Annoncé depuis 2020, Final Fantasy XVI fait partie des titres les plus attendus de cette année. Naoki Yoshida, l’homme qui permit au quatorzième épisode de rattraper son lancement catastrophique, et son équipe ont la responsabilité d’offrir le renouveau que la mythique franchise de Square Enix se doit d’avoir. Vient alors Final Fantasy XVI, un titre spectaculaire et grandiose, mais qui contient des lacunes qui risquent de gêner les fans absolus !
Nota Bene : Nous avons attendu de le terminer avant de pouvoir écrire notre avis sur Final Fantasy XVI.
L’épopée la plus nerveuse du moment !
Le Fléau Noir s’abat sur Valisthéa. En absorbant la magie du monde, le Royaume se meurt. A cause des faibles ressources qui s’amenuisent, les différents peuples se livrent une guerre sans merci. Certains des royaumes possèdent leur émissaire, porteur du pouvoir des Primordiaux et pouvant se transformer. C’est dans ce contexte très sombre que se déroule l’histoire de Clive Rosfield, choisi pour être le Gardien du Primordial Phénix, qui n’est autre que son petit frère Joshua. Après une tragédie, Clive devient pourvoyeur de l’Empire et jure de venger sa famille. Commence alors une épopée sur la liberté et l’esclavage.
Final Fantasy XVI propose le scénario le plus sombre de la franchise depuis longtemps. Le sang coule à flots et le contexte géopolitique est cruel. Ce n’est, certes, pas le premier épisode à traiter de politique, puisque le douzième volet le faisait parfaitement. Mais ce Final Fantasy XVI est vraiment le plus sombre et désespéré de la franchise. Très influencé par Game of Thrones, il est incroyablement passionnant et on accroche toujours autant pendant les 40 heures nécessaires pour terminer le scénario. Cependant, il faut prévenir que le titre de Square Enix est, à l’instar de la saison 1 de Game of Thrones, très long à se mettre en route. Posant doucement les bases de l’aventure, il faudra compter une petite dizaine d’heures pour être pleinement conquis par le scénario. Cela risque de gêner un peu, mais l’histoire en vaut vraiment la peine.
Nota Bene : Si le scénario est des plus intéressants, on reprochera tout de même l’impression d’assister à une série populaire de Netflix, dans l’idée que ce Final Fantasy XVI puise énormément dans beaucoup de choses qui ont déjà été faites et qu’il peut s’avérer extrêmement prévisible. Egalement, nous n’apprécions pas vraiment le traitement réservé aux personnages féminins. Dans la franchise de Square Enix, elles ont toutes une histoire importante à découvrir. Dans Final Fantasy XV, elles étaient malheureusement très en retrait et ce seizième volet fait exactement la même erreur, en les sous-exploitant grandement. On pense à Jill et Benedikta… Quel gâchis. Néanmoins, oui, le scénario en vaut la chandelle, même s’il se complique parfois vraiment pour rien.
Nerveux, dynamique, spectaculaire
Un seul personnage est jouable la grande majorité du temps : Clive. Les compagnons seront gérés par l’IA, mais cela permet d’accentuer le gameplay plus en profondeur vers un système bien nerveux, fluide, ardent et remuant. Pouvant être facilement comparé à celui de Devil May Cry, il apporte un aspect moderne et dynamique. Si, pour certains, la jauge ATB propre à la franchise et le système de tour par tour peuvent manquer, d’autres salueront son accessibilité et des combats plaisants renforçant la place de jeu d’action que prend de plus en plus Final Fantasy XVI. Mention spéciale aux affrontements des Primordiaux.
Longtemps assurés comme l’un des éléments majeurs de Final Fantasy XVI, nous en attendions énormément. Et nous sommes extrêmement ravis. Les combats, bien que s’éternisant pour si peu parfois, bénéficient d’une mise en scène si extraordinaire qu’on en ressort le souffle coupé. Passant parfois au shoot’em up ou au pur jeu de combat, se référant à de nombreuses œuvres de la pop culture (impossible de ne pas penser à Asura’s Wrath), Final Fantasy XVI assure un spectacle grandiose tout le long des affrontements contre les Primordiaux. N’oublions pas de mentionner la bande originale qui amène le spectaculaire à son apogée. On regrettera juste ces nombreuses chutes de framerate, créant des ralentis pas franchement nécessaires.
Notons aussi un système de « choc » permettant d’affaiblir considérablement l’adversaire et qui se déclenche après une série de coups subis. Repris du gameplay de Final Fantasy XIII, il permet de reprendre l’avantage si la situation tourne mal.
Marche droit devant toi, Clive !
Toutefois, ces éloges couvrent un fait qui risque de grandement diviser le public. La structure du jeu étant immensément linéaire, on pourrait vraiment croire que Final Fantasy XVI n’est qu’un film interactif qui s’enchaîne tout le temps pareil : combats, un peu de déplacements, longues cinématiques. Certes, la linéarité renvoie à Final Fantasy XIII, mais souffre de son même défaut : l’inutilité de l’entraînement. Il ne sert absolument à rien de farmer dans Final Fantasy XVI, il suffit de savoir esquiver (ou pas puisque vous pouvez le faire automatiquement) pour réussir facilement. Rares sont les affrontements où vous frôlerez la mort !
Il est possible d’utiliser des accessoires créés spécialement pour faciliter le titre, mais ce serait encore plus se faciliter la tâche. Sauf si vous ne voulez profiter que de l’histoire. Vous pouvez alors utiliser ces accessoires vous permettant d’utiliser automatiquement des potions ou même d’esquiver automatiquement. Il existe un mode de difficulté supérieur faisant office de New Game + qui change considérablement l’expérience, rendant le titre plus tactique. Malheureusement, notre plaisir de jeu fut très différent. Ce qui renforce notre idée que Final Fantasy XVI est une aventure fantastique à ne faire qu’une seule fois.
Vraiment un Final Fantasy ?
Car oui, le jeu est vraiment très facile, ce qui permettra par conséquent de profiter du trépidant scénario. Inutile de se consacrer aux quêtes secondaires qui nous feraient presque regretter celle de Final Fantasy XV (on avouera tout de même que son monde ouvert ne nous manque absolument pas), tant elles ne sont que du remplissage pour la grande partie d’entre elles et cassent énormément le rythme du jeu !
Avouons aussi que Final Fantasy XVI n’est pas maître de l’exploration, puisqu’elle s’avère assez pénible. Malgré la linéarité de certains épisodes, la saga a toujours su faire rêver et faire découvrir un monde onirique. Voyager, c’est aller vers la promesse d’un nouvel environnement qui mérite que l’on y foule les pieds. Final Fantasy XII l’avait bien compris et proposait la définition même de « liberté » à travers des lieux uniques en leur genre. Plein de coffres à ouvrir, un bestiaire varié, des zones secondaires et tant de possibilités. Final Fantasy XV, malgré son monde ouvert, s’est largement trompé à travers ses environnements vides et ses décors urbains. Sa seule véritable surprise ne venait que d’un donjon accessible à la toute fin du jeu. Final Fantasy est un voyage vers la liberté, même quand l’esclavage en est la thématique.
Rendez-nous la liberté !
Alors, « liberté, j’écris ton nom », car il s’agit tout simplement du plus gros paradoxe du jeu. Acquérir sa liberté dans un jeu qui n’en propose aucune. Entre ses murs invisibles partout et l’impossibilité de franchir de ridicules obstacles que l’on pourrait contourner facilement, le titre n’encourage absolument pas l’exploration et prive le joueur de l’essence même de ce qu’est un Final Fantasy. On ne reproche pas la linéarité du titre, mais bien cette absence de liberté dans l’exploration. Pourquoi fouiller quand on ne trouve que quelques Gils ou des objets sans grande valeur ? Autre problématique qu’il convient de souligner, le gameplay, pourtant jouissif, met beaucoup en retrait l’aspect RPG des autres épisodes de la franchise (où sont les altérations d’état ?).
On pourrait alors voir en ce Final Fantasy XVI l’antithèse du treizième épisode : linéaire, brillant, vide et inexplorable (sauf Pulse dans les aventures de Lightning), mais à l’intrigue spectaculaire. Finalement, l’histoire de Clive est sanglante, froide et dénuée de toute humanité. A l’image du jeu. Ce sacrifice pour la franchise était-il vraiment nécessaire ?
Finalement, son allure de film interactif pourrait dérouter le public, et ce serait vraiment d’une tristesse tant Final Fantasy XVI est l’un de ces jeux qui nous font dire que cette année 2023 est d’une grande richesse vidéoludique. Avec de grands moments d’anthologie, le titre va grandement marquer son public, en bien comme en mal. Faire une partie unique, sans se préoccuper de la difficulté, renvoie à participer à cette épopée légendaire mais imparfaite. L’honneur de la franchise Final Fantasy est sauf… Mais à quel prix ? Final Fantasy XVI voulait diviser, il réussit parfaitement !
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