« Companion » : une série B plutôt efficace [critique]

Au cinéma en ce début d’année 2025, Companion est le premier long-métrage de Drew Hancock, un habitué du petit écran. Emmené par Sophie Thatcher (qu’on a récemment découvert dans Heretic) et Jack Quaid (The Boys), le film est une série B horrifique efficace et divertissante, à défaut d’être très originale. Une proposition qui cherche à être irrévérencieuse, mais qui est pourtant parfois trop calibrée. 

Companion : on se la joue Black Mirror ?

Companion raconte le destin de Josh et Iris, un couple en apparence parfait, qui se rend chez des amis pour le week-end. Évidemment, sur place, les choses vont déraper. Que ce soit dans ses thématiques, dans sa volonté d’être une proposition d’anticipation, et parfois même dans son ton ironisant et irrévérencieux, Companion s’inscrit dans la droite lignée de la série Black Mirror.

Drew Hancock signe une critique évidente de notre technologie moderne, et de son évolution. A travers un film à concept et à twists, il pointe du doigt les dangers de notre avenir technologique de la même façon que Charlie Brooker dans sa célèbre série d’anthologies.

Mais le show britannique n’est pas le seul à être convoqué dans Companion. Drew Hancock cite ici et là Revenge, Ex Machina ou encore Terminator. Revenge, parce qu’il met en place l’histoire d’une final girl qui va devoir se battre pour se venger d’une masculinité toxique, dangereuse et surtout criminelle. Ex Machina, évidemment, dans sa volonté de raconter une histoire d’amour à sens unique, mais aussi de parler de supériorité masculiniste, de contrôle de la pensée, d’enfermement psychologique, entre un homme et une robot.

Parce que Companion c’est avant tout la libération d’une femme, celle de Iris, qui va se battre contre les dictas moraux qu’on lui impose, contre la manipulation toxique masculine, et même contre sa propre identité pour obtenir (peut-être) une émancipation bien méritée.

Effet Blumhouse ?

Companion est aussi une proposition qui mélange les genres. Drew Hancock s’amuse avec cette petite série B souvent rafraîchissante, qui emprunte au thriller, à l’horreur et à la comédie. Souvent irrévérencieux, Companion propose une construction assez maligne, un ton satirique satisfaisant, et un timing comique efficace inattendu. Et puis, l’œuvre est aussi rafraîchissante car ce n’est ni une suite, ni un remake, ni un prequel. Et l’air de rien, ça fait du bien…

Il n’empêche que malgré ses qualités, Companion est une proposition un peu prétentieuse, moins intelligente qu’elle ne veut réellement l’être. Companion est loin d’être stupide, ou même ennuyeux, mais c’est une œuvre parfois suffisante qui n’est pas si riche en perspicacité ou en surprises. Le récit est un peu cousu de fil blanc, et certains twists sont clairement téléphonés.

De même, le twist principal survient bien trop tôt au sein du récit. On aurait aimé que Drew Hancock joue davantage avec la réalité, avec le vrai du faux, pour manipuler son audience. Dommage, au bout d’une vingtaine de minutes, les enjeux sont clairement posés, là où on aurait pu jouer subtilement avec les attentes, avec les révélations et ainsi emmener les spectateurs sur des chemins moins balisés.

On retrouve également quelques facilités scénaristiques, notamment dans l’utilisation de la technologie. Cette dernière est simplifiée au possible pour permettre à Drew Hancock de proposer quelques pirouettes scénaristiques un peu forcées, qui manquent donc parfois de crédibilités. Pour exemple, on peut citer l’utilisation du téléphone, qui permet d’accéder aux paramètres du robot. Des paramètres parfois un peu trop excentriques à l’image de cette jauge de violence. Un biais d’écriture un peu marrant mais surtout très paresseux.

Companion rappelle à bien des égards les productions Blumhouse. Un concept sympa, rigolo et irrévérencieux, une production à moindre coût, un ton malicieux, mais parfois un manque cruel d’ambition. On ne passe clairement pas un mauvais moment devant Companion, mais le film aura des difficultés à marquer durablement les esprits… 

Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News