Elle est depuis 1799 dans la salle Richelieu, au Palais-Royal. La Comédie-Française est l’une des plus rayonnantes troupes de théâtre au monde. Retour sur sa création, survenue à la mort de Molière en 1673, et son histoire.
La Comédie-Française
On l’appelle quelquefois le Théâtre-Français ou la maison de Molière, mais elle est plus connue sous le nom de Comédie-Française. La troupe de théâtre est l’une des plus vieilles au monde, mais aussi sûrement l’une de celles qui rayonnent le plus dans le monde.
C’est un théâtre national situé au Domaine National du Palais-Royal. Son rôle ? Assurer la représentation régulière des principales pièces du répertoire classique du pays. La troupe joue aussi parfois quelques œuvres d’auteurs dramatiques contemporains. La Comédie-Française dispose de deux autres salles : le théâtre du Vieux-Colombier (dans le 6ème arrondissement parisien) et le Studio-Théâtre (à la galerie du Carrousel du Louvre).
Les troupes de théâtre unifiées
Dans les années 1670, trois troupes de théâtre coexistent : la troupe du Marais, la troupe de l’hôtel de Bourgogne et la troupe du Palais-Royal. Les troupes sont rivales et la dernière citée est dirigée par le très connu Molière. La troupe de Molière est la préférée de la cour royale. En effet, elle fait ses débuts là-bas en 1658.
Cependant, ce dernier meurt le 17 février 1673. La troupe est désormais dirigée par la veuve de l’artiste, Armande Béjart, ainsi que par son camarade de scène Charles Varlet, alias La Grange.
Après cette mort, les comédiens du Palais-Royal rejoignent les comédiens du Marais sous ordre royal. Cette nouvelle troupe s’installe à l’hôtel Guénégaud, rue Mazarine. La disparition de La Thorillière, chef de la troupe de l’hôtel de Bourgogne (dernière troupe rivale), va entraîner une ultime jonction. C’est le 18 août 1680 que Louis XIV réunit les deux troupes à celle de l’hôtel de Bourgogne. Il fonde alors la Comédie-Française.
Une institution
La troupe adopte l’emblème de la ruche, ainsi que sa devise « Simul et singulis » (« être ensemble et rester soi-même » ). À l’occasion, ce ne sont plus 3 coups qui sont frappés en début de représentation, mais 6.
« Louis XIV le voulait. Il a profité de la mort de Molière avec lequel il était brouillé pour fonder un théâtre qui unirait à la fois les troupes comiques et les troupes tragiques. » – Hélène Tierchant, co auteure de « La grande histoire de la Comédie-Française »
Elle prend le nom de « Comédie-Française » pour se distinguer du rival, la Comédie-Italienne. Cette troupe était vouée à la Comedia dell’arte. Le 25 août, 7 jours après leur jonction, les comédiens offrent leur première représentation ensemble.
Quelques mois plus tard, le 21 octobre 1680, une lettre signée à Versailles consacre la fondation d’une troupe unique. Elle est composée de 27 comédiens et comédiennes, choisis par le Roi selon leur niveau. Le but de la compagnie est de « rendre les représentations des comédies plus parfaites ».
Dans le répertoire de la compagnie figurent alors des pièces de Corneille, Racine, Rotrou, Scarron, et bien sûr de Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière. La troupe occupe l’hôtel Guénégaud, mais bougera pas mal de fois. Notamment en occupant le jeu de paume de l’Étoile entre 1689 et 1770 ou la salle des machines aux Tuileries de 1770 à 1782. C’est en 1799 qu’elle finit par s’installer au Palais-Royal, dans l’actuelle salle Richelieu.
Fondée il y a plus de trois siècles, elle n’a manqué disparaître qu’au moment des troubles révolutionnaires, pour une très courte période. À la fin du XVIIIe siècle, la Comédie-Française connaît aussi une petite révolution. En 1784, la troupe signe la première représentation du Mariage de Figaro. La pièce de Beaumarchais, écrite en 1778, avait à l’époque fait face à la censure pour sa satire des privilèges des nobles et des aristocrates français.
Le décret de Moscou
La constitution de la Comédie-Française telle qu’on la connaît date du décret de Moscou en 1812. Ce décret régit le fonctionnement de la troupe. Il regroupe 87 articles autour de l’administration théâtrale, du financement de la troupe ou de l’admission de nouvelles pièces. Alors qu’elle était sous tutelle royale, puis du gouvernement, celle-ci est désormais sous tutelle de l’empire.
« Napoléon a été près de 270 fois à la Comédie-Française au long de son règne. Il avait sa loge et s’il arrivait en retard les comédiens devaient reprendre au début la pièce. » – Hélène Tierchant, co auteure de « La grande histoire de la Comédie-Française »
L’administrateur général du théâtre a sous son autorité 280 personnes. On dénombre alors 60 comédiens. 30 sont sociétaires et 30 sont pensionnaires. Les 220 personnes restantes sont les membres du personnel technique. Un théâtre fonctionne aussi grâce à ses employés, artisans et ouvriers du plateau.
C’est aussi l’administrateur qui procède aux engagements. Un acteur qui entre à la Comédie-Française signe d’abord un contrat de pensionnaire. Le contrat est d’une durée d’un an renouvelable.
Par la suite, le comédien peut devenir sociétaire. Pour cela, il doit être proposé par le comité d’administration et élu par l’assemblée générale des sociétaires. Finalement, son élection est ratifiée par le ministre des Affaires culturelles (actuel ministre de la Culture).
Le sociétaire est lié pour vingt ans, à partir de la date de son entrée à la Comédie-Française. Il participe à la gestion de la compagnie et touche une part des bénéfices. Les bénéfices sont divisés en 24 parts. La Comédie-Française reçoit une subvention de l’État.
Depuis 1995, la Comédie-Française est placée sous l’autorité du ministère de la Culture. Les membres se succèdent, mais la troupe s’est enracinée. Actuellement, on peut y souligner la présence de Denis Podalydès, Guillaume Gallienne ou bien Laurent Lafitte.
Sources :