On peut penser qu’il s’agit d’une histoire à dormir debout. Pourtant, elle est bien réelle. L’auteur des mosaïques qui ornent certains murs de Disneyworld, le parc d’attractions qui se situe à Orlando en Floride, n’est autre qu’un vétéran de la Luftwaffe : Hanns-Joachim Gottlob Scharff.
Un interrogateur hors pair
Présent en Allemagne avec sa femme en 1939 au moment où éclate la guerre, il est finalement enrôlé dans l’armée allemande en 1941, pour combattre sur le front russe en raison de l’opération Barbarossa.
Sa femme, qui est britannique, se met alors à supplier les autorités d’épargner son mari. Elle le présente comme un très bon interprète. Parlant couramment anglais et connaissant les coutumes américaines, les autorités se rendent compte de l’importance que peut avoir Hanns Scharff dans le renseignement. On l’envoie alors à Oberursel, dans un centre interrogatoire de la Luftwaffe où des pilotes américains sont interrogés.
Hanns Scharff est connu pour être l’un des meilleurs interrogateurs de l’armée allemande. En effet, il ne procédait pas de manière brutale, comme a pu le faire Klaus Barbie. Au contraire, il préconisait la confiance et la gentillesse pour soutirer des informations à ceux qu’il interrogeait. On lui attribua alors le titre de « Master Interrogator ».
À la fin de la guerre, les Alliés le capturent, puis le relâchent deux mois plus tard. En 1948, les autorités américaines l’appellent pour qu’il vienne interroger Martin James Monti. Il s’agit d’un pilote de l’US Air Force qui avait changé de camp au cours de la guerre. Les autorités furent impressionnées par les méthodes employées par Scharff. Pour le remercier de ce service rendu, elles lui accordent la citoyenneté américaine.
Sa reconversion dans l’art et les mosaïques : « Je suis un copiste, pas un artiste créatif »
Après avoir connu le monde de la guerre, Hans Scharff s’oriente dans une direction plus paisible : celle de l’art.
Après avoir obtenu sa citoyenneté américaine, il réussit à devenir artiste. Sa spécialité ? L’art des faïences et des mosaïques. Et on peut dire qu’il sait y faire. En 1955, ses services sont demandés pour décorer l’intérieur de l’un des plus grands magasins de luxe de New York : le Neiman Marcus.
Un an après, il s’installe avec son atelier à Los Angeles. Si le monde voit Hans Scharff comme un véritable artiste, il ne se revendique pas comme tel. En effet, il explique lors d’une entrevue avec le Los Angeles Times qu’il ne crée pas, il copie :
« Je suis un copiste, pas un artiste créatif. Ça c’est mon art. De copier. Pas de créer. »
Son art se base en réalité sur des techniques mésopotamiennes qui datent de milliers d’années. Ces techniques mélangent comme ingrédients le papier, le verre, ainsi que le marbre.
Néanmoins, son art plaît. Il plaît notamment à Disney, qui décide d’engager Scharff pour créer cinq mosaïques murales de 15 pieds au sein de Disneyworld. Ces mosaïques racontent l’histoire de l’une des princesses les plus connues au monde : Cendrillon. Voici deux de ces mosaïques :
Hans meurt à l’âge de 84 ans, en septembre 1992. On le considère aujourd’hui comme un véritable artiste, même s’il ne se voyait pas ainsi. Quant à son passé dans l’armée allemande, même s’il n’est pas à oublier, il faut se dire qu’il a sûrement rendu service aux prisonniers. Ils auraient pu connaître un pire sort que le camp de prisonniers.
Sources :