Vincent Dedienne et François Damiens sont à l’affiche de la série Les Amateurs, la cinquième création française de Disney +, disponible le 19 octobre. Le français et le belge nous ont offert une conférence de presse à la fois tendre et hilarante. Les deux acteurs nous ont montré qu’ils avaient tous les deux saisi les profondeurs de leurs personnages respectifs.
Les deux acteurs sont entrés dans la salle comme deux vieux potes, en riant. On sera d’ailleurs surpris quelques temps plus tard, quand on apprendra qu’ils ne se connaissaient pas avant le tournage. « Je suis ravi de vous voir, je vous ai vus toute la semaine » commente Eric Maillard, l’animateur de la conférence de presse, qui a binge-watché Les Amateurs. « Vous devez en avoir marre » réplique Vincent Dedienne, du tac-au-tac. Le ton est donné !
« L’alchimie a été directe »
Eric Maillard demande aux acteurs ce qui les a séduits dans le projet. « François » répond immédiatement Vincent Dedienne, avant de s’expliquer plus longuement.
C’est François qui m’a séduit dans le projet. J’étais trop content de le rencontrer en vrai et de travailler avec lui. Et puis après, ça a dégringolé (Rires). Et puis le scénario. J’ai lu le scénario, ça m’a fait rire. J’ai trouvé ça bien écrit, bien dialogué. J’ai eu envie d’être dedans. (Vincent Dedienne)
Bah moi c’était Vincent. Ce n’est pas toujours le cas, parfois on fait des films et ça ne fonctionne pas très bien. J’étais très content de travailler avec Vincent, de le rencontrer. On s’est rencontrés le premier jour, dans la banlieue bruxelloise. Ça a fonctionné direct. C’est chouette parce que c’est assez long une série. C’était du plaisir au quotidien. (François Damiens)
L’alchimie semble avoir fonctionné. On souhaite en savoir un peu plus sur la construction de ce duo. Les deux acteurs ont-il eu besoin d’apprendre à se connaître ?
Non l’alchimie a été directe. Ce n’est pas pour vous contredire à chaque fois (Rires), comme Isabelle Huppert. Elle répond à toutes ses interviews par un « non », j’ai envie de m’huppériser moi aussi (Rires). François et moi, on ne s’était même pas rencontrés. La production et les équipes étaient un peu inquiètes car on n’avait pas réussi à se voir avant. Tout le monde était tétanisé. Il fallait une alchimie entre les deux personnages. Ça a été immédiat. (Vincent Dedienne)
« On se sentait un peu observés au début« , ajoute François Damiens avant de laisser la parole à Eric Maillard pour la question suivante : le duo a-t-il permis quelques petites improvisations ?
Il y a des petits passages où on sortait un peu du texte. Moi ça m’arrive souvent de me tromper. Vincent partait, il en rajoutait des caisses et je ne me rendais plus compte que je m’étais trompé. (François Damiens)
« François est un roi de l’impro » tient à souligner Vincent Dedienne. « Et Vincent ne rigole pas. C’est toujours moche quand tu sors du texte et que l’autre rigole » renchérit François Damiens. « C’est-à-dire qu’il n’y a eu aucun fou rire sur le tournage ? Je n’y crois pas… » déclare Eric Maillard, un peu perplexe. Cette remarque nous permet d’avoir accès aux coulisses du tournage.
Pas tant de fous rires que ça. Il y a eu des fous rires mais entre les prises. Nous sommes de grands professionnels, Eric. (Rires) On était très clients de l’autre mais pas de nous-mêmes. Il y a une scène qu’on a été incapables de faire avec Anne Benoît. Tous les trois, on riait. Elle avait une façon de dire « non »… (Vincent Dedienne)
Elle hurlait. On était en train de mater un film porno dans une espèce de garage et ma mère, jouée par Anne Benoît, rentrait. C’était impossible à faire. (François Damiens)
« Je ne sais même pas si on a réussi, je suis sûr que si on zoome on voit qu’on rigole » poursuit Vincent Dedienne. « Au plus on fait de prises, au plus on a envie de rigoler. On commence à rigoler quand ça ne fait plus rire personne« , confie François Damiens.
« Il y a des personnages féminins magnifiquement interprétés par des actrices inouïes »
L’animateur souhaite désormais interroger les deux acteurs sur les personnages féminins qui sont importants, même si le duo formé par les deux compères prend beaucoup de place dans la série. Eric Maillard donne l’exemple de Louise, l’ex de Vincent, interprétée par Fanny Sidney (Dix pour Cent).
On est séparés avec Louise au début de la série. Enfin, elle est plus séparée que moi. C’est quoi votre question ? (Rires) Ah oui, il y a des personnages féminins magnifiquement interprétés par des actrices inouïes. Moi, j’étais trop content de savoir que j’allais jouer avec Fanny Sidney et Anne Benoît. Anne Benoît, c’est une actrice que j’ai vue une dizaine de fois au théâtre. Elle a joué des rôles immenses. C’est une immense actrice, c’est l’une des plus grandes actrices de théâtre et de cinéma. À chaque fois, elle apporte une humanité. (Vincent Dedienne)
Anne Benoît ne joue pas, elle est. Elle dégage quelque chose d’incroyable, une sensibilité, une délicatesse… C’est vraiment une belle personne. (François Damiens)
Je devais jouer que j’étais amoureux de Fanny Sidney. Il suffisait de la regarder pour être amoureux. (Vincent Dedienne)
La dernière question de l’animateur porte sur l’action, très présente dans Les Amateurs. « C’est loin de votre terrain de jeu habituel« , commente-t-il. « Mais si, j’ai fait énormément de films d’action. Comment ça se fait que ça ne se sait pas, ça ?« , plaisante Vincent Dedienne, provoquant l’hilarité générale.
Ça fait partie de pourquoi j’avais envie de le faire. Moi-même je n’aurais jamais pensé à moi pour une comédie d’action. (Vincent Dedienne)
Ce sont les seuls moments où on ne rigole pas. Je suis un vrai trouillard et Vincent n’est pas loin derrière. (François Damiens)
« Et puis les cascadeurs nous expliquent en théorie« , ajoute Vincent Dedienne. Tout le monde rit de bon coeur.
« En Belgique (…), les gens sont moins conscients de leur importance »
L’animateur laisse ensuite la parole aux personnes présentes dans la salle. Une journaliste demande aux acteurs s’ils avaient vu la série The Wrong Mans auparavant. La série Les Amateurs est en effet une adaptation de cette série britannique.
Moi j’ai vu des petits bouts. Je préfère rester un peu innocent. C’est un peu comme quand je voyage, je n’aime pas savoir où je vais. (François Damiens)
Moi j’avais vu des gros bouts, mais pas la série entière. Le script suffisait. Et puis c’est intimidant, ils sont supers les deux qui font ça. (Vincent Dedienne)
Moi je n’avais jamais refait quelque chose qui existait déjà par le passé. C’est assez bizarre mais c’est pas mal car on peut éviter de tomber dans certains écueils au niveau de la réalisation. Au niveau de la technique, on se rend compte que ça a vachement progressé. Ça simplifie pas mal de choses aussi donc c’est pas mal de pouvoir s’inspirer. (François Damiens)
« Elle est bien la série, vous l’avez vue ? » demande Vincent Dedienne à l’auditoire. « On est un cran au-dessus hein ? » plaisante François Damiens.
On demande ensuite aux acteurs s’ils peuvent chacun présenter le personnage de l’autre. « Ah c’est sympa, c’est croisé, c’est conceptuel« , commente malicieusement Vincent Dedienne. « Je n’avais pas préparé, je suis un peu égaré« , rit François Damiens.
Tu t’appelles Alban. Tu travailles à l’agence départementale de Meurthe-et-Moselle. Tu as ton petit monde à toi. Tu travailles au service courrier et tu es un petit peu problématique (Rires). C’est un enfant qui n’a pas tellement grandi. C’est un grand enfant qui vit encore chez sa maman et qui lui cache tout. (Vincent Dedienne)
« C’est un petit peu un dadais« , ajoute François Damiens. « Oui c’est un dadais, vous utilisez beaucoup ce mot en Belgique« , remarque Vincent Dedienne. « On est onze millions de dadais » plaisante François Damiens. Là encore, tout le monde rit. Au tour désormais de l’acteur belge de présenter le personnage interprété par son compère.
Le personnage de Vincent, c’est un premier de la classe. Il est amoureux de Louise et il travaille vraiment au conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Il s’est fait larguer par sa copine. Il n’a pas une vie très épanouie au niveau professionnel. Sentimentalement, ce n’est pas non plus le Nirvana. Il a une petite vie sans rebondissement. On ne peut pas dire que c’est du grand kiffe (Rires). (François Damiens)
Une journaliste belge prend alors la parole. Elle demande à Vincent Dedienne s’il a découvert des expressions belges qui l’ont désarçonné ou séduit.
Vous remuez des souvenirs douloureux (Rires). J’ai passé six mois en Belgique avec ce tournage. J’ai découvert qu’il n’y avait pas un acteur pas bon. J’ai adoré la façon de travailler, le rythme, l’ambiance. Il y a une vidéo qui a beaucoup circulé de Benoît Poelvoorde qui raconte la différence entre un tournage français et un tournage belge. Cette vidéo me faisait rire. Je me disais que c’était un peu folklorique, mais en fait c’est vrai. Il y a moins de hiérarchie. Les gens sont moins conscients de leur importance. (Vincent Dedienne)
En Belgique, tout le monde est au même niveau. Un film, c’est de l’économie. S’il y a des gens qui n’étaient pas nécessaires, ils ne seraient pas là. Tout le monde a un rôle ou une fonction. Les rapports sont simples. On peut se faire chambrer par qui que ce soit, ce qui n’est pas toujours le cas, surtout en France. (François Damiens)
« Il y aura une saison 2, début 2023 »
La question suivante porte sur le rapport que les deux acteurs entretiennent avec le format de la série. Car pour la première fois, Vincent Dedienne et François Damiens jouent des premiers rôles dans une série. « C’est un accident de parcours« , plaisante l’acteur belge.
C’est pas mal car un film ça dure entre six et neuf semaines. Ici, on était sur vingt semaines de tournage. À un moment, on maîtrise le personnage. Ça permet de s’échapper un peu. On a compris comment le personnage fonctionne dans sa tête. On peut se permettre de faire des petites impros. On n’est plus en train de calculer et de se regarder faire. (François Damiens)
Si on propose à nouveau une série, je ferais une enquête de police sur mon partenaire pour être sûr de bien m’entendre avec (Rires). Là, ça a été miraculeux. (Vincent Dedienne)
L’occasion pour nous de savoir si cette alchimie donnera naissance à une deuxième saison. « C’est non ! » rit Vincent Dedienne. « Il y aura une saison 2 début 2023« , confie François Damiens. À vos agendas !!!
Une autre journaliste prend la parole : est-ce que cela vous fait quelque chose d’entrer dans la famille Disney ?
Moi ça fait un petit temps que les Américains me titillaient. Je ne répondais pas trop, je me faisais désirer. Et finalement ils sont venus à moi. Ils sont mêmes venus chez moi. La maison dans laquelle on tourne est à 500 mètres de chez moi. On allait même se faire des petites pauses. Vincent venait dormir sur le canapé, je lui faisais un feu. (François Damiens)
« La question n’était pas : « Qu’est-ce que ça te fait de rentrer chez toi le soir ? », c’était : « Qu’est-ce que ça te fait de rentrer chez Disney ?« , le taquine Vincent Dedienne. Ce dernier prend la parole à son tour, non sans humour.
Quand j’étais petit, j’avais trouvé sur Internet la police Disney alors que je n’étais pas doué en informatique. J’envoyais tous mes mails avec cette police là. Donc c’est vous dire à quel point j’étais heureux de rentrer dans la famille Disney. (Vincent Dedienne)
Ça fait un petit effet quand on dit qu’on a fait une série pour Disney. Ça ne fait pas la même chose avec les autres plateformes. Disney, on pense au Roi Lion. On se sent important. (François Damiens)
« Les deux personnages découvrent grâce à l’autre qu’ils ont une forme d’épaisseur »
Il s’ensuit une autre question qui porte encore sur la construction du binôme au cinéma : les duos comiques ont-ils influé sur leur manière de travailler ?
Tout le début de ma cinéphilie, ce sont les duos de comédie. Pierre Richard et Depardieu, Lanvin et Giraudeau, Rox et Rouky (Rires). Ça a été mes premières émotions de cinéphile. Je voulais trouver mon copain au cinéma. Je suis bien content de l’avoir trouvé. (Vincent Dedienne)
C’était une vraie évidence. On fait progresser notre petite barque. (François Damiens)
Les deux personnages découvrent grâce à l’autre qu’ils ont une forme d’épaisseur, que leur vie vaut le coup. Ils ont même une forme de courage et d’héroïsme. (Vincent Dedienne)
« Il y a une forme de résilience« , conclut François Damiens. C’était sans compter sur l’humour dévastateur de l’acteur français qui lui dit : « Oh toi tu as entendu Bérénice Béjo le dire au cinéma !« . Une fois encore, la salle rit.
Après un court intermède au cours duquel Vincent Dedienne entonne la chanson Les Petits Papiers de Régine, on demande aux acteurs comment ils se sont préparés à jouer des scènes de contact. « Je n’étais plus puceau au moment du tournage. C’est le sens de votre question ? » répond Vincent Dedienne. L’auditoire est hilare.
On ne s’est pas préparés. Je trouve toujours plus difficile de faire des bisous que de sauter d’un train. (Vincent Dedienne)
J’essaie de me mettre dos à la caméra. Il m’est déjà arrivé de mal embrasser au cinéma. Il faut en faire très peu, sinon ça devient un peu la boucherie. Un jour, j’ai embrassé Cécile de France. J’ai trouvé que je l’avais mal embrassée. Quand j’ai vu le film, je me suis dit : « ah là là là là ». Je me suis dit « mollo mollo ». (François Damiens)
« Ce sera le gros titre de l’interview : mollo mollo » commente Vincent Dedienne, décidément en très grande forme.
Une journaliste leur demande ensuite quelle est la qualité qu’ils ont la plus appréciée chez l’un et chez l’autre.
Vincent, il est normal, c’est quelqu’un de très doux. Il est généreux, il est délicat. Il est très attentif à l’autre. On était quand même douze heures par jour ensemble, on mangeait trois fois par jour ensemble et c’était léger. (François Damiens)
C’est chiant car dans les interviews, les gens disent toujours qu’ils se sont bien entendus. Mais là, c’est tellement vrai. J’ai presque envie de citer des gens avec qui je me suis mal entendu, mais on sait très bien que ça ne restera pas entre nous. Tu as dit que j’étais normal et j’adore car je me suis dit ça aussi, à propos de toi. On avait mille autres discussions que le cinéma et que le travail. François ne fait pas grand cas ni d’être acteur ni d’être la vedette qu’il est.
« Même avec l’équipe, c’était agréable. C’était léger, on ne se rendait même plus compte qu’on tournait« , tient à souligner François Damiens.
Cette amitié aussi fraîche qu’intense devra donc donner lieu à d’autres projets ensemble. « Il faut une saison 3 !!! » s’enthousiasme Vincent Dedienne.
Je voudrais traîner François sur une scène de théâtre. Je voudrais avoir rendez-vous toute ma vie avec François Damiens. (Vincent Dedienne)
Je ne sais pas si vous avez vu Vincent sur scène. Il s’est produit en Belgique pendant le tournage et il avait gentiment invité toute l’équipe à voir son spectacle. Il travaille comme un bûcheron. Il tournait cinq jours sur sept puis le vendredi il partait se produire à Evian, à Biarritz… Et entre les prises, il lit des bouquins. Il a quand même un texte de 90 pages pour son spectacle, 17 pages pour la série et il lit des bouquins ! Ce qui me fait un peu peur pour Vincent, c’est qu’il ne stresse pas. Il se produit avec une aisance, une facilité. Honnêtement, j’ai envie d’être lui. (François Damiens)
Vincent Dedienne et François Damiens nous ont offert une conférence de presse riche en éclats de rire, bien sûr, mais aussi en émotions. Nous avons été touchés par la naissance d’une amitié tendre entre les deux acteurs, qui l’un et l’autre se complètent et se nourrissent. Un peu comme Vincent et Alban, les protagonistes de la série Les Amateurs. Rendez-vous le 19 octobre !