Le jour où la dépouille de Charlie Chaplin fut volée !

Robin Uzan
Robin Uzan
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La célébrité attise la convoitise, y compris une fois dans le cercueil. Le légendaire Charlie Chaplin en aura fait les frais, au point de voir sa dépouille volée en 1978. 

Cela ressemble à un gag de série B, mais c’est pourtant bien arrivé ! Durant la nuit du 1er au 2 mars 1978, le cercueil de Charlot fut sorti de terre et dérobé. Mais pour comprendre ce geste, il faut revenir un petit peu en arrière…

La mort et l’enterrement de Charlie Chaplin

Le 25 décembre 1977, Chaplin décède d’un AVC dans son sommeil. Il est enterré deux jours plus tard, le 27 décembre, devant les caméras du monde entier. Et c’est bien là le problème. Tandis que les obsèques sont diffusées, un jeune homme du nom de Roman Wardas se trouve devant sa télévision.

Charlie Chaplin - Cultea
Charlie Chaplin

Wardas, un réfugié polonais établi en Suisse, travaille comme mécanicien. Si l’idée ne lui vient pas durant la diffusion des obsèques, le déclic se fait quelques jours plus tard. Au détour d’un article, il découvre l’histoire d’un truand italien ayant déterré le cercueil d’un défunt, dans le but de faire chanter sa famille. Ni une ni deux, Wardas commence à échafauder un plan potentiellement très fructueux.

L’enlèvement de Charlot

Creuser, exhumer et transporter un cadavre tout seul n’est pas une mince affaire ! Roman Wardas décide donc de contacter Gantcho Ganev. Réfugié lui aussi (bulgare), il vit comme Wardas dans la misère. À eux deux, le plan se met rapidement en place.

Ainsi, dans la nuit du 1er au 2 mars 1978 (moins de trois mois après la mort de Chaplin), les deux compères se rendent au cimetière, exhument le cercueil et l’emportent. Ils décident de cacher le cadavre dans un champ de maïs situé à Noville, non loin du lac de Genève.

Très rapidement, les médias s’affolent ! Qui a bien pu commettre un tel acte ? Et surtout : pourquoi ? Les rumeurs les plus farfelues sont balancées dans tous les sens :

  • Ce sont des fans de Charlot qui ont voulu avoir la dépouille pour eux.
  • Il s’agit de nationalistes britanniques qui voulaient rapatrier le corps sur sa terre natale.
  • C’est un acte antisémite mené par des catholiques intégristes.

Toutes ces hypothèses (et bien d’autres encore) sont balayées d’un seul coup de fil passé à Oona Chaplin. Il s’agit des ravisseurs qui demandent une rançon contre le retour du corps. C’est donc en toute logique qu’Oona… les envoie se faire voir (sacré caractère, la veuve de Charlot).

Oona Chaplin (O'Neill) - Cultea
Oona Chaplin (O’Neill)

Médusés, les ravisseurs commencent à harceler la famille, à envoyer des photos du cercueil, à les menacer de mort… Rien n’y fait !

L’arrestation des ravisseurs

Après ces coups de fil fort sympathiques, c’est finalement Géraldine Chaplin (la fille d’Oona) qui reprend les négociations. Celle-ci parvient à amadouer les ravisseurs, et même à réduire le prix de la rançon. Mais alors que les ravisseurs croyaient arriver à un accord, ceux-ci se font localiser par la police.

En effet, la famille Chaplin n’avait pas laissé les autorités en dehors de cette affaire. Les enquêteurs demandèrent donc à Géraldine « d’accepter » le paiement, afin de piéger les ravisseurs. Bingo !

Wardas accepte l’accord et fixe le jour ainsi que l’heure où il appellera pour les modalités de paiement. Ainsi, le 16 mai 1978, à 9h30, il appelle d’une cabine téléphonique. Grosse erreur ! Il s’agit d’une des cabines que la police avait mises sous surveillance. Le ravisseur est alors arrêté à la fin de son appel.

Wardas ne tardera pas à dénoncer son complice et à avouer où se trouve le corps. Les autorités le récupèrent durant la nuit, afin d’éviter au maximum l’afflux de journalistes.

Le réalisateur sera finalement enterré six jours plus tard, pour la seconde fois. Et pour faire bonne mesure, une dalle en béton de deux mètres d’épaisseur y sera coulée, afin de décourager les profanateurs en herbe… 

 

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Sources :

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.
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