Adaptation du roman d’Alice Zeniter, L’Art de perdre est un spectacle hybride du Festival d’Avignon. Sous la forme d’un documentaire vidéo, mais aussi d’un seul en scène, le spectacle aborde les conséquences de la guerre d’Algérie à travers plusieurs générations. Une fresque historique audacieuse.
Résumé : Partir des collines de Kabylie dans les années 50. Traverser les violences et les espoirs de la naissance de l’indépendance de l’Algérie. Suivre une famille forcée à l’exil. L’arrivée dans un autre pays, des camps de réfugiés aux cités HLM des banlieues. Et mêler nos deux histoires, celle de l’Algérie et celle de la France des années 70. Se retrouver aujourd’hui dans une société française traversée par les questions identitaires, où tout semble nous renvoyer à nos origines. L’Art de perdre, c’est près d’un siècle d’une histoire intime et contradictoire entre ces deux pays que nous traversons.
L’Histoire en trois générations
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître,
Tant de choses semblent si pleines d’envie
D’être perdues que leur perte n’est pas un désastre.
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.
Cet extrait provient d’un poème d’Elizabeth Bishop. C’est une villanelle, un poème répétitif en 19 vers, qui renvoie sur la perte. Au départ, des pertes anodines telles que celles de ses clés, de la montre de sa mère. Viennent finalement les déchirures de l’âme : celle de la perte d’un être aimé ou d’un pays. L’histoire d’un pays sera le sujet de ce spectacle, L’Art de perdre. Les déchirures décrites du spectacle sont celles de la guerre d’Algérie, ainsi que de ses non-dits.
Une comédienne seule sur scène (Céline Dupuis) incarne des personnages et lis des passages du roman d’Alice Zeniter. S’en suivront alors des vidéos projetées devant le public : des images de l’Algérie, des visages et des témoignages. L’Art de perdre est une œuvre audiovisuelle, utilisant toute la scène comme une image du pays à travers ces générations perdues, contraintes de la quitter.
Dans la mise en scène, trois parties constituent le spectacle, équivalant à trois générations. La première tout d’abord, qui a subi les changements politiques et les dangers en Algérie. La seconde ensuite, installée dans un HLM des Hauts-de-France, essayant d’oublier les événements. Vient alors la troisième, qui tente de renouer avec le passé et comprendre les conséquences de la perte.
Trois générations à travers une fresque historique des plus somptueuses, dans laquelle chacun va remettre en cause son identité : la perdre, l’oublier et finalement, la comprendre. C’est dans cette quête d’identité que se joue toute l’ingéniosité du spectacle : le seul en scène, les témoignages comme devoir de mémoire, les images documentaires de Makach Mouchkil par Franck Renaud comme sujet de transmission. Puis, vient la dernière, parfaitement fictive et interprétée comme sujet d’héritage.
Dans un conflit, il y aura toujours des brisés. Et ces conflits sont permanents : on pense à l’Ukraine, ou bien à la Syrie ces dernières années. L’Art de perdre pourrait faire écho à toutes ces situations à travers l’identité de l’Algérie sur de nombreuses années.
Retrouver son identité, renouer avec ses origines, reprendre sa liberté d’être soi. Savoir qui l’on est sans penser aux injonctions sociales ou intimes. L’Art de perdre, c’est tout cela à la fois, à travers une œuvre maîtrisée de bout en bout. Car une guerre peut tout nous voler. Mais elle n’enlèvera jamais ni la liberté, ni l’identité. L’art de perdre, mais surtout l’art de l’emporter.
J’aurais tellement aimé le voir mais arlésienne , je fais des choix et difficile de voir tous les spectacles qui nous intéressent…( 7 pour moi , c’est peu ! )
L’année prochaine peut-être ??
Continuez de nous ouvrir l’esprit ! Et mille merciii !