montrer des traces d’usure.

Bouquet of Tulips, Jeff Koons.

4- Les autres polémiques de l’art contemporain

Au château de Versailles, les expositions d’art contemporain sont fréquentes. En 2015, l’artiste Anish Kapoor est invité à faire une exposition dans ses jardins. Son exposition a provoqué une véritable indignation, allant jusqu’à la dégradation des œuvres exposées. 

En effet, en plus d’être considérées comme laides et dénaturant les jardins, ses œuvres ont été jugées irrespectueuses. Tout cela car l’artiste a décidé d’introduire une idée du chaos dans les œuvres exposées. Parmi les œuvres, l’une a fait parler d’elle plus que les autres. Il s’agit de Dirty Corner.

Installée juste en face du château, cette œuvre (qu’il avait déjà exposée à Milan sans controverse) évoque un nouveau sujet. L’artiste lui-même lui donne une connotation sexuelle. Il aurait parlé de cette sculpture comme du « vagin de la reine ». Cela provoque un tollé ! « Comment un artiste peut-il être irrespectueux à ce point ? », entend-on souvent. L’artiste se défend, mais le mal est fait. Avant même l’ouverture de l’exposition, on réclame sa fermeture. L’œuvre est dégradée 4 fois au cours de l’exposition. D’abord aspergée de peinture jaune, puis taguée de propos antisémites. Cependant, la direction du château a laissé l’exposition pour toute sa durée et c’est l’art contemporain qui a gagné cette bataille !

Dirty Corner, Anish Kapoor.

5 – Paul McCarthy à la Foire internationale d’art contemporain (Fiac)

En 2014, à l’occasion de la Fiac, l’artiste Paul McCarthy expose hors les murs. C’est sur la place Vendôme qu’on installe son œuvre Tree. Cette œuvre a été la goutte de trop pour de nombreux défenseurs du patrimoine face aux magnats de l’art contemporain.

En effet, l’art contemporain se complaît dans la provocation depuis de nombreuses années et c’est ce qui le définit pour notre époque. La provocation, la nouveauté, le choc… tous ces termes sont le fer de lance des artistes. Mais cette fois, ce n’est pas passé. Même chez les critiques d’art spécialisés. En effet, Paul McCarthy a installé une œuvre représentant un « plug anal » géant et vert sur la place Vendôme. Après de nombreux débats, certains ont trouvé une solution plus rapide. En effet, dans la nuit, Tree est vandalisée et dégonflée. À la suite de cela, la Fiac annonce qu’on ne réinstallera pas l’œuvre.

Tree, Paul McCarthy

Après avoir découvert toutes ces controverses, qu’en pensez-vous ? Quelle œuvre est réellement scandaleuse, et qui est le prochain artiste qui créera une polémique avec son œuvre ? Nous avons hâte de découvrir la création artistique des prochaines années ! Pas vous ?

9 Replies to “Les plus grands scandales de l’art contemporain dans l’espace public !

  1. Bel article, qui nous permet de relativiser notre réprobation naturelle devant certaines œuvres d’art (par ex la boîte de merde en conserve que j’ai vu au musée Pompidou à Metz).

  2. Toujours la volonté pharaonique de marquer son empreinte ! Et toujours des « mange-merde » prêts à toutes les contorsions pseudo artistiques pour rafler la mise !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *