Gueules Noires sort début juin un album très rock et très engagé. Ce manifeste électrique dénonce un pan de l’histoire belge à l’époque coloniale. Les gueules noires sont les mineurs exploités dans les mines de charbon du Borinage et des villes frontalières du nord de la France. Mais les gueules noires sont aussi les esclaves congolais manipulés, exploités, torturés et anéantis pour les intérêts du capitalisme, par le biais du colonialisme belge et français.
Porté par le musicien et guitariste Dierick, Gueules Noires nous fait nous souvenir de cet épisode douloureux avec un album très inspiré, vibrant de détresse et de rage. Artiste polymorphe, Dierick a déjà revêtu toutes les peaux. Du théâtre à la musique, en passant par la danse ou bien l’expérimentation, il voyage de supports en territoires, empreint d’une inspiration intarissable.
On avait adoré le premier extrait, Diep Graaf, qui ne faisait pas dans la dentelle. Et on adore encore plus le poignant Qu’elle me revienne, à découvrir en clip.
Ce second titre de l’album de Gueules Noires qui sortira en juin (sortie juin 2023 – L’autre Distribution) évoque les violences faites aux femmes d’esclaves congolais. Sous l’occupation colonialiste belge, elles étaient détenues en otage, alors que leurs époux s’enfonçaient de plus en plus loin, « au cœur des ténèbres » pour récolter le caoutchouc.
Cette méthode visait à éviter que les esclaves ne prennent la fuite, s’assurant ainsi de leur retour. Les blancs et les soldats autochtones à qui ils avaient confié ce « petit » pouvoir de maintien de l’ordre les violaient. Parfois, une fois « consommées », ils tuaient ces femmes, laissant alors leur mari dans le désarroi le plus total. L’homme de retour de la jungle après des semaines d’absence, ne retrouvant pas sa femme, chante ici : « Qu’elle me revienne, même dans un sac, même dans une boîte », afin qu’il puisse l’enterrer dignement et entamer son deuil.
Le clip qui illustre Qu’elle me revienne est une nouvelle fois réalisé en stop motion par l’équipe Cyann Coroënne et Kyle Messett. A découvrir de toute urgence !