Kinds of Kindness est le nouveau film de Yórgos Lánthimos après Pauvres Créatures. Le réalisateur d’origine grecque nous offre une fable en triptyque (en trois chapitres), traitant des sujets aux mœurs dérangeantes mais actuelles. Donnant des tons autant humoristiques que dramatiques, les personnages jouent des rôles différents dans les trois chapitres du film.
Soif de pouvoir, de richesse ou encore le besoin viscéral d’appartenir à un groupe d’individus, Kinds of Kindness dépeint une réalité sombre avec caricature, mais non sans un certain recul sur l’être humain dans sa faiblesse. Le tout en trois récits, différents certes, mais complémentaires.
Humour noir et faiblesses mis à nu…
L’iconoclaste cinéaste grec, Yórgos Lánthimos a encore frappé. Emma Stone, Jesse Plemons ou encore Willem Dafoe jouent trois personnages différents, dans trois récits différents dans un même film. Trois chapitres avec une morale qui démontrent avec brio les problématiques ainsi que les faiblesses de l’humain en société. Loin du surréalisme merveilleux de Pauvres Créatures, le cinéaste dépeint ici une réalité plus rude et complexe, avec beaucoup de malice et de tendresse.
Se mettre sous les ordres d’un patron dont la moralité dépasse l’entendement, ou bien encore vouloir faire partie à tout prix d’une secte et vénérer ses gourous… Tout cela en mêlant une touche d’humour avec du drama. Le réalisateur parvient à garder le même fil rouge tout du long, en traitant le thème de la bizarrerie, tout en essayant de casser les codes et en dépeignant l’absurdité humaine.
L’art absurde de l’emprise humaine
Des sujets peu commodes et abordables sont évoqués et mis en avant dans le film. Emma Stone et Jesse Plemons sont les acteurs principaux de ces trois récits, qui peuvent paraître aussi farfelus les uns que les autres, mais qui pourtant démontre une réalité de notre société.
Les tentations et les faiblesses de l’être humain paraissent même un peu caricaturées et surjouées, mais malheureusement sont réelles. L’emprise est un des thèmes principaux de ces fables. La quête de la liberté et de contrôler sa vie est ici essentielles. Les personnages engoncés dans leurs propres chaînes doivent tenter de les briser, à leurs risques et périls. Une vision qui n’est pas sans rappeler de nombreuses situations difficiles de la vie réelle…
Une B.O significative
Alerte mini spoil pour ceux qui ne veulent absolument rien savoir, avant d’avoir vu le film, ne lisez pas ceci :
La chanson culte Sweet Dreams du groupe Eurythmics est répétée à quelques reprises pendant le film, et bien évidemment, ce n’est pas par hasard. Les paroles de ce duo britannique correspondent aux récits de Lánthimos et prennent tout son sens au fur et à mesure du film.
« Some of them want to use you,
some of them want to used by you,
some of them want to abuse you,
some of them want to be abused »
traduction : « Certains d’entre eux veulent t’utiliser, certains d’entre eux veulent être utilisés par toi, certains d’entre eux veulent abuser de toi, certains d’entre eux veulent être abusés. »
Une chanson choisie avec soin par le réalisateur dès le début du film, pour annoncer le message qu’il souhaite faire passer dans ce récit triptyque. Kinds of Kindness qui se traduit par « des sortes de gentillesse », ou comment mettre en avant des individus à la recherche du bonheur, du confort et de liberté, peu importe le prix à payer. Soumettre ou être soumis, voici comment Yórgos Lánthimos perçoit l’être humain à travers cette œuvre singulière.
Après avoir Pauvres Créatures, dans le registre du fantastique, Yórgos Lánthimos brille ici dans son rapport au réalisme, toujours avec sa touche de comédie noire. Un pari risqué puisque Kinds of Kindness traite des sujets difficiles et assez tabous. Le mélange de ces deux registres est pourtant assez bien dosés. Emma Stone reste fidèle à son talent, tout comme ses camarades, ce qui est assez remarquable puisqu’ils interprètent des personnages différents. Une nouvelle réussite pour le réalisateur, qui est définitivement un des grands noms à suivre du moment.
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