Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 par Napoléon III

Damien Dos Santos
Damien Dos Santos
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En 1851, le neveu de Napoléon choisit le 2 décembre, anniversaire du sacre de son oncle et de la bataille d’Austerlitz, pour conduire le coup d’État qui lui permettra de passer du statut de « prince-président » à celui d’Empereur des Français sous le nom de Napoléon III.

Il prend acte de l’échec flagrant de la IIe République, qui a trahi ses idéaux en massacrant le peuple. Elle était de toute façon vouée à disparaître et beaucoup de ses représentants songeaient à une restauration monarchique. Ils furent cependant pris de vitesse par le Président de la République, futur Napoléon III.

Un aventurier peu ordinaire

C’est un destin hors du commun que celui de Louis-Napoléon Bonaparte, fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais. Né en 1808 et exilé à la chute de Napoléon Ier, il devient le candidat des bonapartistes après la mort de « l’Aiglon » (le fils de Napoléon) ainsi que de ses frères et de ses oncles.

Le coup d’Etat du 2 décembre 1851

Profitant du regain de ferveur bonapartiste provoqué par le retour des cendres de l’Empereur, il tente, avec son ami Persigny (un aventurier comme lui), de prendre le pouvoir par la force en 1840. Cela lui vaut d’être condamné à la prison à vie au fort de Ham. Il s’en échappe six ans plus tard en empruntant la tenue d’un ouvrier du nom de Badinguet (d’où l’un des surnoms du futur empereur). Réfugié en Angleterre, le fringant conspirateur séduit une demi-mondaine, miss Howard, qui met sa fortune à sa disposition.

Président par la grâce du suffrage universel

Survient la IIe République. Empêché de revenir en France, Louis-Napoléon Bonaparte n’en est pas moins élu député dans plusieurs départements. Le 10 décembre 1848, le suffrage universel fait de lui le premier président de la République française ! Face à lui, le principal candidat républicain, le général Cavaignac est discrédité par sa brutale répression des émeutes ouvrières de juin 1848. Adolphe Thiers, chef des royalistes, convainc ses collègues de soutenir Louis-Napoléon :

« C’est un crétin que l’on mènera » 

Mais le Prince-Président se pose habilement en protecteur des faibles et en défenseur du suffrage universel contre l’Assemblée nationale. Celle-ci était à l’époque dominée par le « parti de l’Ordre », victorieux aux élections de mai 1849. C’est donc un rassemblement hétéroclite de cinq cents députés royalistes et catholiques, qui se retrouvent unis dans la peur d’une révolution ouvrière. Face à eux seulement 70 républicains modérés et 180 « montagnards »).

Habilement, Louis-Napoléon les laisse se déconsidérer en allant au secours du pape Pie IX, dont le pouvoir temporel est contesté par les républicains. Le 2 juillet 1849, aux portes de Rome, le général Oudinot défait ainsi les troupes de Garibaldi.

Pie IX — Wikipédia

« Vive l’Empereur ! »

Puis l’Assemblée vote, le 15 mars 1850, la loi Falloux qui ouvre l’enseignement aux congrégations religieuses. Celle-ci limite également de façon drastique la liberté de la presse par les lois du 27 juillet 1849 et du 10 juillet 1850. Le tout en restreignant le suffrage universel le 31 mai 1850. Elle ordonne également la déportation en Algérie, des insurgés de juin 1848.

Autant de mesures impopulaires qui renforcent par effet de contraste l’image sociale du Prince-Président. Habilement, du 8 août au 12 novembre 1850, il accomplit des tournées triomphales dans le pays. Il se présente comme le défenseur des ouvriers, mais également comme celui de la religion et de la propriété. Il parle également aux militaires de gloire et de liberté, ce qui lui vaut d’être salué le 10 octobre aux cris de « Vive l’Empereur ! », lors d’une revue militaire au camp de Satory. Le second empire est né et Napoléon III à renversé la IIe république. 

Sources : 

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