Abdulaziz Almuzaini, le producteur américano Saoudien et créateur de la série Masameer Country, série à succès rachetée par Netflix et qui est connue pour aborder avec satire des sujets tabous en Arabie Saoudite, révèle dans une vidéo avoir été condamné par un tribunal gérant des affaires liées au terrorisme.
En effet, c’est en fin juin qu’une vidéo où le producteur Saoudien explique sa situation est publiée en ligne. Supprimée depuis, il expliquait qu’un tribunal antiterrorisme établi en 2008 l’a condamné à 13 ans de prison et 13 ans d’interdiction de sortir du territoire.
« On m’a infligé un peine de 13 ans, suivie d’une interdiction de voyager pendant 13 ans »
Vidéo d’Abdulaziz Almuzaini récupérée par l’AFP
Cette condamnation est liée à des tweets, datant parfois même d’il y a plus de 10 ans, qui « ridiculisaient les régimes arabes […] ou soutenaient les droits des femmes » comme l’affirme le Wall Street Journal. De plus dans la vidéo supprimée qui a été récupérée par L’AFP, Abdulaziz Almuzaini explique qu’il a été accusé de promouvoir l’homosexualité et le militantisme.
Pour rappel, la série satirique Masameer Country aborde des sujets tels que les conflits entre les tributs ou les groupes jihadistes et fait allusion à l’homosexualité, alors que celui-ci est condamné à mort dans le pays. L’Arabie Saoudite avait notamment fait partie des 14 pays où le film Buzz l’éclaire avait été interdit.
Image de la série Masameer Country d’Abdulaziz Almuzaini
D’après les informations, les autorités saoudiennes n’ont pas répondu au sollicitation de l’AFP et Abdulaziz Almuzaini n’a pas pu être joint.
L’ambassade des Etats-Unis à Riyad a affirmé qu’il était sur le dossier, le producteur ayant la double nationalité, saoudienne et américaine.
En attendant, l’entreprise Myrkott Animation Studio du producteur a dû être fermée sous la contrainte comme il l’explique dans cette fameuse vidéo supprimée.
« Les services de tous les employés de la société Myrkott ont été résiliés il y a une semaine. » « Ce sont des gens qui ont des familles, des gens qui travaillent avec nous depuis 2012. J’ai dû me lever et m’excuser et leur annoncer à tous la fin de Myrkott »
Vidéo d’Abdulaziz Almuzaini récupérée par l’AFP
Le créateur avait aussi lancé un appel au prince héritier Mohammed ben Salmane, qui avait mis en place plusieurs réformes sociales ces dernières années, espérant recevoir de l’aide de sa part afin d’être innocenté ou gracié.
L’Arabie Saoudite est accusée par les défenseurs des droits humains de ne pas respecter la liberté d’expression de mener un combat féroce contre la moindre critique en ligne en utilisant le prétexte du terrorisme pour condamner les auteurs à de très lourdes peines.
La condamnation du producteur Netflix témoigne du chemin inquiétant que prend l’Arabie Saoudite, réduisant les droits d’expression et les droits humains, même si toutefois Abdulaziz Almuzaini ne semble pas avoir été incarcéré.