L’Arc de triomphe s’emballe avec l’artiste Christo

Lucie A.
Lucie A.
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Plan de l'Arc de triomphe empaqueté réalisé par l'artiste Christo

En septembre prochain, l’œuvre posthume de l’artiste Christo, sobrement intitulée L’Arc de Triomphe empaqueté ne passera pas inaperçue. Hors norme et extravagant, le projet s’attèle à l’un des plus célèbres monuments français. L’arc de triomphe fera ainsi sa rentrée 2021 entièrement recouvert d’un manteau argent. La réalisation de cet empaquetage est un hommage à l’artiste, connu pour sa démesure, mais également une ode au déconfinement des arts. 

L’empaquetage du monument, en préparation depuis 2017, était initialement prévu au printemps 2020. Il illustre l’ambition de Christo (1935 -2020) et de sa femme Jeanne-Claude (1935-2009) de donner vie à ce projet maintes fois contrarié. Des problématiques écologiques, la pandémie et le décès de l’artiste, en mai 2020, ont compliqué sa réalisation. Mais l’équipe de l’artiste, en partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux (CMN), a finalement obtenu le soutien du président de la République pour concrétiser le rêve de Christo. L’œuvre sera visible du 18 septembre au 3 octobre 2021.

Dessin de l'Arc de triomphe empaqueté réalisé par Christo en vue du projet
Dessin de L’Arc de triomphe empaqueté réalisé par Christo en vue du projet

Une œuvre posthume et éphémère

L’Arc de triomphe sera enveloppé sur des plans précédemment élaborés par l’artiste. Plus de 25 000 mètres carrés de polypropylène recyclable bleu argenté et 3 000 mètres de corde rouge seront nécessaires. Conformément au souhait du couple, la réalisation du chantier ne bénéficiera d’aucun fonds public. Son œuvre se finance par la vente des études préparatoires de Christo, des maquettes originales, ainsi que de certaines de ses œuvres des années 1950 et 1960.

Pour l’artiste et sa femme, c’est un vieux rêve qui se réalise. Tous deux décédés, ils n’ont eu de cesse, tout au long de leur vie, d’imaginer des plans, réaliser des maquettes et solliciter les pouvoirs publics. Ensemble, ils esquissent le projet pour la première fois dans les années 60. Christo et Jeanne-Claude ont tout juste 27 ans. Depuis leur petit appartement de la Rive droite, ils rêvent de l’Arc de triomphe. L’artiste réalise alors des études préparatoires et des photomontages du monument emballé vu depuis l’avenue Foch. Le projet, finalisé en 2017, peine à se concrétiser. L’artiste, obstiné, ne perd pas espoir, et décline même l’invitation d’emballage du Centre Pompidou. C’est finalement à titre posthume que le rêve monumental et éphémère (l’œuvre ne sera visible que 16 jours) de l’artiste prendra vie.

À propos de son projet Christo expliquait :

« Ce sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument va devenir sensuelle. Les gens auront envie de toucher l’Arc de triomphe ».

Christo dans son atelier posant avec un dessin préparatoire de L'Arc de Triomphe, Wrapped. New York, le 20 septembre 2019.
Christo dans son atelier posant avec un dessin préparatoire de L’Arc de Triomphe. New York, le 20 septembre 2019.

L’artiste aux monuments

Une belle victoire pour ce bulgare d’origine, qui commence à occuper l’espace public de façon illégale. En 1962, rue Viconsti, il construit un mur avec des barils de pétrole comme une métaphore du mur de Berlin. L’œuvre est détruite au bout de 24 heures mais l’artiste a trouvé son credo. Il s’ensuivit de multiples projets en lien avec l’urbanisme, l’espace public et l’architecture. Très vite, son nom circule sur toutes les lèvres et franchit l’Atlantique. Très connu aux États-Unis, il fait partie des meilleurs artistes de sa génération.

Durant sa carrière, Christo n’a pas seulement envisagé l’Arc de triomphe. Son travail est jalonné de réalisations effectuées sur des monuments et sites européens et américains tels que la baie de Biscayne (Miami, 1983), Le Reichstag (Berlin, 1995), The Gates (New York, 2005), le Mastaba (Londres, 2018). En France, son œuvre la plus connue est celle qu’il réalise sur le Pont Neuf. En 1985, l’artiste offre aux parisiens un regard neuf sur le plus ancien pont de Paris. L’édifice est entièrement recouvert par une toile qui change d’aspect selon la position du soleil. Visible 14 jours, le projet est également à la charge de l’artiste qui refuse toute forme de mécenat. Un principe qu’il appliquera tout au long de sa carrière.

Vue du Pont-Neuf, Paris, empaqueté par Christo
Vue du Pont-Neuf, Paris, empaqueté par Christo

Ce Don Quichotte des arts, a su mener des projets presque impossibles à réaliser, prouvant une énergie hors norme et un génie qui a su transformer les paysages en événements poétiques. Philippe Bélaval, président du CMN conclu :

« De partout, des millions de regards vont converger vers ce monument symbolique de l’Histoire de France et de Paris. Après deux années difficiles, patrimoine et création vont s’unir pour offrir au public un moment inoubliable de joie partagée ».

Christo dans son atelier en train de travailler sur un dessin préparatoire pour L'Arc de Triomphe, Wrapped. New York, 2020.
Christo dans son atelier en train de travailler sur un dessin préparatoire pour L’Arc de Triomphe. New York, 2020.

L’Arc de triomphe empaqueté marque un événement fort qui ne manquera pas d’émerveiller les Français et de faire rayonner la France à l’international.

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