Interview de Jean-Louis Vill, auteur de « Isekai : L’Héritier de l’Autre monde »

Interview de Jean-Louis Vill, auteur de "Isekai : L’Héritier de l’Autre monde"

Jean-Louis Vill est un auteur discret d’origine québécoise. Né à Montréal d’un père haïtien et d’une mère française, Jean-Louis Vill a grandi dans une famille nombreuse de dix enfants. Après un parcours singulier et une carrière dans le domaine de l’informatique, il se lance dans l’écriture de son premier roman : Isekai – L’Héritier de l’Autre monde. Une proposition ambitieuse qui vient ré-aborder le concept Isekai de manière personnelle et inédite.

Est-ce que vous pouvez rapidement vous présenter ?

Jean-Louis Vill, écrivain. J’ai débuté ce premier livre, Isekai, durant le confinement, après avoir écouté et regardé de nombreuses séries animées sur le genre. Je me suis rendu compte qu’aucune ne me plaisait réellement, j’ai donc décidé d’écrire ma propre histoire. C’est comme ça que je me suis lancé dans le style Isekai. Et c’est comme ça que je suis arrivé au métier d’écrivain.

Comment est-ce que vous décririez le style Isekai pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas ?

Oui, en japonais, Isekai signifie « autre monde ». Donc le style Isekai c’est lorsque l’on suit un protagoniste qui évolue dans un autre monde, un monde qui n’est pas le sien. L’inverse existe également. L’Isekai inversé c’est quand des personnages d’un autre monde se retrouvent dans le nôtre.

Est-ce qu’il existe des Isekai réellement emblématiques ?

Oui heureusement qu’il en existe. Il y a évidemment quelques œuvres qui m’ont inspiré et orienté comme Spirit Chronicles et Fairy Tail. Naturellement j’en ai vu beaucoup d’autres mais ce sont ces œuvres qui m’ont principalement influencé. Je citerai également Game of Thrones qui a une part très importante dans le développement de mon histoire.

Est-ce que vous avez d’abord construit vos personnages ou d’abord votre arc narratif ?

J’ai d’abord imaginé mon monde. Mais lorsque je me posais pour écrire je savais déjà très bien quel genre de personnage je voulais mettre en scène. En tout cas psychologiquement parlant. Je ne voulais vraiment pas créer des personnages manichéens. Tout n’est pas noir ou blanc dans le monde. Les gens n’ont pas que des défauts, ils ont aussi leurs qualités. Par exemple, si on prend le Marquis de Simeveigo, c’est un personnage qui sait parler aux gens, qui sait les convaincre et les motiver. C’est quelqu’un qui est capable de récompenser ses fidèles. Lorsqu’il tend le piège pour retrouver Michihiro, il utilise ses connaissances et ses belles paroles pour manipuler ses pairs.

Comment est-ce que vous décririez votre plume ?

C’est une excellente question. Étant donné que c’est mon premier livre c’est parfois assez difficile de s’y retrouver. Ce que je peux dire, c’est mon objectif. Je voulais quelque chose de très immersif. Donc j’ai tâché de donner beaucoup de descriptions et de développer les sentiments de mes personnages. Mes proches m’ont souvent dit que je savais bien raconter une histoire. En écrivant, on se rend compte qu’on peint des actions. Je pense donc que j’ai créé une écriture très immersive.

J’ai deux amies qui travaillent dans le cinéma, elles m’ont parlé des différents points de vue. Ce n’est clairement pas tombé dans l’oreille d’un sourd haha. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime donner différents points de vue de personnages sur une même situation. Donc c’est comme ça que je décrirais ma plume. D’un point de vue narratif je préfère me considérer comme un observateur. J’écris du côté de l’observateur en opposition avec les personnages.

Est-ce que vous avez un rituel d’écriture particulier ?

C’est aussi une excellente question. J’essaye d’écrire un petit peu tous les jours. Après, parfois, j’ai des périodes où j’écris tout d’un coup. Mais globalement, un petit peu tous les jours. Je prends également beaucoup de notes en amont. Et une fois que j’ai suffisamment d’idées et d’annotations, je débute l’écriture du manuscrit. La fin de semaine est une période bénie aussi. Et puis, de toute façon, quand je me lance dans l’écriture je ne vois plus vraiment le temps passer. J’ai déjà écrit le deuxième livre et je suis à peu près à la moitié du troisième. En fait, j’écris un tome à peu près en six mois.

Jean-Louis Vill

Pourquoi y-a-t-il autant d’images dans votre roman ?

C’est propre aux romans japonais qui sont souvent accompagnés d’images. Et bien souvent, dans les romans Isekai, lorsqu’il y a beaucoup de personnages il n’y a rien pour se rattacher à eux, pour guider les lecteurs.

Est-ce que vous vous êtes vous-même occupé des visuels ?

Oui c’est moi qui m’en suis occupé. Heureusement, parce que si j’étais passé par un artiste, ça m’aurait vite coûté cher. J’utilise entre autres l’IA pour créer ces images, mais pas que. J’utilise plusieurs intelligences artificielles, mais je dessine aussi. En fait je travaille de concert avec l’IA. Je lui propose des visuels qu’elle améliore et vice-versa.

Est-ce que tu t’es basé sur des visuels pour créer des personnages ou est-ce que tu t’es basé sur tes personnages pour créer tes visuels ?

Au départ, lorsque j’ai commencé à écrire, j’ai voulu décrire au maximum mon univers avant de me lancer dans les visuels. Mais je me suis ensuite rendu compte que l’inverse était plus simple. Donc dorénavant, j’essaye de penser à mes visuels en amont pour me préparer au maximum à l’écriture.

Pourquoi avoir choisi un personnage aussi jeune ?

Je voulais casser les deux grands codes du genre Isekai dès le départ. Normalement, si j’avais suivi les codes du genre Isekai, le protagoniste aurait été Michihiro. Mais je voulais m’éloigner de ce schéma en me concentrant sur l’héritier justement. Et, normalement, dans les codes Isekai, Michihiro est arrivé à l’adolescence. Si j’avais développé son histoire à partir de là, j’aurais été dans les codes de l’Isekai. Mais je voulais développer son background, de son enfance à son adolescence au lieu de commencer directement à l’adolescence.

Isekai

Comment avez-vous développé votre personnage et qu’avez-vous mis de votre identité personnelle dans ce protagoniste ?

Je n’ai absolument rien mis de moi. J’ai essayé de me détacher totalement de mes personnages. Quand j’ai commencé à écrire, je n’avais pratiquement aucune expérience en la matière. Selon moi, à peu près n’importe qui peut écrire. Mais j’avais au moins deux qualités : je suis calé en informatique et je suis quelqu’un de minutieux.

En me définissant, en prenant de l’expérience, j’ai appris qu’il y avait plusieurs niveaux de langage, différentes tonalités, différentes caractéristiques de langage. Donc on peut avoir une multitude de possibilités. Grâce à mon niveau de langage, j’ai réussi à créer ma propre histoire. En fixant la personnalité de chacun, leur manière de parler, cela permet d’être certains que je ne sois pas moi-même dans le décor.

Est-ce que vous aviez réfléchi à votre chronologie en amont ?

C’est encore là une excellente question. Je voulais éviter les erreurs de chronologie. Je voulais éviter les anachronismes. Donc j’ai utilisé un logiciel qui me permet de bien structurer mes idées dans le temps. Puisque je fais des allés et retours dans le temps, le fait de bien déterminer la chronologie permet aussi aux lecteurs de s’y retrouver. Je savais où est-ce que j’allais, mais je préférais mettre tout ça sur papier. C’est grâce à cette chronologie que j’ai réussi à ne pas faire d’erreur.

Il y a une forte opposition entre le couple de parents. Le père est davantage orienté vers la science et la mère vers les croyances. Je voulais savoir où vous vous situez par rapport à cette collision de croyances ?

Je suis totalement les deux. Je suis profondément croyant, de confession catholique, pratiquant. Ça c’est une chose. Mais je suis aussi quelqu’un qui croit à la science. J’ai débuté comme ingénieur électrique, en informatique, et j’ai aussi étudié en éducation physique et santé. Je voulais faire psychiatre. J’ai la prétention d’être quelqu’un de logique, et j’ai aussi la prétention d’être quelqu’un qui n’aime pas les contradictions. Pour moi, on est chacun responsable de son âme.

Je pense être au bon endroit. Si on veut réfléchir d’une manière scientifique, si on regarde le corps humain, chacune de ses cellules est indépendantes et pourtant elles travaillent toutes pour la même chose : pour nous maintenir en vie. Et pour moi, ça c’est un miracle. Donc je suis à la fois croyant mais aussi terre à terre et logique. Ces deux personnages représentent chacune de mes facettes.

Spirit Chronicles
Spirit Chronicles

Comment est-ce que vous imagineriez Arius à l’âge adulte ?

Ça c’est une question marrante. Je sais déjà comment je l’imaginerais. À force d’avoir appris à être un homme durant sa jeunesse, et bien il aurait réussi à s’accepter tel qu’il est.

Si tu devais faire une adaptation de Isekai tu choisirais quel support ?

J’adorerais voir un animé sur Isekai. Mais je vais vous dire quelque chose. Je suis en relation avec une entreprise américaine. Et lorsqu’ils ont fait une étude de marché, ils ont mis en lumière que parmi le public cible, il y avait les amateurs de jeux et de jeux de rôles. Et moi, je n’avais pas franchement mis le doigt sur cette possibilité. Mais pourquoi pas. Ça peut être une bonne idée aussi. Après, toute adaptation serait super. Cela confirmerait que je ne me suis pas trompé dans mon voyage. Mais l’animation reste mon médium préféré.

Si vous pouviez choisir un autre univers pour faire un crossover avec Isekai, lequel choisiriez-vous ?

Oh c’est une excellente question aussi. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Peut-être avec Spirit Chronicles. Arius pourrait bien s’entendre avec Haruto je pense.

Est-ce que vous avez envie d’écrire dans d’autres styles que l’Isekai ?

Pour l’instant je vais rester dans l’univers de la fantasy, mais peut-être que je pourrai, à terme, écrire sur autre chose. La porte n’est pas fermée en tout cas.

Avec ce roman, Jean-Louis Vill nous propose une nouvelle approche du genre Isekai, où se mêlent l’imaginaire japonais et les influences occidentales. Avec une histoire aussi riche, l’auteur québécois a toutes les cartes en main pour séduire les amateurs du genre et, pourquoi pas, ouvrir de nouveaux horizons à ses lecteurs. Un univers à suivre de près !

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