« Balto » : l’histoire vraie du chien qui a inspiré le film d’animation

« Balto » : l'histoire vraie du chien qui a inspiré le film d'animation

Durant l’hiver 1924-1925, une terrible maladie ravage une petite ville d’Alaska. La population locale décide alors d’envoyer des chiens à la rescousse pour une expédition périlleuse. Attelé en tête de l’un des traîneaux, Balto. Cette anecdote inspira le scénario du film d’animation pour enfants.

« Pas un chien. Pas un loup. Tout ce qu’il sait, c’est ce qu’il n’est pas. Si seulement il pouvait voir qui il est vraiment. »

Cette pensée, murmurée à haute voix par le jars Boris, le meilleur ami de Balto, a peut-être marqué votre enfance. Un peu perdu, la démarche mal assurée, le chien-héros a entraîné toute une génération au rythme de ses pattes galopantes dans une ultime exploration, sans doute la plus laborieuse : celle du qui suis-je

Balto, chien-loup, héros des neiges est le premier volet d’une trilogie d’animation, sorti en 1995. Il suit les aventures de Balto, un chien-loup qui a bien du mal à trouver sa place dans une petite ville d’Alaska qui le rejette à cause de son héritage de loup. Jusqu’au jour où, affectée par une très grave épidémie, la ville est dans l’incapacité de faire venir les médicaments à cause d’un redoutable blizzard. Avec le soutien de Boris et des deux ours polaires Muk et Luk, Balto va alors tout donner pour faire ses preuves et sauver son village. 

Une maladie contagieuse

Certains points du scénario sont évidemment romancés et fictifs. Pourtant, l’histoire de Balto s’appuie bel et bien sur un fait historique qui a secoué la ville de Nome, en Alaska, en 1925. Le cauchemar réel commence à la veille de Noël 1924. Le docteur Curtis Welch, unique médecin du village, examine un enfant qui présente tous les symptômes d’une simple angine… Mais celui-ci meurt peu de temps plus tard. La situation escalade ensuite rapidement. Au 24 janvier 1925, vingt personnes sont atteintes du même trouble, et cinquante de plus sont soupçonnées de présenter des symptômes. La maladie en cause : la diphtérie.

Front Street, Nome, Alaska, le 17 juillet 1900. / © Wikimedia Commons - Cultea
Front Street, Nome, Alaska, le 17 juillet 1900. / © Wikimedia Commons

« La diphtérie typique est une infection respiratoire qui induit des atteintes du système nerveux central, de la gorge ou d’autres organes, entraînant la mort par asphyxie », indique le site de l’Institut Pasteur.

Cette épidémie très contagieuse contraint toute la ville à se confiner, alors qu’une pénurie de vaccin freine la possibilité de soigner les malades. En effet, les rations de médicaments accessibles se trouvent à près d’un millier de kilomètres de Nome. Entre le blizzard glaçant, les alentours impraticables et l’absence de lignes de chemin de fer, aucune solution ne semble s’imposer. C’est alors que Balto entre en jeu, avec ses camarades à quatre pattes.  

Des chiens au secours des habitants

Les autorités décident donc de faire le trajet en chiens de traîneau, avec un système de relais bien préparé entre les différents attelages. Au total, plus de 150 chiens furent mobilisés. Gunnar Kaasen fait partie des mushers – les « meneurs de chien », pilotes du traîneau tiré par les chiens – qui participent au périple avec ses huskies. À la tête de son traîneau : Balto. La route est rude, intense, avec des températures qui chutent parfois jusqu’à -50°. Mushers et chiens s’épuisent donc rapidement… Six d’entre eux auraient même perdu la vie.

Balto et son musher, Gunnar Kaasen. / © AP/SIPA - Cultea
Balto et son musher, Gunnar Kaasen. / © AP/SIPA

La cargaison arrive enfin à bon port le 2 février. Si Balto a bénéficie d’autant de popularité, c’est parce qu’il avait pris la tête du dernier relais. C’est en effet lui qui a ramené les premiers vaccins à Nome. Il y a presque cent ans, le 21 février 1925, la quarantaine imposée dans la petite ville était alors levée. La vie reprit peu à peu ses couleurs. La robustesse de Balto s’est illustrée parmi le troupeau. Pourtant, quelques détails méconnus se détachent de la réalité pour se confondre avec la fiction. 

Le « vrai » Balto

Pendant cette tortueuse « course au sérum » de 1925, il n’y a pas eu qu’un seul relais. En effet, après l’arrivée de l’attelage de Balto le 2 février, on organisa un autre trajet. Celui-ci réunissait près de vingt-et-un mushers et leurs chiens pour apporter rapidement une seconde livraison d’antidotes. Par ailleurs, si Balto symbolise parfaitement la figure d’un vrai héros à quatre pattes, c’est pourtant le chien de tête Togo, attaché à un autre traîneau, qui a parcouru la plus longue distance. L’histoire de Togo est d’ailleurs racontée dans le film du même nom, disponible sur la plateforme Disney+.

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Contrairement au film d’animation, le « vrai » Balto n’est pas un chien-loup, mais un husky de Sibérie. Né en 1919, il n’avait pas le profil adapté pour les courses. « Balto avait un corps qui était un peu carré… et un poitrail comme un tonneau. Cela donnait à ses pattes avant l’illusion d’être arquées […]. Bien sûr, cela le rendait aussi très fort », décrit le site de recherche Balto True Story. Longtemps écarté comme chien de tête potentiel, Balto a surtout (et presque uniquement) été affecté au travail dans les mines, pour la société Hammon Consolidated Gold Fields

Balto, connu comme le loup blanc

Pourtant, Balto et ses compagnons canins portent en eux un héritage phénoménal, principalement marqué en Alaska. Les relais effectués par les traîneaux en 1925 ont imprégné la mémoire nationale, au point où le mois de mars donne lieu à Nome à un événement sans équivalent : l’Iditarod. Ce trek annuel est une course de chiens de traîneau. À la fois spectaculaire, festive et commémorative, elle est longue d’un peu plus de mille kilomètres. La première édition a eu lieu en 1973.

Le musher Rick Swenson et ses chiens à la ligne d’arrivée de l'Iditarod, en 2010. / © James Brooks - Cultea
Le musher Rick Swenson et ses chiens à la ligne d’arrivée de l’Iditarod, en 2010. / © James Brooks

De manière plus individuelle, Balto a laissé une empreinte indélébile dans les consciences et la pop culture. Trois films librement inspirés de son histoire ont été réalisés. Par ailleurs, une statue érigée à son effigie se trouve aujourd’hui au nord du zoo de Central Park, à New York. On peut y lire l’inscription suivante :

« Cette statue est consacrée à l’esprit invincible des chiens de traîneau qui ont transmis par relais l’antitoxine sur 600 miles de glace rugueuse, à travers les eaux déloyales, par les tempêtes de neige arctique de Nenana au soulagement de Nome en détresse pendant l’hiver de 1925. »  

Après sa mort en 1933, Balto a été naturalisé. Il est aujourd’hui exposé au musée d’histoire naturelle de Cleveland.

 

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