À l’occasion du 12ème Festival de la Cinémathèque à Paris, nous avons pu redécouvrir Last Action Hero à la Cinémathèque Française en présence du réalisateur John McTiernan. Retour sur le film de 1993 porté par Arnold Schwarzenegger, qui a connu un échec injuste à sa sortie, avant de devenir progressivement culte.
Un film meta, parfaitement maîtrisé
Last Action Hero nous raconte l’histoire de Danny, un jeune garçon qui se retrouve plongé dans le film d’action de son héros préféré joué par Arnold Schwarzenegger. Propulsé grâce à un billet magique, il va se retrouver lui-même héros du film d’action aux côtés d’un très charismatique personnage.
Cette œuvre est une véritable réflexion sur les films du genre qui pullulaient dans les années 80 et 90. Une mode à laquelle a évidemment participé John McTiernan, à qui l’on doit le cultissime Die Hard. L’écriture de Last Action Hero est à la fois fine et grotesque, parfaitement dosée là où il faut. On vacille entre punchlines débilement intelligentes et retour à la réalité quand c’est le personnage qui débarque dans le monde réel.
McTiernan utilise brillamment les codes du genre. On se prend à en redécouvrir les ficelles avec Danny et Jack Slater. Entre mafia scrupuleuse, méchants iconiques et scènes d’action grandioses… On est éblouis du début à la fin sans jamais oublier qu’on est dans un film, qui est lui-même dans un film. Un long-métrage rempli de détails, on pense notamment à la musique et aux petits caméos de grands noms de l’action comme Sylvester Stallone ou Jean-Claude Van Damme.
Une aventure prenante
L’histoire, en plus d’être intelligemment menée, se veut très attachante. Un petit garçon rencontre le héros de ses rêves et se lie d’amitié avec lui. Leur lien est le véritable cœur du film. Si on se laisse emporter par le scénario de film d’action et ses multiples péripéties, on se prend également à rire d’un film teinté d’humour et d’émotion. Sous ses airs de récit qui ne se prend pas au sérieux, on a de véritables thèmes au-delà même du côté meta et de la réflexion sur le cinéma et le genre d’action.
La performance du petit Austin O’Brien est très convaincante et l’écriture du gamin l’est tout autant. Le jeune homme nous prend par la main et nous guide dans son aventure, entre fiction et réalité. Les antagonistes sont tout aussi convaincants, on pense notamment à Charles Dance qui joue Benedict, un sniper d’élite qui respire le machiavélisme. Il est assez cliché et prend son rôle de méchant très à cœur, se plaçant même comme un grand antagoniste du cinéma. Et on peut dire qu’il a tout pour.
La présentation par John McTiernan
John McTiernan est arrivé à la Cinémathèque sous les applaudissements ce mercredi 5 mars 2025. Il n’a pas vraiment parlé de sa cinématographie, et donc pas de Last Action Hero. À la place, il a fait un discours sur l’état du monde et de la société.
Quand on était jeunes, on pensait qu’on pouvait faire ce que l’on voulait et que le pire était derrière nous. Maintenant que je suis vieux, j’ai l’impression de me réveiller dans le film Casablanca.
John McTiernan
Un beau discours où il a évoqué l’état désastreux des choses et la guerre. Quelque chose de très sérieux qui fait écho à son cinéma, comme on peut le voir dans Last Action Hero qui critique clairement les forces de l’ordre et leur inaction entre autres. Il critique également la violence du monde et la compare à celle des films d’action, et confronte ses héros de fiction à un monde dévasté par l’irascibilité. Comme dans tout film meta, au-delà d’une réflexion sur le cinéma, on a le droit à un discours social, politique et engagé. C’est aussi ce qui fait l’identité de ce film.
Last Action Hero est un excellent film meta qui offre une réflexion sur le film d’action, mais aussi sur la société des années 90 et son rapport à la violence. Une belle performance de Schwarzie et de sa petite co-star. Un film à voir enfant pour l’émerveillement et à revoir adulte pour en comprendre toutes les subtilités. Et croyez-nous, il y en a beaucoup.