From Software n’est pas seulement connu pour ses Soulsbornes, mais aussi pour ses nombreuses productions plus ou moins triomphantes. Kuon est une de ces œuvres du survival-horror qui n’a pas trouvé la gloire, mais qui se vend aujourd’hui au prix d’une œuvre d’art.
Bien avant la célébrité avec les succès d’Elden Ring et Dark Souls, la société From Software s’est prêtée à de nombreux exercices au développement plus ou moins abouti. Si les King’s Field ont su trouver grâce aux yeux des joueurs des années plus tard, certaines de leurs œuvres ont presque été oubliées.
C’est ainsi le cas de Kuon, un kaidan (histoire mystérieuse) inspiré du folklore japonais. Première expérience intégrale du genre pour From Software, si on excepte la tentative Echo Night, Kuon est un titre qui se vend aujourd’hui à prix d’or auprès des collectionneurs, bien plus que Rule of Rose et sa controverse diffamatoire ou Ico, le chef-d’œuvre de Fumito Ueda. Oui, Bloodborne n’était pas la seule œuvre maléfique et torturée des développeurs japonais.
Nota Bene : Kuon signifie Eternité, mais aussi Les Neuf Rancunes ! Une évidence par rapport à l’histoire du jeu…
Un jeu très cher signé par le studio d’Elden Ring
Et pour cause, le label du studio agit comme un véritable atout capitaliste. Kuon est le signe d’une ancienne version de From Software devenue légendaire. Le jeu PS2 est sorti en quantité très réduite en dehors du Japon et s’est retrouvé confronté à un flagrant échec commercial. La couverture médiatique ne lui avait pas été bénéfique et les critiques de la presse n’ont pas été des plus tendres avec le jeu, lui reprochant son exigence et son archaïsme.
Kuon a une prémisse véritablement effrayante, et vous voudrez la mener jusqu’à sa conclusion. […] Compte tenu des frustrations du système de combat lent et inégal, de la nécessité de répéter des morceaux du jeu pour arriver à la fin et de la brièveté générale de celui-ci, une période de location est plus que suffisante pour que les intéressés glanent les meilleurs points de ce jeu. (Gamespot, 22 avril 2005)
Inconnu du grand public, la réputation croissante du studio dirigé par Hidetaka Miyazaki a donné une seconde chance à ses productions précédant Demon’s Souls. Enfin, le genre du survival-horror est toujours en pleine effervescence et très apprécié des joueurs.
Un jeu d’horreur signé From Software et commercialisé en très peu d’exemplaires est l’argument ultime pour que Kuon devienne le fantasme des collectionneurs de jeu vidéo rétrogaming.
Des femmes et des malédictions !
Mais qu’est-ce que Kuon ? Avant tout, il convient de préciser que le jeu de From Software est tout juste passable, sans être un mastodonte du genre. Il raconte trois histoires distinctes autour de trois jeunes femmes confrontées à une malédiction. Situé pendant la période historique Heian au Japon, le titre se déroule entièrement dans un manoir de Kyoto.
L’intrigue tourne autour d’Utsuki, une jeune fille du sanctuaire qui recherche son père Doman. D’un autre côté, Sakuya, une exorciste et disciple de Doman, enquête sur d’étranges événements survenus dans le manoir. Une fois à l’intérieur, elles trouvent l’horreur. De nombreux cocons de vers à soie contenant des cadavres humains défigurés concevant l’éclosion de monstres effrayants. Il ne fait plus aucun doute que Doman lui-même est responsable du cauchemar dans sa tentative d’accomplir le rituel interdit de Kuon, qui consiste à payer le prix fort pour faire renaître quelqu’un…
La beauté du menu principal, présentant la collaboration avec Kyosuke Chinai, talentueux peintre moderniste entre l’imagerie japonaise traditionnelle et les avant-gardes européennes, nous met déjà dans l’ambiance. Nous sommes directement propulsés dans un Japon féodal frappé de mysticisme. Le point le plus intéressant de Kuon vient du choix de narration pour les héroïnes. Le jeu propose trois points de vue différents de la situation cauchemardesque. Tout d’abord, le Parcours Yin et le Parcours Yang. Le troisième étant le plus intéressant, puisqu’il enchaîne les révélations.
Du pur From Software… ou presque !
Souvent injustement comparé à Project Zéro, bien que les deux jeux possèdent des similitudes, il serait plus intéressant de le voir comme un Onimusha horrifique. Car bien qu’il reprenne ce système d’angle de caméra fidèle au genre, Kuon pourrait prétendre appartenir au genre du hack’n’slash avec de puissants ennemis à vaincre.
Les deux jeunes femmes que l’on incarne ont chacune leurs spécificités d’attaque. La première utilise un long couteau qui est puissant mais lent. La seconde utilise un éventail particulièrement faible mais rapide. Plus que sa structure, la peur et le malaise se décrivent par l’ambiance poisseuse et dénuée de toute vie du manoir. Elle augmente également le stress par l’absence d’une barre de santé qui se réduit très vite. Au seuil de la mort, la vision se troublera de plus en plus. Seule la méditation pourra permettre de garder son calme.
Bien que les combats ne soient pas la force du jeu, les ennemis sont terriblement agressifs et les attaques des héroïnes ne semblent tellement pas adaptées à la situation que l’on aura tendance à fuir le combat. Heureusement, il existe des magies et des invocations, mais qu’il faut utiliser avec soin, surtout contre les Boss.
Le plus effrayant est son prix !
Malgré sa direction artistique très soignée et montrant une vraie passion pour l’époque, Kuon se contente finalement de remplir une grande partie du cahier des charges d’un genre qui s’essouffle. Si le jeu de From Software sort en 2004 au Japon, il faudra patienter deux ans pour le voir arriver en toute discrétion en France. Comme nous l’avons écrit plus haut, son nombre d’exemplaires est assez limité et toute communication médiatique est absente. Il sort donc dans l’indifférence générale, d’autant que le survival-horror à l’ancienne ne rassemble plus les foules. Il devient malgré lui l’un des titres les plus rares de la PS2. De nombreux titres comme Haunting Ground n’arriveront pas à trouver leur public.
Difficile de proposer un côté rétro après la révolution instaurée par Resident Evil 4. Pour redonner un souffle à l’horreur, il faudra désormais s’inspirer du jeu de Capcom. Les rares chanceux à s’être procurés Kuon voient en lui un objet de collection que l’on peut revendre à des sommes faramineuses. Entre 200 euros et 600 euros pour la version européenne (la version japonaise est moins chère car légèrement plus répandue) pour un modèle d’occasion. Récemment, une version neuve sous blister s’est vendue aux enchères pour presque 9 000 euros ! Enfin, rajoutons encore que la réputation de l’entreprise de Sekiro Shadows Die Twice ne fait qu’augmenter considérablement la popularité d’un Kuon très recherché.
Au-delà de son classicisme horrifique, Kuon est un vestige du passé d’un studio qui domine le marché vidéoludique. Son prix devrait continuer à grimper au fur et à mesure des années. Plus que le jeu, c’est un véritable objet de collection à conserver dans une vitrine.
2 Replies to “« Kuon », le survival-horror rétro de From Software qui fait trembler les collectionneurs !”