« Blanche-Neige » : le remake n’est pas la catastrophe annoncée, mais des défauts subsistent… [Critique]

"Blanche-Neige" : le remake n'est pas une catastrophe, mais des défauts subsistent... [Critique]

S’il y a bien un film qui aura fait couler beaucoup (trop) d’encre avant même sa sortie, c’est le remake en live-action de Blanche-Neige et les sept nains. Entre les controverses racistes, l’absence annoncée de nains dans le film, ou encore les appels au boycott visant les actrices principales, le long-métrage partait clairement sur de mauvaises bases. Mais maintenant que le film est sorti, on peut enfin le juger en tant qu’objet cinématographique, et non pas au travers de polémiques plus ou moins justifiées. Alors ? Que vaut ce Blanche-Neige de 2025 ? Eh bien ce remake est loin d’être la catastrophe annoncée, malgré un certain manque de maîtrise… 

La polémique au détriment du cinéma ? 

Si notre plus cher désir est de simplement juger un film uniquement sur sa qualité, il est difficile de passer outre le bazar médiatique qu’aura été sa fabrication. Les polémiques ont commencé dès l’annonce de Rachel Zegler, une actrice latino-américaine, en tant que Blanche-Neige. Sans surprise, des remarques racistes vis-à-vis de l’actrice se sont multipliées depuis, accompagnées des sempiternelles chouineries sur le « wokisme ». À force, on commence à avoir l’habitude…

De surcroît, dans une volonté de ne pas renforcer les stéréotypes sur les nains, Disney a annoncé remplacer ceux-ci par des « créatures magiques ». Un changement critiqué à la fois par le public, mais également par des acteurs atteints de nanisme, comme Dylan Postl, ou Katrina Kemp, estimant que cela leur coûtait des opportunités de rôles. Finalement, décision fut prise de mettre de nains mais… En images de synthèse !

Enfin, les deux actrices principales, Rachel Zegler et Gal Gadot, ont exprimé leurs positions respectives sur le conflit israélo-palestinien (Rachel Zegler en faveur de la Palestine et Gal Gadot en faveur d’Israël). Des positions qui ont conduit à des appels au boycott aussi bien contre Zegler que contre Gadot.

Autant dire qu’avec un bordel pareil durant la production, il restait peu de place pour parler de cinéma… Or, sur Cultea c’est ce que nous souhaitons faire : parler cinéma, sans égard pour les nombreuses polémiques qui ont émaillé la fabrication du film. Non pas que ces sujets ne soient pas importants (au contraire, ils le sont), mais ils ne sont pas un paradigme adéquat pour juger de la qualité d’un film. Donc que vaut ce remake de Blanche Neige ?

Blanche-Neige : un film qui a du cœur 

Une chose frappe d’entrée de jeu dans ce remake, c’est à quel point les équipes semblent impliquées. Blanche-Neige se veut comme un remake ambitieux, porté par un casting investi, des décors détaillés et des passages musicaux grandioses. Un véritable effort est fait pour moderniser ce conte vieux de plusieurs siècles, tout en conservant la candeur du film d’animation sorti en 1937. Et à certains égards, cela marche.

Blanche-Neige s’étoffe pour s’offrir un caractère à la fois affirmé et empathique, sans pour autant perdre la pureté du personnage tel qu’on le connaît. Le film prend également soin de développer les relations interpersonnelles, mais aussi l’univers du film, rendant celui-ci bien plus palpable qu’auparavant. On apprécie d’ailleurs l’effort d’avoir développé une véritable relation entre Blanche-Neige et son « Prince Charmant », histoire de nous épargner un moment de malaise durant le fameux « baiser d’amour ».

Ce remake s’offre également quelques nouvelles chansons fort sympathiques, généralement très bien chorégraphiées. Mention spéciale à la chanson Waiting on a Wish, qui a servi à la promotion du film et qui est indéniablement une grande réussite. Il est d’ailleurs probable que cette chanson soit réutilisée par Disney dans ses parcs d’attraction et pour divers événements, tant celle-ci reflète l’esprit Disney.

Un manque de maîtrise global… 

Si Blanche-Neige a été mis en scène par des équipes impliquées, il souffre cependant d’un certain manque de maîtrise, venant rendre le tout assez confus. L’exemple le plus frappant est probablement l’aspect visuel du film.

Blanche-Neige est porté à la fois par des décors grandioses et par des effets spéciaux omniprésents. Pourtant, le film ne parvient ni à être vraiment réaliste, ni complètement féérique. Le long-métrage baigne ainsi dans un entre-deux un peu bâtard, qui n’a pas l’air de savoir où se positionner en termes de direction artistique. C’est à croire que les équipes du film ont tourné le film à l’aveugle, sans cohérence visuelle, puis que les équipes d’effets spéciaux ont fait ce qu’elles ont pu pour donner un semblant d’homogénéité à tout ça.

À cela s’ajoute une direction d’acteurs.trices assez aléatoire. Rachel Zegler nous offre une performance flamboyante dans les passages musicaux, qu’elle maîtrise à la perfection. Cependant, même si celle-ci tente de capter la candeur du personnage de Blanche-Neige, elle frôle régulièrement le surjeu. Et quand on parle de « surjeu », difficile de ne pas évoquer Gal Gadot… L’interprète de la Reine-sorcière oscille entre une classe grandiloquente et un ridicule affligeant, nous offrant donc une performance en demi-teinte. D’une façon générale, la totalité du casting frôle le surjeu, pour le meilleur comme pour le pire.

S’agissant de l’histoire, on ne peut que saluer l’effort qui a été fait, à la fois pour moderniser ce conte désuet, mais également pour étoffer l’univers du film. On aurait simplement apprécié que le film aille au bout de sa démarche pour nous offrir un univers aux contours clairs et nets. Pas besoin de développer le lore comme le fait Le Seigneur des Anneaux, mais définir de façon claire cet univers nous aurait permis d’être plus impliqués dans cette histoire. À certains égards, Blanche-Neige rappelle des productions comme Le Monde de Narnia et aurait bénéficié d’un soin équivalent, afin de rendre cet univers réaliste, sans pour autant se départir de la féérie.

Ce nouveau Blanche-Neige s’impose donc comme un film en demi-teinte. Un film qui a du cœur et qui fera office de bon divertissement familial. Toutefois, le manque de maîtrise global dans la narration, la réalisation et l’acting, font de ce remake une œuvre assez inégale, très en-deçà de son potentiel. Un problème que l’on retrouve dans beaucoup de remakes live-action de la compagnie aux grandes oreilles… Mais au moins, ce n’est pas la catastrophe annoncée et c’est déjà pas mal non ? 

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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